L’insuffisance surrénale est une pathologie classiquement rare (1/10 000 habitants), mais potentiellement grave en raison du risque d’insuffisance surrénale aiguë qui peut survenir à tout moment. Cette complication est létale en l’absence d’un traitement rapide et adapté.
L’insuffisance surrénale lente est une pathologie chronique, probablement sous-diagnostiquée, en particulier pour les formes secondaires à une corticothérapie prolongée. Sa prise en charge permet d’assurer au patient une qualité de vie satisfaisante et de le mettre à l’abri d’une décompensation aiguë.
Les signes cliniques et biologiques de l’insuffisance surrénale s’expliquent par le rôle des différentes hormones normalement produites par le cortex surrénalien :
La sécrétion de cortisol suit un rythme nycthéméral avec un nadir (minimum) entre 0 h et 2 h, et un pic entre 7 et 9 h.
On distingue parmi les insuffisances surrénales lentes :
Il faut bien différencier l’insuffisance surrénale liée à une pathologie des glandes surrénales elles-mêmes (c’est-à-dire l’insuffisance surrénale primaire, ou périphérique, ou la maladie d’Addison), de l’insuffisance corticotrope liée à un manque d’ACTH.
Le tableau 18.I résume les différences entre ces deux pathologies.
L’enquête étiologique sera différente ainsi que le traitement.
1. Insuffisance surrénale primaire (maladie d’Addison)
Le tableau peu spécifique et le début insidieux rendent le diagnostic difficile. Seule la mélanodermie est évocatrice mais elle peut être difficile à apprécier. Parmi les manifestations, on peut trouver :
Parmi les manifestations plus inconstantes, on trouve :
L’hypoglycémie de jeûne est rarement symptomatique, sauf au cours de l’insuffisance surrénale aiguë.
2. Signes biologiques
Le ionogramme peut être normal. Il peut aussi montrer une tendance à l’hyponatrémie et à l’hyperkaliémie qui doivent faire évoquer le diagnostic, ainsi qu’une fuite sodée (natriurèse augmentée).
L’hypoglycémie est rare, sauf lors des poussées.
L’hémogramme peut montrer une anémie modérée, normochrome, normocytaire, une leucopénie et une hyperéosinophilie.
3. Particularités de l’insuffisance surrénale haute (corticotrope)
Il n’y a pas de perte de sel car la sécrétion d’aldostérone est préservée et l’ACTH est basse.
Les signes cliniques sont souvent moins marqués, en particulier la baisse tensionnelle et les troubles digestifs. L’asthénie peut être la seule manifestation clinique. L’état de choc est rare (mais grave).
La mélanodermie est remplacée par une pâleur +++.
Il peut s’y associer, en fonction de l’étiologie, des signes témoignant du déficit des autres hormones hypophysaires, un syndrome tumoral avec des signes de compression chiasmatique et des céphalées (cf. chapitre 12 : « Adénome hypophysaire »).
On peut observer une hyponatrémie (de dilution) mais pas d’hyperkaliémie.
L’hypoglycémie est plus fréquente en cas d’insuffisance antéhypophysaire globale.
Insuffisance surrénale primaire | Insuffisance surrénale haute (corticotrope) | |
Fatigue, dépression, anorexie, perte de poids, hypotension, hypotension orthostatique | ||
Peau et muqueuses | Hyperpigmentation | Pâleur, même sans anémie |
Troubles ioniques | Hyperkaliémie Hyponatrémie par perte de sel | Kaliémie normale Hyponatrémie de dilution |
Maladies ou symptômes associés | Pathologie auto-immune associée (hypothyroïdie, vitiligo, etc.) Tuberculose | Autres manifestations d’insuffisance hypophysaire : hypogonadisme, hypothyroïdie centrale, diabète insipide, etc. Céphalées, troubles visuels |