4  -  Diagnostic biologique

Le diagnostic des cestodoses adultes est avant tout direct, assuré par la mise en évidence d’anneaux (T. saginata, T. solium), éventuellement d’œufs (bothriocéphale et Hymenolepis) ou d’embryophores (T. saginata, T. solium).

Dans la cysticercose, le diagnostic est sérologique, radiologique et/ou anatomopathologique.

4 . 1  -  Tæniasis, hyménolépiose et bothriocéphalose

4 . 1 . 1  -  Diagnostic direct

Pour T. saginata, le prélèvement des anneaux a lieu le plus souvent dans les sous-vêtements ou la literie. Les anneaux recueillis sont aplatis, rectangulaires, blanchâtres, opaques, souvent déformés car desséchés.

Dans les selles, les anneaux de T. saginata restent mobiles (figure 21.11).

Fig. 21.11 Taenia saginata, adulte (détail d’un anneau)
Fig. 21.11 Taenia saginata, adulte (détail d’un anneau).

Pour T. solium, la mise en évidence des anneaux est classiquement faite dans les selles. Les anneaux sont dépourvus de mobilité. L’examen direct à l’œil nu du proglottis par transparence entre deux lames de verre suffit en général à l’identification, en permettant de visualiser les ramifications utérines (tableau 21.1).

Tableau 21.1 Éléments du diagnostic direct des cestodoses
 EspècesAnneaux (ou proglottis)Œufs
Embryophores
 Taenia solium Passage passif dans les selles Utérus peu ramifié


  Arrondis (40 μm)

 Taenia saginata Passage actif (sous-vêtements) Utérus très ramifié   Marge anale,Scotch®-test

Arrondis (40 μm)
 Hymenolepis nana Non extériorisé Non observé 45 μm × 35 μm

Embryon hexacanthe visible
 
Diphyllobothrium latumNon extérioriséParfois observé après traitementNombreux, operculés, ovoïdes65 μm × 45 μm 

Les embryophores peuvent être retrouvés à l’examen parasitologique des selles (figure 21.12). Ils sont indifférenciables pour T. saginata et T. solium. Dans ces deux espèces, les œufs à double coque libèrent, en perdant la plus externe, dans le milieu extérieur des embryophores arrondis (40 μm), à paroi épaisse, brune et striée, contenant un embryon hexacanthe (trois paires de crochets). Ils sont aussi retrouvés sur la marge anale. Le test à la cellophane adhésive de Graham consiste à appliquer un morceau de ruban adhésif transparent à la marge de l’anus après en avoir déplissé les plis radiés (« Scotch®-test » anal) puis de le coller sur une lame de verre et d’observer le montage au microscope.

Fig. 21.12 Taenia sp., embryophore (35–40 μm)
Fig. 21.12 Taenia sp., embryophore (35–40 μm).

Les œufs d’Hymenolepis, arrondis (45 μm × 35 μm), contiennent aussi un embryon hexacanthe. La coque est lisse, mince et incolore, la coque interne porte deux mamelons, diamétralement opposés, d’où partent des filaments (figure 21.13).

Fig. 21.13 Hymenolepis nana, œuf (40–50 μm)
Fig. 21.13 Hymenolepis nana, œuf (40–50 μm).

Les œufs de bothriocéphale, nombreux, sont ovoïdes, operculés et contiennent des cellules ovulaires (65 μm × 45 μm) (figure 21.14).

Fig. 21.14 Diphyllobothrium latum (bothriocéphale), œuf (60–70 × 40–45 μm)
Fig. 21.14 Diphyllobothrium latum (bothriocéphale), œuf (60–70 × 40–45 μm).

4 . 1 . 2  -  Diagnostic indirect

La numération est souvent normale. L’éosinophilie, classiquement modérée, voire absente lorsque le ver est adulte, peut s’avérer élevée à l’installation du parasite (avant le 3e mois). L’observation de cristaux de Charcot-Leyden dans les selles est évocatrice de la présence d’un ténia immature.

Dans la bothriocéphalose, une anémie macrocytaire et mégaloblastique peut être observée.

Le sérodiagnostic est sans intérêt dans les cestodoses intestinales. Toutefois, en cas d’infection par T. solium, un examen sérologique peut être pratiqué pour dépister une éventuelle cysticercose.

4 . 2  -  Cysticercose

Les signes d’orientation cliniques, géographiques et l’imagerie sont importants. L’éosinophilie sanguine, souvent absente, présente peu d’intérêt pour le diagnostic. En cas de neurocysticercose, le liquide cérébrospinal est normal, sauf en cas de localisation ventriculaire des larves (réaction lymphocytaire et, plus rarement, éosinophile).

Le diagnostic biologique repose sur le sérodiagnostic en dépit d’une sensibilité moyenne. Les techniques le plus fréquemment utilisées sont la recherche d’anticorps dans le sérum ou dans le liquide cérébrospinal par ELISA et par western blot, plus spécifique et plus sensible.

Bien que peu pratiquée, la biopsie-exérèse avec mise en évidence du cysticerque reste l’examen de certitude. Elle reste le fait de quelques formes cutanées faciles d’accès et peu traumatiques, de quelques formes neurologiques dont la gravité impose la chirurgie ou encore des rares formes oculaires.

4/5