1  -  Tumeurs bénignes


Les lésions hépatiques bénignes sont des lésions très fréquentes et très souvent de découverte fortuite.

Parmi ces lésions, certaines ne sont pas des tumeurs (dans le sens de prolifération cellulaire autonome) mais sont quand même incluses dans ce chapitre car posant le problème clinique d’une anomalie focale du foie.

On distinguera les lésions dont le diagnostic formel repose sur l’imagerie, qui sont les plus fréquentes, des lésions dont le diagnostic de certitude est anatomopathologique, la détection reposant bien sûr dans tous les cas sur l’imagerie.

1 . 1  -  Lésions bénignes dont le diagnostic est fait par l’imagerie


1. Kyste biliaire (pouvant être appelé kyste hépatique)

  • Lésion fréquente (environ 5 % de la population).
  • Nature de la lésion, aspect : kyste dont la paroi fibreuse est tapissée par des cellules de type biliaire et contenant du liquide clair sécrété par ces cellules. Il ne communique pas avec les voies biliaires (figure 1).
    N.B : il ne contient pas de bile car la bile est fabriquée principalement par les hépatocytes puis est transportée dans les voies biliaires.
  • Le diagnostic est radiologique (échographie).
  • Évolution : les complications sont rares et peuvent être l’hémorragie intrakystique, l’infection, ou la compression de structures avoisinantes intra- ou extrahépatiques en cas de kyste très volumineux.
  • Traitement : aucun en l’absence de complication, pas de surveillance. En cas de chirurgie, les prélèvements (paroi du kyste) doivent faire l’objet d’un examen anatomopathologique pour confirmation diagnostique.
Figure 1 : Kyste biliaire simple (macroscopie) : kyste hépatique sans végétations

2. Hémangiome (angiome)

  • Lésion bénigne fréquente (3 % de la population), prédominance féminine.
  • Nature de la lésion, aspect : tumeur vasculaire bénigne (probablement plutôt d’origine malformative) faite de cavités de taille variable remplies de sang et bordées par une couche de cellules endothéliales sans signes de malignité (figure 2).
  • Le diagnostic est radiologique (échographie ++, voire IRM si doute).
  • Évolution : en général lésion stable, asymptomatique. La lésion peut se fibroser. Très rarement, elle peut augmenter de volume. Les complications sont très rares et concernent surtout les lésions très volumineuses (hémorragies, thromboses intralésionnelles).
    La ponction-biopsie hépatique (PBH) pour examen anatomopathologique est inutile et contre-indiquée (risque hémorragique).
  • Traitement : aucun en l’absence de complication, pas de surveillance. Dans les cas compliqués, la résection chirurgicale peut être discutée (avec envoi de la pièce en anatomie pathologique).
Figure 2 : Angiome (microscopie) : cavités de taille variable remplies de sang et bordées par une couche de cellules endothéliales

3. Hyperplasie nodulaire focale (HNF)

  • Lésion intéressant environ 1 % de la population avec prédominance féminine (entre 20 et 50 ans), non associée à la prise d’œstroprogestatifs, souvent de découverte fortuite.
  • Nature de la lésion : lésion hyperplasique (polyclonale), secondaire à des anomalies vasculaires focales (thromboses veineuses associées à une hyperartérialisation).
  • Aspect anatomopathologique : 
    • macroscopie : lésion bien limitée homogène sans nécrose ni hémorragie avec une cicatrice fibreuse centrale (très fréquente mais pas toujours présente) (figure 3).
    • histologie : elle est constituée de travées de (1) fibrose avec des (2) vaisseaux à paroi épaisse (hyperartérialisation), (3) des hépatocytes sans atypies et (4) des ductules (hyperplasie). Ce sont les principaux critères du diagnostic histologique.
  • Le diagnostic est affirmé par l’imagerie lorsque l’aspect est typique (cinétique vasculaire typique/présence d’une cicatrice fibreuse centrale).
    Lorsque le diagnostic est incertain, un examen histologique est indispensable (ponction-biopsie dans la lésion et dans le foie non lésionnel ou biopsie sous cœlioscopie pour certains).
  • Évolution : pas de dégénérescence, complications très rares (hémorragies, douleurs).
  • Traitement : en général aucun, pas de surveillance nécessaire. L’exérèse chirurgicale peut être discutée en cas de doute diagnostique persistant même après biopsie ou de symptomatologie.
Figure 3 : Hyperplasie nodulaire focale (macroscopie) : lésion bien limitée homogène sans nécrose ni hémorragie avec une cicatrice fibreuse centrale (X)
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