5  -  Principes du traitement

5 . 1  -  Traitement étiologique

Le traitement étiologique est indispensable lors de toute prise en charge d’un ulcère.

Il peut permettre une amélioration significative des performances hémodynamiques et la limitation du risque de récidive (cf. « Traitement général »).

5 . 1 . 1  -  Ulcères veineux

5 . 1 . 1 . 1  -  Compression

La compression est toujours de mise , pour lutter contre l’œdème en limitant le reflux par un effet mécanique.

Une compression à haut niveau de pression est recommandée (30 à 40 mmHg à la cheville) si IPS entre 0,8 et 1,3. Il faut :

  • favoriser les compressions multicouches ;
  • obtenir une bonne observance ;
  • respecter les règles de bonne utilisation de la compression.

5 . 1 . 1 . 2  -  Chirurgie

Il est nécessaire d’opérer les insuffisances veineuses superficielles en l’absence d’obstruction et de reflux veineux profond axial total.

La sclérothérapie n’a pas fait l’objet d’études comparatives d’efficacité dans le traitement de l’ulcère veineux. Elle est principalement utilisée en complément de la chirurgie.

Il faut envisager les recours aux greffes en pastilles ou en filet si l’ulcère résiste aux traitements conventionnels depuis plus de 6 mois ou si l’ulcère est de grande taille > 10cm2.

5 . 1 . 1 . 3  -  Physiothérapie

La rééducation de la marche et la mobilisation de l’articulation tibio-tarsienne sont un complément thérapeutique nécessaire pour la vidange de la pompe veineuse du mollet et de la semelle veineuse plantaire.

5 . 1 . 1 . 4  -  Veinotoniques

5 . 1 . 1 . 5  -  Crénothérapie

Il s’agit d’un traitement d’appoint.

5 . 1 . 1 . 6  -  Insuffisance veineuse profonde

La compression est le traitement de première intention associé au traitement de l’insuffisance veineuse superficielle. Les indications d’intervention sur les voies veineuses profondes sont rares (2e intention, atteinte sus-inguinale, après avis spécialisé).

5 . 1 . 2  -  Ulcère mixte à prédominance veineuse

Il faut :

  • prendre en charge l’AOMI ;
  • adapter la compression, si elle est autorisée (IPS est < 0,8 ou > 1,3) en diminuant la pression sous 30mmHg et en utilisant des bandes à étirement court, sous surveillance médicale spécialisée.

5 . 1 . 3  -  Ulcère artériel

5 . 1 . 3 . 1  -  Traitement médical

Le traitement médical comprend les vasodilatateurs et les analogues de la prostacycline ; la prostacycline est indiquée en cas d’ischémie grave avec contre-indication chirurgicale.

5 . 1 . 3 . 2  -  Traitement chirurgical

Il s’agit des techniques de désobstruction, de pontage, de sympathectomie.

Les indications chirurgicales se posent en fonction des résultats des examens radiologiques.

5 . 2  -  Traitement général

  • Mettre à jour les vaccinations antitétaniques.
  • Traiter la douleur en fonction de la cause (traiter les complications locales, prescrire un topique anesthésique…), et prescrire si besoin des antalgiques selon la classification de l’OMS, en particulier avant les soins.
  • Hygiène de vie.
  • Traiter les facteurs de risques et/ou des comorbidités : arrêt du tabac, équilibre d’un diabète, lutte contre l’hyperlipidémie, traitement de l’HTA, perte de poids, antiagrégants si besoin, activité physique adaptée (kinésithérapie si nécessaire en particulier en cas d’ankylose des chevilles) en évitant les microtraumatismes.
  • Prise en compte du contexte social et gériatrique.

5 . 3  -  Traitement local de l’ulcère et de la peau périulcéreuse

Il comprend trois phases. À chaque phase, la réalisation des soins locaux et leur efficacité sont étroitement subordonnées à une bonne coopération entre le médecin et le personnel infirmier.

5 . 3 . 1  -  Phase de détersion

Cette phase débute par un nettoyage de l’ulcère par bains ou par toilettages ; l’utilisation systématique d’antiseptiques n’est pas indiquée en l’absence d’infection déclarée.

La détersion proprement dite a pour objectif d’enlever les débris cellulaires et croûteux à la surface de l’ulcère. Elle est avant tout mécanique, au bistouri, à la curette et aux ciseaux, éventuellement sous couvert d’une anesthésie locale, parfois même en cas de douleurs trop importantes sous anesthésie locorégionale.

Certains topiques peuvent être utilisés à ce stade : alginates et hydrogels, qui peuvent être laissés en place 48 à 72heures selon le suintement de la plaie et en l’absence d’infection patente.

5 . 3 . 2  -  Phase de bourgeonnement

Elle fait appel à l’utilisation de trois types de produits :

  • les pansements gras, en évitant les produits contenant des substances sensibilisantes (tel le baume du Pérou) ;
  • les hydrocolloïdes (Comfeel, Duoderm), hydrocellulaires et hydrofibres : peuvent être laissés en place jusqu’à sept jours et permettent, par leurs propriétés de membrane semi-perméable de favoriser le bourgeonnement en maintenant une humidité, un pH et un degré d’oxygénation optimaux ;
  • les alginates de calcium (qui ont en plus une activité hémostatique).

5 . 3 . 3  -  Phase de réépithélialisation

Elle fait appel aux mêmes types de produits que précédemment.Il peut être proposé des greffes en pastilles (Figure 5) ou en résille qui vont avoir un effet antalgique et raccourcissent la durée de cicatrisation. Elles sont indiquées dans les ulcères de grande taille ( > 10 cm2) et les ulcères rebelles ne cicatrisant pas au bout de 6 mois.

Figure 5 : Greffe en pastilles sur ulcère bien détergé et bourgeonnant

L’utilisation de substituts cutanés fait actuellement l’objet d’études, de même que l’utilisation de facteurs de croissance.

5 . 3 . 4  -  Traitement de la peau périulcéreuse

Les complications trophiques de l’insuffisance veineuse justifient systématiquement le port d’une compression veineuse.

Le traitement des complications périulcéreuses est : la suppression de l’allergène et l’application de dermocorticoïdes dans les eczémas de contact, la désinfection et l’antibiothérapie par voie générale dans l’érysipèle.

Pour certains, le traitement est une antibiothérapie par voie générale associée à un dermocorticoïde dans les dermo-épidermites, et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, en association à une contention dans les hypodermites inflammatoires.

Les hypodermites scléreuses sont plus difficiles à traiter.

Les lésions de dermite ocre ne régressent pas sous traitement. La contention peut éviter leur aggravation.

5 . 3 . 5  -  Prévention de la récidive et prévention de l’ulcère

5 . 3 . 5 . 1  -  Prévention de la récidive

Il s’agit de la chirurgie de l’IV superficielle si non faite et, dans tous les cas, port d’une contention de classe 3 idéalement, sinon de classe 2.

5 . 3 . 5 . 2  -  Prévention de l’ulcère

La prévention de l’ulcère est celle de la maladie post-phlébitique : traitement correct des thromboses, reconnaissance des sujets à risque et des situations à risque. C’est aussi le traitement des varices à un stade non compliqué.

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