3 . 4  -  L’absorptiométrie biphotonique

Jusqu’alors, les techniques décrites concernaient une mesure physique (densité, volumes, impédances...) utilisée pour l’estimation d’un compartiment. La technique ci-des¬sous permet d’accéder directement à un modèle à trois compartiments L’absorptiométrie biphotonique à rayons X (Dual x-ray absorptiometry, DEXA), initialement développée dans les années 80 pour la mesure du contenu minéral osseux, s’est imposée comme la méthode de référence pour l’étude de la composition corporelle. Elle consiste à balayer l’ensemble du corps avec un faisceau de rayons X à deux niveaux d’énergie. Le rapport des atténuations de ces deux rayonnements est fonction de la composition de la matière traversée. L’irradiation imposée au patient est faible et similaire à celle correspondant à une radiographie pulmonaire. La calibration est effectuée avec des fantômes artificiels contenant des triglycérides et du calcium. La DEXA permet de séparer trois compartiments (masse grasse, masse maigre et contenu minéral osseux) par un traitement informatique des mesures physiques. La précision est excellente. Par rapport aux méthodes précédentes, la DEXA mesure la valeur du compartiment osseux, négligé jusque là. Le balayage du corps entier et le traite¬ment d’images permettent une approche régionale (bras, tronc, jambes) des trois compartiments mesurés, impossible à réaliser avec les autres méthodes.
La DEXA apparaît donc actuellement comme la méthode la plus intéressante pour l’étude de la composition corporelle et de ses variations en clinique. La limite réside dans le coût et la rareté des installations actuelles. Il faut souligner aussi que les appareils actuels ne sont pas adaptés aux sujets présentant une obésité massive, et aux patients qui ne peuvent se déplacer facilement (situation de réanimation...).

3 . 5  -  La tomodensitométrie computérisée

La graisse péri-viscérale intra-abdominale intervient dans le déterminisme des complications métaboliques et cardio-vasculaires de l’obésité. En pratique clinique, nous avons pris l’habitude de mesurer la circonférence à la taille pour estimer l’adiposité abdominale. La tomodensitométrie permet de réaliser des coupes anatomiques abdominales et d’identifier dans un plan horizontal les tissus en fonction de leur densité qui atténue les rayons X. Elle ne fournit pas une mesure de la masse grasse viscérale (en kg) mais un calcul des surfaces des tissus adipeux profonds et superficiels. On peut ainsi décrire un rapport d’adiposité viscérale sur adiposité sous-cutanée. La méthode est rapide (quelques minutes si on se limite à une seule coupe) et la précision est bonne.

3 . 6  -  Mesures anthropométriques :

L’indice de masse corporelle

L’indice de masse corporelle et le rapport : IMC = poids/taille2, où le poids est en kg et la taille est en mètre. L’indice de masse corporelle est un outil précieux pour la définition des valeurs normales du poids (entre 18,5 et 24,9 kg par m2) et pour la définition du surpoids (entre 25 et 29,9 kg par m2) et de l’obésité (au¬delà de 30 kg par m2). Les valeurs en dessous de 18,5 kg par m2 déterminent la maigreur.

Estimation de la masse musculaire

Excrétion de la créatinine de la 3 methylhistidine La créatinine est un métabolite de la créatine, dont le débit urinaire des 24 h reflète le pool total de créatine, situé à 98 % dans le muscle. La 3 methylhistidine est un acide aminé présent dans les protéines myofibrillaires, qui n’est pas recyclé après protéolyse, et est excrété directe¬ment dans les urines. L’excrétion journalière est donc proportionnelle à la masse musculaire. Pour ces deux marqueurs, la mesure de l’excrétion s’effectue en état stable, c’est-à-dire après un régime de trois jours sans viandes ni poissons afin d’éviter les apports exogènes. Le temps de recueil des urines de 24 h doit être très précis. Le calcul de la masse musculaire est basé sur une équivalence de 17,9 kg à 20 kg de muscle par gramme de créatinine.

La masse musculaire peut aussi être appréciée par mesures anthropométriques à partir de la circonférence musculaire brachiale, elle-même dérivée de la circonférence brachiale et du pli cutané tricipital. Bien que cette méthode soit peu précise, elle a un intérêt important en pratique médicale, car elle permet une appréciation de l’évolution de la masse musculaire au cours d’une situation clinique.

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