2  -  Généralités

2 . 1  -  Définition


La surdité est un symptôme défini par une baisse de l’audition, quelle que soit son importance, quelle que soit son étiologie.
Synonyme : hypoacousie (souvent employée pour les surdités légères ou moyennes).
Une cophose est une surdité totale. Elle peut être uni- ou bilatérale.
Il existe deux grands types de surdité d’origine, de pronostic et de traitement bien différents. L’acoumétrie et l’audiométrie permettent de les différencier aisément :

  • les surdités de transmission liées à l’atteinte des structures de l’oreille externe (pavillon, conduit auditif externe) ou de l’oreille moyenne (système tympano-ossiculaire de la caisse du tympan, trompe d’Eustache) ;
  • les surdités de perception ou neurosensorielles liées à l’atteinte :
    • de l’oreille interne ou cochlée,
    • du nerf auditif (VIII), des voies nerveuses auditives ou des structures centrales de l’audition ;
  • la surdité mixte associant surdité de transmission et de perception.

2 . 2  -  Notions d’examen fonctionnel de l’audition

2 . 2 . 1  -  Triade acoumétrique


L’ épreuve de Weber consiste à poser un diapason en vibration sur le crâne à équidistance des deux oreilles.
L’épreuve de Rinne consiste à comparer l’intensité du son perçu par le patient d’un diapason en vibration devant le pavillon (va) et pose sur la mastoïde (vo) (tableau 1 et figure 8) :
                                                                                       Rinne = va – vo

Tableau I. Données de l’acoumétrie au diapason
Audition normaleSurdité de transmissionSurdité de perception
Épreuves binauralesÉpreuve de WeberAbsence de latéralisationLatéralisation à l’oreille sourde ou la plus sourdeLatéralisation à l’oreille saine ou la moins sourde
Épreuve de RinnePositifNul ou négatifPositif
Figure 8 : Principes des techniques d’acoumétrie au diapason : ou cas de surdité de transmission, la conduction aérienne est moins bonne que la conduction osseuse – le Weber est perçu du côté sourd
Le diapason permet de délivrer un son par voie aérienne ou par voie osseuse (A). Lors de l’épreuve de Weber, le son est perçu du côté sain en cas de surdité de perception, et du côté sourd en cas de surdité de transmission. Lors de l’épreuve de Rinne (en bas), le son est mieux perçu en conduction aérienne (audition normale ou surdité de perception) que lors de la conduction osseuse. Dans le cas contraire, il s’agit d’une surdité de transmission.

2 . 2 . 2  -  Audiométrie tonale


Stimulation sonore par des sons purs de fréquence (Hz) et d’intensités variées (dB) avec détermination du seuil subjectif liminaire d’audition par voie aérienne (casque) et voie osseuse (vibrateur mastoïdien).
Si l’audition est normale ou s’il existe une surdité de perception, les courbes en conduction osseuse et aérienne sont superposées. Le Rinne est dit positif par analogie avec l’acoumétrie.
En cas de surdité de transmission, la conduction osseuse est meilleure que la conduction aérienne : le Rinne est négatif (figure 9).

Figure 9 : Différents types de surdité en audiométrie tonale

2 . 2 . 3  -  Audiométrie vocale


Stimulation sonore par des sons complexes le plus souvent signifiants (mots monosyllabiques ou bisyllabiques, phrases), quelquefois non signifiants (logatomes : voyelle-consonne-voyelle). L’utilisation de listes de mots bisyllabiques est la plus utilisée en pratique clinique. L’épreuve consiste à étudier le pourcentage de reconnaissance des mots d’une liste en fonction de l’intensité. Elle peut être réalisée au casque testant chaque oreille séparément ou en champ libre testant les deux oreilles simultanément. L’audiométrie vocale peut aussi se réaliser avec l’adjonction de bruit perturbant (figure 10).

Figure 10 : Audiométrie vocale.
Le pourcentage de mots correctement répétés est recherché à différentes intensités sonores (courbe d’allure sigmoïde). Cet examen permet une approche du seuil auditif du patient et teste les capacités de compréhension du message sonore par le patient (courbe 1 : audition normale ; courbe 2 perte auditive moyenne).

2 . 2 . 4  -  Impédancemétrie


Définition : mesure de l’impédance de l’oreille moyenne et de ses modifications sous l’influence d’une surpression ou d’une dépression créée dans le conduit auditif externe.

