2 . 3  -  Céphalées récurrentes : migraine de l’enfant

2 . 3 . 1  -  Généralités


La migraine est la 1re cause de céphalées récurrentes de l’enfant.

Sa prévalence en pédiatrie se situe entre 3 et 10 %.

Le pronostic de la migraine chez l’enfant est habituellement très bon.

Le retentissement sur la vie quotidienne peut être important (absentéisme scolaire).

2 . 3 . 2  -  Diagnostic


Enquête clinique

Il existe fréquemment un contexte familial de migraine.

Des facteurs déclenchants peuvent être identifiés : stimulations sensorielles (chaleur, lumière ou bruit intense, odeurs fortes), stress (disputes, contrôle scolaire), efforts physiques, manque de sommeil, contexte de fièvre ou d’hypoglycémie.

La migraine de l’enfant se distingue de celle de l’adulte par :

  • des crises plus courtes : durée de 1 à 48 heures ;
  • une localisation antérieure et bilatérale des céphalées dans la majorité des cas ;
  • des troubles digestifs souvent prédominants et une pâleur inaugurale fréquente.

Les critères IHS-II (International Headache Society) de 2004 sont présentés dans le tableau 47.1.

Tableau 47.1 Critères IHS de migraine sans aura chez l’enfant
AAu moins 5 crises répondant aux critères B et D
BCrise d’une durée de 1 à 48 h
CCéphalée ayant au moins 2 des caractéristiques suivantes :
– localisation unilatérale mais pouvant être bilatérale frontotemporale
– caractère pulsatile
– intensité modérée ou sévère
– aggravation par l’activité physique de routine

DCéphalée s’accompagnant au moins de 1 des symptômes suivants :
– nausée et/ou vomissement
– photophobie et/ou phonophobie
EExclusion d’une maladie organique pouvant être la cause des céphalées
(par l’anamnèse, l’examen clinique et neurologique, et ± des examens complémentaires)

La crise est parfois précédée d’une aura. L’aura est un trouble neurologique focal réversible, de nature sensorielle (phosphènes, scotome scintillant) ou sensitivomotrice (paresthésies, engourdissement).

Parfois, l’aura accompagne la migraine ce qui rend le diagnostic difficile.

Les crises migraineuses peuvent revêtir des tableaux cliniques spécifiques chez le jeune enfant, à considérer comme des phénomènes périodiques : migraine abdominale, vomissements cycliques, vertige paroxystique, migraine confusionnelle, torticolis paroxystique.

La migraine hémiplégiante est une maladie génétique liée le plus souvent à des mutations sur des canaux calciques.

Enquête paraclinique

Le diagnostic de migraine est avant tout clinique.

La place de la neuro-imagerie lors d’une crise migraineuse est sensiblement identique à celle de l’adulte (signes neurologiques atypiques, crise inhabituelle). Ses indications sont toutefois élargies pour les enfants âgés de moins de 6 ans, chez lesquels l’interrogatoire est peu contributif.

Retenir les critères diagnostiques IHS de la migraine de l’enfant.

2 . 3 . 3  -  Principes de prise en charge thérapeutique


Traitement de la crise migraineuse

Le traitement médicamenteux doit être administré rapidement.

On propose avant tout la prise de 10 mg/kg d’ibuprofène (Advil®) per os (sans dépasser 25 à 50 mg/kg/j), de 15 mg/kg de paracétamol per os (sans dépasser 60 mg/kg/j), plus rarement par voie IV en cas de vomissements. Chez l’enfant de plus de 30 kg et l’adolescent, on peut avoir recours (en cas d’échec des antalgiques précédents) à un triptan en spray nasal ou en comprimé.

Il faut éviter de prendre des antalgiques plus de 3 fois par semaine pendant plusieurs mois pour éviter l’apparition de céphalées chroniques liées à l’abus de ces médicaments.

Les autres mesures ne doivent pas être négligées : repos au calme dans l’obscurité, éviction d’un éventuel facteur déclenchant.

Traitement de fond de la migraine

Les traitements non médicamenteux, à savoir les méthodes de relaxation et les thérapies cognitivo-comportementales ont une réelle efficacité chez l’enfant et doivent donc être proposées en 1re intention.

L’identification et l’éviction d’éventuels facteurs déclenchants sont essentielles.

Une éducation thérapeutique est nécessaire pour informer sur la maladie migraineuse, ses symptômes, les thérapeutiques disponibles avec leurs modalités d’administration.

Un traitement médicamenteux de fond est indiqué en 2e intention, lorsqu’il existe plus d’une crise invalidante par semaine malgré un traitement de la crise bien conduit, au cours d’une consultation spécialisée.

Peu d’études contrôlées ont évalué l’efficacité des différentes molécules. Certaines ont montré l’efficacité du propanolol (Avlocardyl®), de la fulnarizine (Sibélium®) et du pizotifène (Sanmigran®).

Traitement de la crise migraineuse : ibuprofène et paracétamol, repos au calme.

Traitement de fond de la migraine : méthodes de relaxation et thérapies cognitivo-comportementales, médicaments en 2e intention.

2 . 4  -  Céphalées prolongées (ou chroniques quotidiennes)


Elles sont définies par la permanence de céphalées pendant une durée ≥ 3 mois, avec un caractère plus ou moins continu.

Le diagnostic de céphalées projetées par troubles de la réfraction (hypermétropie) doit être évoqué en cas de localisation rétro-orbitaire avec une gêne oculaire majorée par la lecture prolongée.

Les céphalées de tension sont évocatrices par leur contexte.

Elles surviennent plus volontiers à l’adolescence, chez des enfants exposés à des conflits intrafamiliaux ou des difficultés scolaires. Une localisation occipitale, avec une sensation de striction le long des muscles du cou déclenchée par une position incorrecte de l’enfant à sa table de travail, est souvent observée.

Elles sont souvent isolées, sans troubles de l’appétit ni entrave de l’activité physique. Il n’y a jamais de nausées, mais il peut exister une photophobie ou une phonophobie.

Avis ophtalmologique utile en cas de céphalées prolongées.

4/5