Cinq espèces de Trichinella de caractéristiques épidémiologiques (répartition géographique et hôtes) différentes sont actuellement connues. Trichinella spiralis (cosmopolite, liée au porc) et T. britovi (européenne, liée aux carnivores sauvages) sont les espèces le plus souvent mises en cause. T. nativa est une espèce arctique (ours, morse), plus rare.
Le cycle évolutif de T. spiralis est résumé dans le schéma suivant :
Le cycle s’effectue chez tous les carnivores et omnivores sauvages ou domestiques ; il est auto-hétéroxène : le même animal est d’abord « hôte définitif » (porte le parasite adulte) puis « hôte intermédiaire » (parasite à l’état larvaire). C’est par carnivorisme (absorption de muscles contenant les larves infestantes) que l’animal ou l’homme se contamine (impasse parasitaire habituellement chez ce dernier). Le parasite n’a aucune vie en dehors des hôtes parasités. En milieu tempéré, ce sont les rongeurs sauvages, les sangliers qui assurent la diffusion de cette parasitose, mais aussi le cheval (infesté par des cadavres de rongeurs présents dans son alimentation) ; dans les régions froides (grand Nord canadien), ce sont les ours blancs, les morses et autres mammifères marins. En milieu tropical, le cycle fait intervenir les phacochères, les lions, les hyènes, les chacals. La chair putréfiée peut demeurer contaminante pendant 2 à 3 mois.
Les larves sont libérées dans l’intestin et se transforment en adulte en 24 à 36 heures (stades 1 à 3 du cycle parasitaire). Les femelles, vivipares, émettent des embryons dans la paroi de l’intestin grêle, voire dans le mésentère. Ceux-ci gagnent par voie lymphatique puis sanguine le cœur gauche et la grande circulation (stade 4). Elles pénètrent dans les muscles striés dont elles transforment en une vingtaine de jours les fibres musculaires en cellules nourricières (stade 5 du cycle). Les larves ainsi enkystées peuvent survivre plusieurs mois puis se calcifient.
La résistance variable au froid et à la chaleur selon les espèces de Trichinella favorise la répartition cosmopolite de la trichinellose animale. Les habitudes et les interdits alimentaires expliquent la répartition de la trichinellose humaine (prédominance en Europe centrale, dans le continent américain et dans le grand Nord). Des cas groupés sont observés sporadiquement en France métropolitaine.
Les trichines adultes sont retrouvées dans l’intestin 24 à 36 heures après l’ingestion de viande contaminée contenant des larves enkystées.
Les femelles, vivipares, pondent des embryons dans la paroi de l’intestin grêle, voire dans le mésentère (stade 3 du cycle parasitaire).
Les adultes possèdent un œsophage, tubulaire qui s’étend sur la moitié du corps. Il est entouré d’un rang de cellules empilées, les stichocytes qui sont caractéristiques de cette famille. Leur corps d’un diamètre uniforme est plus épais à la partie postérieure. Les mâles mesurent de 1,4 mm de long et 40 µm de diamètre, les femelles de 3 à 4 mm de long et 60 µm de large. Chez celles-ci, des œufs, sphériques, sans véritable coque, d’un diamètre de 30 à 40 µm peuvent être vus dans l’utérus. Des embryons s’y développent.
Les jeunes larves sont longues de longues de 100 à 160 µm. Les formes enkystées mesurent 1 mm de long.
Les kystes ainsi obtenus permettent une survie de plusieurs années des larves de Trichinella qui atteignent 1 mm de long.
La résistance à la congélation et à la chaleur des larves enkystées varie selon l’espèce en cause.
La fibre musculaire subit des modifications selon un ordre précis, qui résultent de l’interaction entre le parasite et la cellule hôte. Des protéines spécifiques sont synthétisées par le parasite et par la cellule musculaire dont le métabolisme est détourné en faveur de la larve.
On constate une disparition des myofilaments, un important épaississement de sarcolemme et une augmentation des tubules transverses. La larve L1 est enroulée sur elle-même dans une cavité ovoïde circonscrite par une paroi composée de fibres de collagène (Figure 2).
La contamination se fait par carnivorisme ou cannibalisme à partir de muscles contenant des larves contaminantes. La chair putréfiée peut demeurer contaminante pendant 2 à 3 mois. Selon les pays et les espèces rencontrées, de très nombreux animaux peuvent ainsi être infectés (Ours polaire, renard, sanglier, cheval, phacochère…).
En Europe, le porc, le sanglier mais aussi le cheval sont à l’origine de la contamination humaine qui est favorisée par la consommation de viande crue ou peu cuite. Le fumage de la viande, une ébullition modérée, un rôtissage superficiel, ou encore l’action de la saumure ne tuent pas les larves.
La résistance variable au froid et à la chaleur selon les espèces de Trichinella favorise la répartition cosmopolite de la trichinellose animale. Les habitudes et les interdits alimentaires expliquent la répartition de la trichinellose humaine (prédominance en Europe centrale, dans le continent américain et dans le grand Nord).