4 . 2  -  Diarrhée des antibiotiques

Plus de 10 % des sujets recevant des antibiotiques ont une modification du transit intestinal. Le plus souvent, il s’agit d’une diarrhée bénigne, apparaissant 3 à 5 jours après le début du traitement, transitoire, vite régressive à l’arrêt de l’antibiothérapie, et ne s’accompagnant pas de fièvre. Cette diarrhée, qui ne nécessite la mise en Ĺ“uvre d’aucun examen complémentaire, serait due à des modifications métaboliques digestives, dont une diminution de la capacité de fermentation de la flore bactérienne du côlon (dysbiose). Plus rarement (10 % des cas de diarrhée des antibiotiques en dehors d’un contexte nosocomial), la diarrhée est due à l’émergence d’un germe pathogène, tout particulièrement Clostridium difficile et, moins souvent, Klebsiella oxytoca (diarrhée hémorragique).

Les examens à demander en cas de diarrhée des antibiotiques sont résumés dans le tableau 15.II.

Tableau 15.II. Examens complémentaires potentiellement nécessaires dans l’exploration d’une diarrhée des antibiotiques

La colite pseudomembraneuse est la forme la plus sévère d’infection liée à Clostridium difficile : elle se manifeste en général par une diarrhée abondante s’accompagnant de fièvre et retentissant sur l’état général ; son diagnostic repose sur la mise en évidence des toxines A et B du germe et/ou du germe /dans les selles et/ou sur la mise en évidence de pseudomembranes (mottes surélevées jaunâtres, faites en microscopie de fibrine, de leucocytes, de débris tissulaires et de mucus) lors d’une endoscopie recto-colique (fig. 15.2 ).

La colite hémorragique à Klebsiella oxytoca survient brutalement dans les premiers jours d’un traitement par bêta-lactamines ou pristinamycine. Si une coloscopie est réalisée, elle met en évidence des lésions segmentaires muqueuses hémorragiques, avec note ischémique en histologie.

Enfin une diarrhée ou une colite sous antibiotiques peut être liée à un autre pathogène intestinal de rencontre (Salmonella, etc.), le désordre écologique de la flore intestinale induit par l’antibiothérapie diminuant la dose infestante des agents pathogènes intestinaux.

(1) Étiologie et pathogenèse des diarrhées post-antibiotiques.

C. Diarrhée aiguë nosocomiale

Une diarrhée aiguë est dite nosocomiale lorsqu’elle survient plus de trois jours après l’admission du patient en milieu hospitalier. Les facteurs de risque principaux sont l’antibiothérapie, l’âge, la présence d’un voisin de chambre et la durée du séjour. L’agent infectieux le plus souvent en cause est Clostridium difficile, qu’il convient toujours de chercher (ainsi que ses toxines), en plus d’une coproculture standard et d’un examen parasitologique des selles, en cas de diarrhée nosocomiale. Puis viennent les salmonelles, les virus, certains parasites (Giardia intestinalis), tous potentiellement responsables de cas sporadiques ou de d’infections collectives, véhiculées par l’alimentation (TIAC), de malade à malade, ou par les mains du personnel et/ou l’environnement souillé (surfaces, poignées de portes, combinés de téléphone).

À l’échelle d’un établissement, la lutte contre les diarrhées aiguës nosocomiales repose sur le respect permanent des mesures universelles préventives d’hygiène (notamment le lavage des mains), la veille permanente des infections intestinales mises en évidence dans l’établissement (comités ou unités de lutte  contre les infections nosocomiales), sur le déclenchement d’enquêtes microbiologiques explicatives et, le cas échéant, sur des mesures d’intervention, en particulier d’hygiène, parfois spécifiques (cas de Clostridium difficile).

(2) Diarrhée nosocomiale et diarrhée à Clostridium. 

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