Avant de commencer…

Les céphalées sont une plainte fréquente de l’enfant d’âge scolaire. Dans la majorité des cas, elles sont brèves et intermittentes, et n’ont aucun caractère de gravité.

Lorsqu’elles s’inscrivent dans un contexte d’urgence potentielle (début brutal, intensité inhabituelle, évolutivité rapide) ou qu’elles ont des spécificités sémiologiques, elles nécessitent une enquête diagnostique précise.

Le diagnostic étiologique est orienté selon quatre groupes :
- céphalées aiguës inhabituelles :
   -- fébriles : méningite aiguë (gravité), maladie virale ou infection ORL (fréquence),
   -- non fébriles : céphalées consécutives à un traumatisme crânien, intoxication au CO…
- céphalées d’installation progressive : tumeur cérébrale, HTIC idiopathique ;
- céphalées récurrentes : migraines (surtout) ;
- céphalées prolongées (ou chroniques) : causes ophtalmologiques, céphalées de tension.

Les urgences diagnostiques doivent être rapidement identifiées.

L’imagerie cérébrale doit être réalisée dans les rares cas où les céphalées s’accompagnent d’un tableau aigu évocateur d’HTIC ou de signes neurologiques durables.

1  -  Démarche diagnostique

1 . 1  -  Enquête clinique

1 . 1 . 1  -  Identifier une céphalée


Une céphalée est un symptôme subjectif défini par l’enfant en âge de l’exprimer comme des douleurs locales perçues au niveau de la boîte crânienne.

Chez le nourrisson et le petit enfant, le tableau clinique est atypique. Des signes inhabituels doivent attirer l’attention : accès d’agitation, tête roulée en tous les sens dans le berceau avec cris stridents, hostilité, mobilisation algique de la tête, ou au contraire attitude prostrée antalgique.

Chez l’enfant plus âgé, elles sont habituellement décrites comme des plaintes douloureuses centrées sur la région crânienne. L’analyse sémiologique peut être plus précise et permet d’évoquer le plus souvent la cause.

1 . 1 . 2  -  Préciser les données sémiologiques


Anamnèse

  • Antécédents familiaux :
    • migraine ;
    • malformation vasculaire, tumeur cérébrale.
  • Antécédents personnels :
    • âge et sexe de l’enfant ;
    • croissance staturo-pondérale, qualité du sommeil ;
    • décrochage scolaire, activités extrascolaires ;
    • pathologies aiguës ou chroniques connues (diabète sous insuline), crises migraineuses antérieures, troubles ophtalmologiques.
  • Caractéristiques des céphalées :
    • mode de début : brutal ou progressif, aura ;
    • localisation : caractère unilatéral ou bilatéral, topographie crânienne, irradiations ;
    • horaire : soir, nuit, matin au réveil, absence d’horaire particulier ;
    • durée : quelques minutes, quelques heures, quelques jours ;
    • type : striction, pulsatilité, brûlures ;
    • intensité : caractère lancinant, paroxystique, insomniant, majoré par la lumière ;
    • évolution : caractère permanent, fluctuant dans la journée, survenant par accès ;
    • évaluation du niveau douloureux et appréciation de la réponse aux antalgiques reçus.
  • Contexte de survenue :
    • syndrome infectieux, contage (infection, intoxication) ;
    • traumatisme crânien récent (heures ou jours immédiats) ou plus ancien ;
    • facteur déclenchant récurrent identifié : effort, stress…
    • conflit familial/scolaire, situation à risque de maltraitance, dépression ;
    • traitements en cours, prise de toxiques.
  • Signes associés :
    • fièvre, myalgies, obstruction nasale ;
    • asthénie, pâleur, vomissements, nausées, douleurs abdominales ;
    • signes visuels, signes neurologiques, cervicalgies ou torticolis.

Aura, traumatisme crânien récent, contage (entourage).

Examen physique

  • Constantes et état général :
    • température (fièvre ?), état hémodynamique, pression artérielle (HTA) ;
    • coloration, état d’hydratation.
  • Examen neurologique :
    • fontanelle (bombement ?), périmètre crânien (augmentation ?) ;
    • raideur méningée, signes d’HTIC (± fond d’œil) ;
    • examen photomoteur (anisocorie ?), paires crâniennes ;
    • signes de localisation neurologique, syndrome cérebelleux.
  • Reste de l’examen :
    • ORL : douleurs à la palpation des sinus, adénopathies cervicales ;
    • recherche d’un toxisyndrome.

Fièvre, HTIC, raideur méningée, signes de localisation, examen ORL.

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