2  -  Classification, diversité, spécificité

Pour les parasites humains, la classification, d’abord fondée sur la morphologie, fait désormais appel à d’autres critères, génétiques et immunologiques.

2 . 1  -  Nomenclature et systématique (taxinomie)

Les lois de la systématique sont simples mais strictes. Depuis Charles Linné, tous les animaux et végétaux sont désignés par deux mots latinisés : le binôme linnéen — le premier, nom de genre, porte une majuscule, le second sans majuscule est le nom d’espèce (les deux en italique ou soulignés) — suivi du nom de l’auteur qui l’a attribué la première fois et de la date de cette attribution, par exemple : Plasmodium malariae (Laveran, 1881). « L’espèce est définie comme un groupe naturel d’individus descendant les uns des autres dont les caractères génétiques, morphologiques et physiologiques, voisins ou semblables, leur permettent de se croiser. L’espèce est l’unité de base de la taxinomie. » (Petit Robert). Actuellement, on prend davantage en compte le génome des individus. Genre et espèce sont issus d’une suite d’étapes de classification (figure 1).

Fig. 1 Rangs de la systématique
Fig. 1 Rangs de la systématique

Fig. 1 .

2 . 2  -  Classification

On classe les parasites en quatre grands groupes (tableau A) :

  • protozoaires (êtres unicellulaires doués de mouvement) : selon les cas, ils se déplacent grâce à des pseudopodes (rhizopodes), des flagelles, une membrane ondulante, des cils ou des mouvements de torsion du cytosquelette. Ils se présentent sous forme asexuée ou à potentiel sexuée, mobile et capable de se diviser, ou enkystée, intra- ou extracellulaire ;
  • helminthes ou vers : ce sont des métazoaires (êtres pluricellulaires possédant des tissus différenciés) ; ils passent par des formes adultes (des deux sexes), larvaires, embryonnaires ou ovulaires ;
  • arthropodes (insectes, arachnides et crustacés), mollusques, pararthropodes (porocéphales) ou annélides : ce sont des métazoaires pouvant se présenter sous forme adulte (imago ; mâle et femelle), œuf, larve et nymphe ; les ectoparasitoses font l’objet de la deuxième partie de l’ouvrage ;
  • micromycètes (du règne des Fungi) : ce sont des champignons microscopiques identifiés sous forme de spores, isolées ou regroupées, ou de filaments libres ou tissulaires ; ils font l’objet de la troisième partie de l’ouvrage.
Tableau A Classification des parasites et maladies correspondantes
Protozoaires
Embranchement des Apicomplexa (sporozoaires)
Plasmodium falciparum Paludisme
Plasmodium vivax
Plasmodium ovale
Plasmodium malariae
Plasmodium knowlesi
Toxoplasma gondii (toxoplasme)
Sarcocystis hominis*
Cystoisospora belli (ex-Isospora belli)
Cryptosporidium spp.
Cyclospora cayetanensis
Embranchement des Rhizoflagellés
Classe des Rhizopodes
Entamoeba histolytica (amibe dysentérique) Amœbose intestinale et tissulaire
Entamoeba dispar Amibes non ou peu pathogènes
Entamoeba hartmanni
Entamoeba coli
Endolimax nanus
Iodamaeba butschlii
Naegleria fowleri Méningoencéphalites et kératites amibiennes
Acanthamoeba spp.
Classe des Flagellés
Trypanosoma brucei gambiense Trypanosomoses africaines (maladie du sommeil)
Trypanosoma brucei rhodesiense
Trypanosoma cruzi Trypanosomose américaine (maladie de Chagas)
Leishmania donovani Leishmaniose viscérale de l’Ancien Monde (kala-azar)
Leishmania infantum
Leishmania tropica Leishmaniose cutanée de l’Ancien Monde
Leishmania major
Leishmania brasiliensis Leishmaniose cutanée ou cutanéomuqueuse américaine
Leishmania guyanensis
Leishmania mexicana
Giardia intestinalis ou Giardia duodenalis Giardiose (ex-« lambliase »)
Trichomonas hominis Flagelloses intestinales non pathogènes
Chilomastix mesnilii*
Embadomonas intestinalis*
Enteromonas hominis*
Dientamoeba fragilis*
Trichomonas vaginalis Trichomonose urogénitale
Trichomonas tenax* Flagellose buccale, non ou peu pathogène
Embranchement des Ciliés
Balantidium coli* Balantidiose
Embranchement des Straménopiles
Blastocystis hominis* Blastocystose, rarement pathogène
Helminthes
Embranchement des Némathelminthes (vers ronds)
Classe des Nématodes, ovipares
Trichuris trichiura (trichocéphale) Trichocéphalose
Enterobius vermicularis (oxyure) Oxyurose
Ascaris lumbricoides (ascaris) Ascaridiose
Ancylostoma duodenale (ankylostome) Ankylostomoses
Necator americanus (ankylostome)
Strongyloides stercoralis (anguillule) Anguillulose
Toxocara canis Larva migrans viscérale (toxocarose)
Ancylostoma brasiliensis Larva migrans cutanée (larbish)
Anisakis spp. Anisakiose
Classe des Nématodes, vivipares
Trichinella spiralis (trichine) Trichinellose
Wuchereria bancrofti Filariose lymphatique de Bancroft
Wuchereria bancrofti var. pacifica* Filariose lymphatique à microfilarémie apériodique du Pacifique
Brugia malayi Filariose lymphatique de Malaisie
Brugia timori
Loa loa Loaose
Onchocerca volvulus (onchocerque) Onchocercose
Mansonella streptocerca Filarioses non ou peu pathogènes
Mansonella perstans
Mansonella ozzardi
Mansonella rhodaini
Dracunculus medinensis (filaire de Médine) Dracunculose
Embranchement des Plathelminthes (vers plats)
Classe des Trématodes
Douves
Fasciola hepatica (grande douve du foie) Distomatoses hépatobiliaires
Dicrocoelium dendriticum (petite douve du foie)
Clonorchis sinensis (douve de Chine)
Opisthorchis felineus Distomatoses intestinales
Fasciolopsis buski
Heterophyes heterophyes
Paragonimus westermani Distomatoses pulmonaires
Paragonimus africanus
Schistosomes
Schistosoma haematobium Schistosomose (bilharziose) urogénitale
Schistosoma mansoni Schistosomoses (bilharzioses) intestinales
Schistosoma guineensis
Schistosoma intercalatum
Schistosoma japonicum Schistosomoses (bilharzioses) artérioveineuses extrême-orientales
Schistosoma mekongi
Classe des Cestodes
Taenia saginata Tæniasis intestinal
Taenia solium Tæniasis intestinal et cysticercose
Diphyllobothrium latum Bothriocéphalose
Hymenolepis nana Hyménolépiose
Echinococcus granulosus Échinococcose hydatique
Echinococcus multilocularis Échinococcose alvéolaire
Multiceps spp.* Cénuroses*
* Ces parasites, trop rares ou ayant un rôle marginal en pathologie humaine, ne sont pas développés dans cet ouvrage.

