4  -  Diagnostic biologique

Cryptococcus spp. est recherché dans le liquide cérébrospinal (ponction lombaire), le sang (hémocultures), les prélèvements respiratoires (expectorations induites, liquide de lavage bronchiolo-alvéolaire), les urines, les exsudats cutanés (frottis mince) et dans les biopsies tissulaires. À noter que, lors de la ponction lombaire, la pression d’ouverture doit être mesurée pour détecter la présence d’une hypertension intracrânienne, élément de très mauvais pronostic.

4 . 1  -  Examen direct

L’examen direct recherche la présence de levures capsulées, rondes, parfois bourgeonnantes (figure 29.2). Après centrifugation des liquides, un test à l’encre de Chine (liquide cérébrospinal, hémoculture positive, prélèvement respiratoire, exsudat cutané) permet de révéler la présence de Cryptococcus spp. sous la forme de levures entourées d’une capsule mise en évidence en négatif et formant un halo périphérique. La grande taille et la forme sphérique de ces levures est évocatrice des espèces C. neoformans ou C. gattii.

Fig. 29.2 Cryptococcus neoformans, levure encapsulée (encre de Chine)
Fig. 29.2 Cryptococcus neoformans, levure encapsulée (encre de Chine).

En cas d’atteinte méningée, le liquide cérébrospinal est généralement clair, avec une formule mixte ou lymphocytaire (10 à 100 éléments/mm3), une hyperprotéinorachie, une hypoglycorachie. À noter que le liquide cérébrospinal peut être normal sur le plan cellulaire et biochimique, en particulier chez le patient VIH-positif (CD4 < 100/mm3).

Pour les biopsies, on peut utiliser les colorations au mucicarmin et bleu alcian qui colorent la capsule, alors que le PAS, l’HES et le MGG ne la colorent pas de façon homogène et font apparaître un halo, comme l’encre de Chine à l’état frais. Cependant, la taille, la morphologie ronde et bourgeonnante des éléments fongiques permet d’évoquer le diagnostic sans coloration spécifique.

4 . 2  -  Culture et identification

La culture est indispensable pour l’identification de l’espèce sur milieu de Sabouraud, mais sans cycloheximide (Actidione®) auquel le genre Cryptococcus est constamment sensible. La levure pousse généralement assez rapidement en 1 à 5 jours. Des souches poussant plus lentement (jusqu’à 3 semaines) peuvent être observées, surtout après exposition à un traitement antifongique. Les colonies sont d’aspect crémeux à muqueux en fonction des souches et de couleur blanche à beige.

Les critères d’identification mycologique associent :

  • une levure sphérique, de grande taille, ne filamentant pas ;
  • la présence d’une capsule (souvent très fine après culture sur milieu de Sabouraud) ;
  • une croissance à 37 °C pour les deux variétés de C. neoformans et C. gattii ;
  • la présence d’une activité uréase rapide (test à l’urée positif en 3 heures), signant l’appartenance au genre Cryptococcus.

L’identification de l’espèce sera confirmée par des galeries biochimiques d’identification par assimilation des sucres et détection d’activités enzymatiques ou par spectrométrie de masse.

Le génotypage, comme le sérotypage, permet de distinguer les espèces C. neoformans et C. gattii et les variétés de l’espèce C. neoformans (var. grubii ou var. neoformans).

4 . 3  -  Détection d’antigène capsulaire

La détection d’antigènes capsulaires spécifiques est un des meilleurs tests diagnostiques rapides existants en mycologie. Le test a une utilité dans le liquide cérébrospinal, le sérum ou le lavage bronchiolo-alvéolaire et peut être réalisé par différentes méthodes (agglutination au latex, ELISA, test immunochromatographique). Un titre sérique élevé (> 1/512 en agglutination latex) est associé à un mauvais pronostic.

La recherche d’antigène circulant dans le sérum doit être réalisée systématiquement chez les immunodéprimés devant des symptômes généraux à type de fièvre prolongée et des symptômes respiratoires, neurologiques et/ou cutanés. À noter que chez le patient VIH-sida avec CD4 < 100/mm3, la détection d’antigène sérique peut être réalisée en dépistage (sans signes cliniques), ce qui permet de diagnostiquer l’infection à un stade très précoce et d’instaurer un traitement étiologique. La détection et la quantification de l’antigène sérique circulant permettent également de dépister les rechutes à moyen et long terme.

4 . 4  -  Diagnostic indirect

La recherche des anticorps n’est pas contributive pour le diagnostic.

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