La trichinellose est une zoonose cosmopolite, transmise par l'ingestion de viande crue contaminée par un nématode vivipare du genre Trichinella. Elle se manifeste chez l'Homme sous forme de petites épidémies sporadiques.
Les espèces du genre Trichinella se retrouvent partout dans le monde, et surtout dans les régions à climat tempéré. Le genre n'infecte pas une espèce en particulier mais peut plutôt infecter tous les mammifères à sang chaud. Les infestations humaines sont fréquentes en Europe orientale, au Kenya, dans les pays de l'ancienne Union soviétique, en Amérique du Sud, en Alaska, en Asie continentale et dans d'autres régions où l'on consomme de la viande crue ou peu cuite. Environ 27 millions de personnes seraient infectées dans le monde. Plusieurs épidémies liées à Trichinella ont été signalées en Europe dans les années 1975–2000 avec environ 6 000 cas. Les différentes espèces de Trichinella ont des caractéristiques épidémiologiques (répartition géographique et hôtes) différentes. Les porcs, les chevaux, les ours et le gibier (sangliers) sont les principales sources de contamination humaine.
Les trichines adultes, qui mesurent 1,5 mm pour le mâle et 4 mm pour la femelle, sont localisées dans l'intestin.
Les jeunes larves sont longues de 100 μm à 160 μm. Les formes enkystées mesurent 1 mm de long (figure 15.1).
Le cycle s'effectue chez tous les carnivores et omnivores sauvages ou domestiques ; il est auto-hétéroxène : le même animal est d'abord « hôte définitif » (porte le parasite adulte) puis « hôte intermédiaire » (parasite à l'état larvaire). C'est par carnivorisme (absorption de muscles contenant les larves infestantes) que l'animal ou l'Homme se contamine (impasse parasitaire le plus souvent chez ce dernier). Le parasite n'a aucune vie en dehors des hôtes parasités. En milieu tempéré, ce sont les rongeurs sauvages, les sangliers qui assurent la diffusion de cette parasitose, mais aussi le cheval (infesté par l'ingestion de cadavres de rongeurs présents dans son alimentation) ; dans les régions froides (Grand Nord canadien), ce sont les ours blancs, les morses et autres mammifères marins ; en milieu tropical, le cycle fait intervenir les phacochères, les lions, les hyènes, les chacals. La chair putréfiée peut demeurer contaminante pendant 2 à 3 mois.
Le cycle évolutif de Trichinella spp. est résumé sur la figure 15.2.
La contamination humaine est assurée par la consommation de viande crue ou peu cuite contenant les larves enkystées. Le fumage de la viande, une ébullition modérée, un rôtissage superficiel ou encore l'action de la saumure (salaison de la viande) ne les tuent pas. Les larves sont libérées dans l'intestin et se transforment en adulte en 24 à 36 heures. Les femelles, vivipares, émettent des embryons dans la paroi de l'intestin grêle, voire dans le mésentère. Ceux-ci gagnent par voie lymphatique puis sanguine le cœur gauche et la grande circulation. Les larves pénètrent dans les muscles striés dont elles transforment en une vingtaine de jours les fibres musculaires en cellules nourricières. Les larves ainsi enkystées peuvent survivre plusieurs mois avant de se calcifier.
La résistance variable au froid et à la chaleur selon les espèces de Trichinella favorise la répartition cosmopolite de la trichinellose animale. Les habitudes et les interdits alimentaires expliquent la répartition de la trichinellose humaine (prédominance en Europe centrale, dans le continent américain et dans le Grand Nord). Des cas groupés sont observés sporadiquement en France métropolitaine.