Condition : absence de perforation tympanique.

Intérêt : elle fournit de façon objective des renseignements sur la valeur fonctionnelle de la trompe d’Eustache et du système tympano-ossiculaire :

  • trouble de la ventilation de l’oreille moyenne (courbe de type C : le pic de compliance est décalé vers les pressions négatives, il existe donc une dépression dans la caisse du tympan) ;
  • présence d’un épanchement liquidien dans la caisse du tympan (courbe de type B) ;
  • caractères physiques du système tympano-ossiculaire : tympanosclérose, atteinte ossiculaire (courbe en « Tour Eiffel » : pic ample et pointu par rupture de la chaîne ossiculaire) (figure 11).
Figure 11 : Différents résultats possibles de l’impédancemétrie (ou tympanométrie)
Média 1 : Réalisation d'une tympanométrie

2 . 2 . 5  -  Réflexe stapédien


Définition :
recueil de la contraction du muscle stapédien, lors d’une stimulation auditive supraliminaire (> à 80 dB), par la mesure de la variation d’impédance du système tympano-ossiculaire (par impédancemétrie).
La variation de l’impédance par contraction du muscle de l’étrier ne peut se manifester dans certaines affections (otospongiose).

2 . 2 . 6  -  Potentiels évoqués auditifs précoces (PEA), dits du tronc cérébral


Définition :
potentiels neurogènes évoqués au niveau cochléaire et rétrocochléaire (VIII, tronc cérébral) par une stimulation sonore, enregistrés au cours des dix premières millisecondes après la stimulation.

Principe : enregistrement par extraction du potentiel évoqué auditif (PEA) du bruit de fond électrique non significatif (EEG de repos, électromyogramme…).

Il utilise la répétition du stimulus sonore et le moyennage synchronisé des réponses.

L’examen est non invasif (prélèvement du signal par électrodes cutanées).

  • Intérêts :
    • otologique : mesure objective du seuil auditif avec une précision de 10-15 dB dès la naissance ; c’est un moyen d’audiométrie objective de l’enfant (ou du sujet non-coopérant) ;
    • otoneurologique : localisation topographique de l’atteinte auditive dans les surdités neurosensorielles par étude des latences et des délais de conduction des cinq pics : I (cochlée), II (nerf auditif), III, IV, V (tronc cérébral).
  • Limites :
    • ils ne permettent pas une étude fréquence par fréquence des réponses ;
    • ils explorent une plage de fréquences aiguës de l’audiométrie (et donc pas les fréquences graves) ;
    • la profondeur de la surdité peut gêner l’interprétation des courbes pour l’analyse des latences.

Automatisés : constitue un test très intéressant pour le dépistage de la surdité chez le nouveau-né.

2 . 2 . 7  -  Otoémissions acoustiques (OEA)


Les cellules ciliées internes (CCI) sont les seuls récepteurs sensoriels de l’audition, alors que les cellules ciliées externes (CCE) possèdent des propriétés micromécaniques ; elles agissent de façon mécanique sur la membrane basilaire.

La contraction active des CCE induit un son dirigé vers le conduit auditif externe et enregistrable : ce sont les otoémissions acoustiques. Elles peuvent être spontanées (OEAS) ou provoquées par des sons brefs (OEAP).

L’enregistrement des OEA est une méthode non invasive d’exploration du système auditif périphérique (du conduit auditif externe à la cochlée).

Le recueil des OEAP est une méthode simple, rapide (1 mn), fiable d’exploration du fonctionnement des CCE dont on sait qu’elles sont les premières à disparaître en cas d’atteinte cochléaire.

Cette méthode constitue un test très intéressant pour le dépistage de la surdité chez le nouveau-né. Elle permet de séparer rapidement la population testée en deux groupes :

  • OEAP présentes : le système auditif périphérique est intègre (perte auditive inférieure à 30 dB) ;
  • OEAP absentes : nécessité de poursuivre l’exploration auditive (audiométrie comportementale, PEA…). Il est possible qu’une hypoacousie supérieure à 30 dB soit présente.

Chez l’adulte, elle permet la détection d’atteinte cochléaire infraclinique (traitement ototoxique, surveillance des surdités professionnelles traumato-sonores…).

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