L’ensemble des techniques les plus utilisées est exposé de façon simple. D’autres ouvrages [1-3] en précisent des aspects plus détaillés.
Dans le modèle à deux compartiments, si une densité fixe est attribuée à chaque compartiment (0,9 g par ml pour la masse grasse, et 1,1 g par ml pour la masse maigre), la proportion de chacun des compartiments peut-être calculée à partir de la densité du corps entier. Celle-ci est le rapport masse sur volume (D). L’équation de Siri permet de calculer le pourcentage de masse grasse :
% MG = 100 (4,95/D-4,50)
Cette méthode a longtemps été considérée comme la référence et a fourni une grande partie de nos connaissances de la composition corporelle. La densité corporelle peut être déterminée de deux façons :
Cette technique ne peut être utilisée chez les enfants, les malades, les personnes âgées à mobilité réduite, les patients à coopération réduite,
Les plis cutanés
Les sites classiques de mesure des plis cutanés sont :
Les mesures sont réalisées par convention du côté dominant. Elles ne prennent que quelques minutes. L’épaisseur de quatre plis cutanés (bicipital, tricipital, sous-scapulaire et supra-iliaque est déterminée (voir encadré). La somme des quatre plis cutanés est introduite dans des équations prédictives, en fonction de l’âge et du sexe, afin d’estimer la densité corporelle (tableau I). L’hypothèse de la méthode est que l’épaisseur de la graisse sous-cutanée reflète la masse grasse totale de l’organisme. La détermination des plis doit être effectuée avec une pince spécialement calibrée (adiposomètre) permettant de mesurer l’épaisseur du pli sans écraser le tissu adipeux sous-cutané. La mesure doit être réalisée par un opérateur entraîné (coefficient de variation personnel inférieur à 5 %). Outre les problèmes liés à la mesure des plis cutanés (difficile voire impossible chez les sujets présentant une obésité sévère), cette méthode présente plusieurs limites :
La méthode estime mal le tissu adipeux profond et a tendance à sous-estimer l’obésité viscérale. La méthode des plis cutanés a pour avantage sa simplicité de mise en oeuvre et son coût très faible. Ceci a conduit au développement de nombreuses équations prédictives spécifiques de sous-populations particulières (enfants, adolescents, sportifs...).
Tranches d'âge | Homme | Femme |
17-19 | DC = 1,1620 - 0,0630 (log S) | DC = 1,1549 - 0,0678 (log S) |
20-29 | DC = 1,1631 - 0,0632 (log S) | DC = 1,1599 - 0,0717 (log S) |
30-39 | DC = 1,1422 - 0,0544 (log S) | DC = 1,1423 - 0,0632 (log S) |
40-49 | DC = 1,1620 - 0,0700 (log S) | DC = 1,1333 - 0,0612 (log S) |
>=50 | DC = 1,1715 - 0,0779 (log S) | DC = 1,1339 - 0,0645 (log S) |
Dans le modèle à deux compartiments, la masse grasse est dépourvue d’eau et la masse maigre en contient une proportion fixe (73 %). À partir de l’estimation de l’eau corporelle totale, il est donc facile de calculer la masse maigre :
MM = EAU TOTALE/0,73
Dans le modèle à trois ou quatre compartiments, l’eau corporelle totale et l’eau extracellulaire peuvent être considérées comme des compartiments (il s’agit alors d’une méthode de quantification). Les volumes d’eau (corporelle totale, extracellulaire, et intracellulaire) peuvent être déterminés :
V = r L2/Z
L est la taille de l’individu, r est une constante déterminée lors de l’étalonnage du système.
La technique BIA la plus répandue utilise un seul courant de 800 µAmp avec une fréquence de 50 kHz, et quatre électrodes de surface autocollantes. Deux électrodes sont placées au niveau du poignet, et deux le sont au niveau de la cheville homo-latérale. Le courant est appliqué pendant quelques secondes, et la mesure de Z est lue. Du fait des caractéristiques du courant, la mesure est totalement indolore. Quand le courant a une fréquence supérieure à 50 kHz, le volume mesuré est assimilé à l’eau corporelle totale.
Quand cette fréquence est inférieure à 5 kHz, le volume correspond à l’eau extracellulaire. Des mesures avec plusieurs fréquences de courant permettent une approche des différents secteurs hydriques.
Cette méthode fait l’objet de nombreuses critiques. À partir d’un modèle électrique simple, l’eau corporelle totale puis la masse maigre son déterminées. La qualité de la validation initiale de l’équation, sa pertinence pour une population spécifique, les conditions de mesures (température, orthostatisme...) sont des facteurs qui influencent les résultats. Cependant, en pratique clinique, il s’agit d’une technique simple, facile à mettre en oeuvre, peu coûteuse et indolore pour le patient. Elle apporte des informations utiles dans des circonstances où les autres techniques ne peuvent être utilisées.