C’est une pathologie grave dont le traitement ne souffre aucun retard.
Il faut donc traiter de façon urgente, même sans certitude diagnostique.
Les dosages hormonaux pourront être réalisés secondairement.
A. Quand l’évoquer ?
1. Clinique
Le tableau clinique est souvent d’emblée très aigu :
On peut être orienté par une insuffisance surrénale connue préexistante, une mélanodermie ou une anamnèse évocatrice d’insuffisance surrénale lente : asthénie, anorexie et amaigrissement d’aggravation progressive.
2. Biologiquement
Le tableau biologique est le suivant (* : spécifiques de l’insuffisance surrénale primitive) :
B. Comment la confirmer ?
1. Diagnostic positif
La cortisolémie reviendra effondrée, ce qui est d’autant plus anormal qu’elle devrait être stimulée chez ce patient en état de stress.
L’ACTH sera très élevée dans l’insuffisance surrénale primitive, normale ou basse dans l’insuffisance corticotrope.
À distance, on complétera les explorations par un test au SynacthèneÒet par une mesure de la rénine et de l’aldostérone.
En aucun cas on attendra les résultats pour débuter le traitement.
2. Diagnostic étiologique
On recherchera la cause de l’insuffisance surrénale, si elle n’est pas déjà connue, ainsi qu’un facteur de décompensation qui peut nécessiter un traitement spécifique.
C. Causes
La cause de très loin la plus fréquente est une insuffisance surrénale chronique (connue ou non) (cf. supra), décompensée spontanément ou à l’occasion d’une pathologie intercurrente.
L’insuffisance surrénale aiguë peut survenir d’emblée en cas de bloc enzymatique surrénalien complet (dans la période néonatale), ou en cas d’hémorragie bilatérale des surrénales.
La cause de la décompensation peut être n’importe quelle pathologie intercurrente (infections en particulier, infarctus du myocarde, intervention chirurgicale, anesthésie, acte diagnostique invasif, etc.).
En cas d’insuffisance surrénale lente connue, toutes ces situations doivent s’accompagner d’une augmentation du traitement hormonal substitutif.
D. Prise en charge
C’est une urgence extrême. Le traitement est débuté dès que le diagnostic est évoqué, si possible après avoir prélevé un tube de sang pour le dosage du cortisol (si le diagnostic n’était pas connu).
1. Au domicile du patient
Administration de 100 mg d’hydrocortisone IM ou IV (un patient dont l’insuffisance surrénale est connue doit disposer chez lui de plusieurs ampoules gardées à 4 °C).
Transport médicalisé en milieu hospitalier.
2. À l’hôpital
Transfert en urgence en réanimation.
Mesures non spécifiques en cas de coma (cf. chapitre correspondant).
La rééquilibration hydroélectrolytique est la suivante :
L’hormonothérapie substitutive est la suivante :
Les minéralocorticoïdes ne sont pas nécessaires à la phase aiguë car le cortisol a un effet minéralocorticoïde suffisant aux doses employées pendant les 24 premières heures, et le rétablissement du stock sodé se fait par apport de sérum physiologique. Rapidement, on ajoutera de la 9-alpha-fludrocortisone (Florinef®) per os, 100 à 150 mg/24 h.
En parallèle, on recherchera le facteur déclenchant.
La surveillance concerne les points suivants :
3. Traitement préventif
Il consiste à éduquer le patient à augmenter lui-même ses doses en cas de facteurs de décompensation potentiels.
Il consiste également à informer le médecin traitant pour qu’il sache vérifier que les doses sont augmentées en cas de pathologie intercurrente, et à reconnaître une insuffisance surrénale aiguë et en débuter le traitement à domicile avant d’adresser le patient à l’hôpital.
Le médecin urgentiste ou l’anesthésiste recevant un patient insuffisant surrénalien victime d’un accident de la voie publique (AVP), d’un infarctus, d’une pneumonie, ou dans un contexte d’urgence chirurgicale doit connaître le risque d’insuffisance surrénale aiguë et savoir le prévenir. Lorsque la prise orale du traitement est impossible, l’hydrocortisone peut être administrée en IM ou IV à raison de 50 mg/6 h, ou 200 mg en IV continue sur 24 h à la SAP.
En cas de chirurgie, on peut proposer 50 à 100 mg initialement en fonction du type de chirurgie, puis 50 à 100 mg/6 h en IM ou IV, en fonction de la lourdeur de l’acte. Puis, proposer un retour progressif aux doses habituelles en diminuant par exemple la posologie de moitié chaque jour.