3  -  Quels sont les principaux tableaux cliniques de douleurs pelviennes chroniques non cycliques ?

Quoi de plus banal, en consultation gynécologique, qu'une femme venant se plaindre de « douleurs des ovaires » ? La démarche diagnostique, souvent longue, s'appuiera sur un interrogatoire précis, sur l'examen clinique complet et, à la demande, sur des examens complémentaires dont le terme ultime est la cœlioscopie. Il importe en premier lieu d'éliminer les causes extragénitales.

3 . 1  -  Les douleurs extragénitales

Projetées au niveau du pelvis, elles peuvent avoir une origine digestive, urinaire ou rhumatologique.

1. Les douleurs d'origine digestive :
Il peut s'agir d'une colite segmentaire, ou d'une colite diffuse chronique où la douleur suit le cadre colique et s'accompagne de troubles du transit. Ailleurs, la douleur peut être rapportée à une anomalie anorectale (hémorroïdes, fissure anale, fistule méconnue). De telles maladies seront confiées au gastroentérologue.

2. Les douleurs d'origine urinaire : L'infection urinaire et la colique néphrétique sont responsables de symptômes douloureux aisément rapportés à leur cause. Beaucoup plus difficile est le diagnostic de certaines cystites vraies, bactériennes ou parasitaires, imposant un bilan urologique précis.

La « cystalgieDéfinitionDouleur de la vessie d'origine nerveuse. à urines claires » est très particulière et s'observe chez la femme jeune ou plus souvent en période ménopausique. Elle se manifeste par des cystalgies associées à une pollakiurie avec des urines stériles. Le traitement hormonal local et la psychothérapie en viennent, en règle, à bout.

3. Les douleurs d'origine rhumatologique : Elles ont pour origine les parois ostéoarticulaires du bassin et parfois le rachis lombaire. Le diagnostic de l'origine rhumatologique de ces syndromes douloureux est parfois orienté par l'existence de névralgies sciatiques, voire plus rarement de névralgies obturatrices, honteuses internes ou crurales.

3 . 2  -  Les douleurs d'origine génitale

Dans le cadre de ces douleurs chroniques (qui exclut les pelvipéritoniteDéfinitionInfection des organes reproducteurs féminins (utérus, trompes de Fallope, ovaires), qui peut se propager à travers les tubes, dans le bassin autour de l'utérus, de la vessie et le gros intestin. L'infection provoque une inflammation. L'infection est plus fréquente chez les jeunes femmes, celles qui ont un nouveau partenaire, et ceux qui n'utilisent pas de préservatifs. Occasionnellement, l'infection de l'utérus (endométrite) et les trompes de Fallope (salpingite) arrive seule, mais si l'utérus est infecté, les tubes sont susceptibles d'être infectés, et vice-versa.s, les salpingites aiguës et la grossesse extra-utérine…), on doit distinguer les douleurs avec lésions organiques, et celles où l'enquête minutieuse ne retrouve aucun support anatomique et où la douleur pelvienne est dite « essentielle ».

3 . 2 . 1  -  Les douleurs avec lésion organique

Nombre de ces lésions organiques ne peuvent être décelées que par des examens complémentaires, voire une exploration cœlioscopique.

  • L'endométriose pelvienne :
    • Elle est responsable, on l'a vu, de douleurs rythmées par le cycle à type d'algoménorrhée. En fait, la douleur pelvienne est souvent banale, sans chronologie précise, ressemblant à celle que l'on voit dans les infections génitales chroniques,
    • Seul le bilan cœlioscopique de cette douleur permet de distinguer avec certitude endométriose et infection.
  • Les dystrophies ovariennes polykystiques :
    • Elles sont secondaires à une cause locale inflammatoire, vasculaire ou infectieuse,
    • Contrairement au syndrome des ovaires polykystiques (de type I ou II), ces dystrophies s'accompagnent de douleurs très variables. Il peut s'agir d'algoménorrhées secondaires, d'un syndrome prémenstruel ; une dyspareunie est possible,
    • Le diagnostic est difficile, la cœlioscopie n'est pas d'un grand intérêt, sauf pour identifier la lésion à l'origine du syndrome ; l'hyperandrogénieDéfinitionExcès d'hormones mâles (androgènes) chez la femme, provoquant une virilisation. est inconstante,
    • L'échographie permet d'orienter le diagnostic,
    • Le traitement repose sur la mise au repos de l'ovaire par les œstroprogestatifs, très efficaces sur la douleur ; le traitement sera poursuivi pendant un an au moins.
  • Enfin, les formes évoluées de cancer du col utérin ou du corps utérin :
    • Le diagnostic ne présente malheureusement pas de difficultés ; l'utérus est fixé, saignant au TV ; le diagnostic repose sur la biopsie. Le traitement est palliatif le plus souvent.

3 . 2 . 2  -  Les douleurs sans lésions organiques dites essentielles

Dans un cas sur cinq, la douleur ne comporte aucun substratum anatomique macroscopique ou microscopique. On se trouve en présence de douleurs psychogènes relevant de la médecine gynécologique psychosomatique. Le profil psychologique de ces patientes est bien particulier :

  • Comportement souvent hystérique,
  • Existence de conflits conjugaux,
  • Existence de problèmes sexuels aggravés par les traumatismes de la vie affective (divorce, abandon) et de la vie génitale (accouchement, avortement). La douleur ne vient que solliciter l'attention affective de l'entourage.


Après vérification du caractère psychogène des douleurs, ces femmes seront confiées à un psychothérapeute avec un succès quasi-constant.

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