2  -  Introduction

2 . 1  -  Terminologie


Les termes « néphropathie glomérulaire » et « glomérulopathie » sont synonymes.

Le terme « glomérulonéphrite » doit être utilisé, en toute rigueur, lorsqu’il existe une inflammation glomérulaire. La terminologie francophone ne respecte pas strictement cette règle puisque l’on emploie notamment le terme « glomérulonéphrite extramembraneuse », bien que cette pathologie ne s’accompagne pas d’inflammation glomérulaire (le terme anglais de membranous glomerulopathy est ici plus adapté).

Les glomérulopathies se traduisent par différents syndromes glomérulaires (syndrome néphrotique, syndrome néphritique aigu, syndrome de glomérulonéphrite rapidement progressive, syndrome hématurique, syndrome de glomérulonéphrite chronique). Ces modes de présentation clinicobiologiques sont cependant insuffisamment spécifiques pour permettre un diagnostic précis de la néphropathie glomérulaire en cause.

La réalisation d’une ponction-biopsie rénale (PBR) se discute donc devant toute suspicion de glomérulopathie.

En plus de son intérêt diagnostique, la PBR aura également pour but d’apporter des éléments pronostiques.

2 . 2  -  Raisonnement médical


L’analyse d’une PBR va aboutir à un diagnostic anatomopathologique. Pour déterminer la maladie en cause (entité anatomoclinique), il sera souvent indispensable de confronter les données anatomopathologiques aux données cliniques et biologiques.

Cette confrontation anatomoclinique est une étape fondamentale qui permettra en particulier de distinguer les glomérulopathies dites primitives (atteintes glomérulaires sans manifestation extrarénale, le plus souvent idiopathiques) des glomérulopathies dites secondaires qui s’intègrent dans le cadre de maladies générales.

Exemple : une glomérulonéphrite à dépôts mésangiaux d’IgA (diagnostic anatomopathologique) peut correspondre à plusieurs entités anatomocliniques (cf. tableau 1) : s’il existe une hématurie microscopique constante avec hématurie macroscopique récidivante sans signe extrarénal, le diagnostic retenu sera celui de maladie de Berger ; chez un enfant, en présence de signes extrarénaux de vascularite, le diagnostic retenu sera celui de purpura rhumatoïde (figure 2).

Tableau 1: Principales glomérulopathies
CliniqueGlomérulopathiesAnatomie pathologique
Syndrome néphrotiqueSNLGMGlomérules normaux
Absence de dépôt
HSFLésions segmentaires et focales

Sclérose du capillaire avec fibrose

Synéchie floculo-capsulaire

Dépôts hyalins

Anomalies podocytaires
Absence de dépôt immun
GEMMBG épaissie ± spicules ± chaînettes
Dépôts granuleux extramembraneux d’IgG
DiabèteÉpaississement mésangial (glomérulosclérose) ± nodulaire
Absence de dépôt immun
GNMPÉpaississement mésangial

Prolifération endocapillaire

Doubles contours de la MBG
Dépôts granuleux sous-endothéliaux
AmyloseDépôts rouge Congo-positifs
AL : dépôts kappa + ou lambda + ; AA : dépôts SAA +
Syndrome hématuriqueMaladie de Berger

(glomérulonéphrite à dépôts d’IgA)
Épaississement mésangial ± prolifération mésangiale

± prolifération endocapillaire/extracapillaire

Lésions d’âges différents (évolution par poussées)
Dépôts granuleux mésangiaux d’IgA
Syndrome d’AlportGlomérules normaux ou lésions fibreuses aspécifiques
Absence de dépôtAnomalie de la distribution de la chaîne alpha 5 du collagène IV (dans la forme liée à l’X)
Syndrome de glomérulonéphrite rapidement progressiveGlomérulonéphrite nécrosante extracapillaire (glomérulonéphrite à croissants)Nécrose du capillaire glomérulaire

Prolifération extracapillaire = croissant

Lésions d’âges différents (évolution par poussées)
Absence de dépôt : vascularite à ANCA

Dépôts granuleux immuns : LED, PR, etc.

Dépôts linéaires d’IgG : anticorps anti-MBG
Syndrome néphritiqueGN aiguë post-infectieuseProlifération endocapillaire diffuse
Dépôts granuleux de C3 endo- et extramembraneux

Principaux signes des glomérulopathies en microscopie optique (romains) et en immunofluorescence (italiques).SNLGM : syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes ; HSF : hyalinose segmentaire et focale ; GEM : glomérulonéphrite extra-membraneuse ; GNMP : glomérulonéphrite membranoproliférative ; MBG : membrane basale glomérulaire ; SAA : sérum amyloïde A ; ANCA : anticorps anticytoplasme des polynucléaires neutrophiles (Anti-Neutrophil Cytoplasmic Antibodies) ; LED : lupus érythémateux disséminé ; PR : purpura rhumatoïde.

Figure 2 : Diagnostic anatomopathologique
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