2 . 3  -  Diversité

La diversité est la règle en parasitologie. De par leur morphologie et leur biologie (mobilité, reproduction, métabolisme), les parasites sont extrêmement variés, y compris au sein d’une même famille. Morphologiquement, la taille d’un parasite peut dépasser cinq mètres (Taenia) ou rester de l’ordre du micromètre (Plasmodium, Leishmania). Leur recherche peut être assurée par un examen à l’œil nu (Taenia, oxyure) ou par la microscopie optique (plasmodies). Les stades parasitaires d’un même parasite peuvent prendre chez l’homme, dans le milieu extérieur ou chez l’hôte intermédiaire, des formes particulières correspondant aux différents stades de son développement. Ils sont macro- ou microscopiques, intra- ou extracellulaires, sous forme adulte ou larvaire. Les parasites peuvent être : permanents, leur existence entière se déroulant dans un ou plusieurs hôtes (Taenia, trichine) ; temporaires, partageant leur vie entre une forme libre dans l’environnement et l’autre parasitaire (douves, anguillules) ; ou encore facultatifs, ayant une vie saprophytique mais occasionnellement parasitaire (parasites et champignons opportunistes, myiases).

2 . 4  -  Spécificité

Les parasites sont plus ou moins étroitement liés à leur hôte. Les parasites sténoxènes (poux, hématozoaires) sont adaptés, inféodés à un seul hôte ; les euryxènes, au contraire, ne présentent qu’une spécificité lâche : c’est le cas des agents des zoonoses, parasitoses communes à l’homme et aux animaux — toxoplasmose, distomatoses, formes larvaires des ténias (hydatidose, échinococcose alvéolaire)…

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