3 . 1 . 2  -  Les douleurs thoraciques d’origine non cardio-vasculaire

3 . 1 . 2 . 1  -  Algies précordiales d’origine « nerveuse »

Elles sont extrêmement fréquentes et, bien entendu, inquiètent à tort les patients et, malheureusement aussi certains médecins.

Ces douleurs sont de localisation très variable d’un épisode à l’autre et d’un interrogatoire à l’autre : les plus fréquentes sont ponctiformes désignées par le sujet du bout d’un doigt, transfixiantes en coup d’aiguille ou de poignard ; d’autre, parfois chez le même sujet, sont plus largement étalées, de topographie latéro-thoracique gauche ou droite, avec ou sans irradiation au bras correspondant où la gène prend volontiers l’aspect d’un engourdissement ou d’un fourmillement. Le contexte neurotonique d’un sujet manifestement angoissé, le caractère flou et erratique de la douleur, l’absence de tout lien avec l’effort, l’ancienneté des douleurs qui se répètent depuis de nombreuses années sans qu’aucun événement coronaire ne soit venu compliquer cette histoire sont très évocateurs d’une origine nerveuse. La durée de ces douleurs est encore un argument pour écarter une origine cardiaque, soit qu’elles soient excessivement courtes, décrites comme durant une fraction de seconde, soient qu’elles soient excessivement prolongées, décrites comme durant plusieurs heures sans qu’il existe aucun argument clinique ou ECG pour un infarctus myocardique, ancien ou récent.

3 . 1 . 2 . 2  -  Douleurs cervico-brachiales et pariétales

Les douleurs cervico-brachiales, non influencées par la marche, mais déclenchées par un mouvement de la tête ou du bras, sont en rapport avec une pathologie vertébrale cervicale ou une périarthrite scapulo-humérale.

Les douleurs intercostales en hémi-ceinture, uni ou bilatérales, évoquent une pathologie vertébrale dorsale. Unilatérales, elles peuvent précéder l’apparition de l’éruption d’un zona.

Les douleurs parasternales, réveillées par la palpation d’une articulation chondro-costale, sont évocatrices d’un syndrome de Tietze*.

3 . 1 . 2 . 3  -  Douleurs pleuro-pulmonaires

Ce sont des douleurs pariétales, latéro-thoraciques, durables. Augmentées par des mouvements respiratoires profonds et atténuées par des mouvements respiratoires superficiels, elles sont souvent d’origine pleurales. Dans un contexte fébrile aigu, de toux et d’altération récente de l’état général, elles peuvent révéler une pneumopathie aiguë.

3 . 1 . 3  -  Les douleurs des membres inférieurs d’origine artérielle

3 . 1 . 3 . 1  -  Claudication intermittente douloureuse

C’est la manifestation clinique caractéristique de l’ischémie musculaire qui apparaît lorsque l’augmentation de la consommation musculaire en oxygène liée à l’accroissement du travail musculaire n’est plus compensée par une augmentation parallèle du débit des artères des masses musculaires correspondantes.

C’est une douleur, à type de crampe, qui apparaît à la marche et oblige le patient à ralentir ou à s’arrêter. La douleur disparaît alors en 2 à 3 minutes de repos, pour réapparaître à la reprise de la marche. La topographie de cette douleur dépend du niveau de l’obstacle artériel : muscles des jambes (mollet pour la plus typique) pour les obstacles fémoraux superficiels et sous-jacents ; cuisse pour les obstacles de l’artère fémorale profonde et commune ou de l’artère iliaque externe ; fesse pour les obstacles iliaques internes.

La douleur apparait en général pour la même distance de marche en terrain plat, à vitesse modérée : cette distance, exprimée en mètres, constitue le périmètre de marche qui mesure le seuil ischémique en rapport avec cette artérite. Les variations du périmètre de marche permettent de suivre l’évolution de cette artérite, l’aggravation se traduisant par une réduction progressive du périmètre de marche, l’amélioration par son allongement.

Le caractère douloureux de la claudication intermittente d’origine vasculaire et son lien avec l’effort permettent en général de la distinguer des douleurs d’origine rhumatologique et/ou neurologiques.

3 . 1 . 3 . 2  -  Douleurs ischémiques de repos

Chez un patient souffrant de claudication intermittente douloureuse avec un périmètre de marche modeste ou récemment raccourci, le même genre de douleur peut apparaître au repos, après 1 ou plusieurs heures en position allongée. Cette douleur oblige le patient à sortir la ou les jambes de la chaleur du lit. Elle ne cédera le plus souvent, après quelques minutes, qu’en position assise et les jambes pendantes au bord du lit. Cette douleur traduit en général une atteinte artérielle plus sévère que la claudication à la marche.

3 . 1 . 3 . 3  -  Douleur d’ischémie aiguë

C’est une douleur ayant les mêmes caractères que la douleur ischémique de repos, mais intolérable par son intensité et l’inefficacité de la position déclive du membre douloureux. Elle est exacerbée par le moindre contact, le poids du drap ou le toucher le plus léger sans la moindre pression. Le membre atteint est blanc, froid avec une hypoesthésie douloureuse au toucher. Le niveau supérieur des signes cutanés permet de repérer le siège de l’obstruction artérielle. La constatation d’une ischémie aiguë de membre est une urgence diagnostique et thérapeutique, du fait de la menace non seulement pour l ‘intégrité du membre mais aussi pour la vie du patient.

3 . 1 . 4  -  Les douleurs des membres inférieurs d’origine veineuse

3 . 1 . 4 . 1  -  « Jambes lourdes »

Il s’agit d’un syndrome très fréquent, le malade se plaignant de lourdeurs plus ou moins douloureuses des membres inférieurs, souvent fluctuant en fonction des saisons (plus important durant les grandes chaleurs), ou avec le cycle menstruel. Ce syndrome peut exister même en l’absence de signe physique d’insuffisance veineuse.

3 . 1 . 4 . 2  -  Douleur de phlébite, de thrombose veineuse aiguë

Cette pathologie peut de manière inconstante être révélée par des douleurs. Dans sa forme la plus typique atteignant une veine du mollet, cette douleur vive siège à ce niveau. Elle peut être reproduite par la palpation du mollet douloureux ou par la dorsiflexion du pied.

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