a. Causes d’insuffisance surrénale basse (maladie d’Addison)
Origine auto-immune : rétraction corticale
L’origine auto-immune concerne environ 80 % des cas, c’est donc de loin la cause la plus fréquente.
Elle est plus fréquente chez la femme que chez l’homme (sex-ratio de 3/1).
On retrouve fréquemment des antécédents familiaux de maladies auto-immunes.
La maladie d’Addison peut être isolée ou associée à d’autres maladies auto-immunes :
Deux syndromes ont été bien caractérisés (voir p. 358, tableau 17.II) :
Des examens complémentaires peuvent être proposés :
Tuberculose bilatérale des surrénales
Elle concerne environ 20 % des cas de maladie d’Addison en France.
Elle est due à une localisation du BK (bacille de Koch) dans les surrénales suite à une dissémination hématogène. Elle ne devient habituellement parlante que plusieurs années après la première localisation de la tuberculose.
Le terrain est le suivant : il s’agit souvent de sujets transplantés (provenant de pays dans lesquels la tuberculose est endémique) ou immunodéprimés, avec antécédents de tuberculose et/ou autre atteinte symptomatique de la maladie.
Des examens complémentaires peuvent être proposés :
Au cours de l’infection par le VIH
Elle survient habituellement à un stade avancé de la maladie.
Les mécanismes sont multiples :
Il faut faire attention en cas de dénutrition avec une hypoprotidémie importante car le dosage du cortisol plasmatique qui mesure le cortisol total (c’est-à-dire le cortisol lié à la CBG plus le cortisol libre, biologiquement actif) peut faire sous-estimer la fonction surrénalienne. Le diagnostic d’insuffisance surrénale dans ce contexte devra être confirmé par une évaluation du cortisol libre et nécessite un avis spécialisé.
Chez l’enfant
L’insuffisance surrénale est rare et les causes génétiques sont de loin les plus fréquentes.
Adrénoleucodystrophie
Maladie récessive liée à l’X, elle entraîne une accumulation d’acides gras à très longue chaîne, par mutation d’un gène codant pour un transporteur de ces molécules dans le peroxysome. Elle touche les garçons, dans l’enfance ou au début de l’âge adulte. La forme de l’adulte (adrénomyéloneuropathie) constitue à l’heure actuelle la troisième cause en fréquence d’insuffisance surrénale primitive. L’adrénoleucodystrophie associe une insuffisance surrénale à des troubles neurologiques d’aggravation progressive mais d’intensité et de date d’apparition variables. L’insuffisance surrénale peut au début apparaître isolée.
Bloc enzymatique (hyperplasie congénitale des surrénales)
Il s’agit de maladies autosomiques récessives liées à une mutation d’un gène codant pour une enzyme de la stéroïdogenèse. Le gène le plus souvent en cause est celui codant pour la 21-hydroxylase. Le cortisol et l’aldostérone ne sont pas synthétisés normalement, d’où l’insuffisance surrénale. Les précurseurs s’accumulent en amont du bloc et sont déviés vers la voie des androgènes, d’où une ambiguïté sexuelle chez la petite fille. Dans les formes complètes, le diagnostic est établi dans la période néonatale sur une déshydratation avec perte de sel et troubles digestifs. Le diagnostic néonatal est en train d’être généralisé en France.
Il existe des formes partielles (l’enzyme mutée a gardé une partie de son activité), révélées plus tardivement devant un hirsutisme et d’autres signes d’hyperandrogénie chez la femme, l’insuffisance surrénale étant partielle.
De façon très rare, on observe : une hypoplasie congénitale des surrénales (mutation de DAX1), une mutation inactivatrice du récepteur de l’ACTH, une hémorragie bilatérale des surrénales dans le cadre d’une méningite à méningocoque.
Autres causes surrénaliennes
Ces autres causes sont :
b. Causes d’insuffisance corticotrope (voir chapitre 12)
La cause de loin la plus fréquente est l’interruption d’une corticothérapie prolongée.
Il faut habituellement une dose supraphysiologique (plus de 30 mg d’équivalent hydrocortisone, soit plus de 7 mg de prednisone, par exemple) pendant 3 à 4 semaines (en fait, grande variabilité individuelle dans la sensibilité de l’axe aux corticoïdes).
Les antécédents de corticothérapie doivent être recherchés à l’interrogatoire en sachant que d’autres voies d’administration, autres que la voie orale, peuvent être en cause : corticothérapie percutanée, intramusculaire (formes retard +++), intra-articulaire, forme inhalée.
Au cours d’une corticothérapie, l’axe hypophysosurrénalien est constamment freiné. Une décompensation peut survenir en cas de pathologie intercurrente ou en cas de dose < 5 mg d’équivalent prednisone (correspondant à 20 mg d’hydrocortisone) (tableau 18.II).
1/2 vie plasmatique (min) | 1/2 vie biologique (h) | Activité glucocorticoïde* |
|
Hydrocortisone | 90 | 8-12 | 1 |
Prednisone | 200 | 18-36 | 4 |
Prednisolone | 200 | 18-36 | 4 |
Bétaméthasone | 300 | 36-54 | 40 |
Dexaméthasone | 300 | 36-54 | 40 |
Les autres causes sont :
Dans ces situations, le déficit corticotrope est rarement isolé. Il s’associe le plus souvent à une insuffisance d’autres axes hypothalamo-hypophysaires et/ou à des signes neurologiques (cf. chapitre 12 : « Adénome hypophysaire »).
Rappelons que le traitement doit avoir débuté sans attendre le résultat des dosages hormonaux. Il est du reste parfaitement possible de débuter le traitement et de faire dans un deuxième temps le test au Synacthène® ainsi que le dosage d’ACTH. Compte tenu de la durée de vie très courte de l’hydrocortisone, il suffit de faire les prélèvements avant la prise du matin.
La prise en charge comporte 4 volets :
1. Traitement substitutif
Il associe :
Dans l’insuffisance corticotrope, seule l’hydrocortisone est nécessaire +++.
En cas de déficit combiné, insuffisance surrénale associée à une hypothyroïdie (par association de deux pathologies auto-immunes, ou lors d’une insuffisance antéhypophysaire).
2. Traitement de la cause
S’il y a lieu (tuberculose, métastases, autre infection, sarcoïdose, etc.) (cf. items correspondants).
3. Éducation thérapeutique du patient
L’éducation du patient concerne les points suivants :
4. Surveillance
Elle est surtout clinique +++.
Pour adapter les doses, on se fonde sur la sensation ou non de fatigue (mais non spécifique), sur le poids, la TA (couché et debout). On recherche des signes de surdosage en hydrocortisone (gonflement et rougeur du visage, prise de poids, HTA, etc.) et en fludrocortisone (œdème des membres inférieurs, HTA, etc.), et de sous-dosage (hypotension orthostatique, fatigue, nausées, etc.).
On peut s’aider, pour adapter la dose de fludrocortisone, du dosage de la rénine, l’impression clinique étant toutefois prépondérante. En revanche, il est inutile de mesurer la cortisolémie ou l’ACTH pour adapter la dose d’hydrocortisone (les taux plasmatiques de cortisol seraient très bas avant la prise, reflétant la production endogène, et très hauts pendant quelques heures après la prise du comprimé ; l’ACTH ne se normaliserait qu’en cas de surdosage important).
Biologiquement, il faut vérifier la normalité du ionogramme.