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Capacités sensorielles et compétences
A l'aube des sens, le fœtus ne perçoit d'abord que des sensations fugitives. Mais, son cerveau qui se construit à la vitesse de 5.000 neurones à la seconde, va l'amener à développer ses 5 sens en 9 mois.
Les capacités sensorielles et compétences du fœtus se développent dès le début de la grossesse et dans l’ordre suivant :
- les sensibilités cutanée et vestibulaire : le toucher
- les sensibilités chimiques : le goût et l'odorat
- les sensibilité auditives : l'ouïe
- la sensibilité visuelle : la vue.
Pour chaque sensibilité, seront traitées :
- une description de l‘environnement utérin avec les potentialités stimulantes qu’il offre et qui participent au développement des compétences
- les compétences possibles du fœtus in utero.
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Le toucher
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Le goût et l'odorat
Les sens chimiques ont pour fonction de détecter et de discriminer les substances chimiques présentes dans l’environnement. Pour réaliser cette fonction, ils peuvent s’appuyer sur 3 systèmes : olfactif, gustatif et trigéminalDéfinitionle nerf trijumeau est la 5ème paire des nerf crâniens dont le rôle est moteur pour la mastication et sensitif des téguments de la face. Les fibres afférentes somatiques générales du système trigéminal assurent l'innervation de la face, de la cavité buccale entre autre. Il se distribue également aux muscles masticateurs par des fibres viscérales spéciales.
Les perceptions chimiques sont, avec les perceptions cutanées de la température et la douleur, les premières à se différencier au cours de la période embryonnaire. Ce développement se fait même très précocement car les principaux systèmes chimio-sensoriels de la sphère bucco-nasale atteignent leur maturité anatomique vers le début du 2ème trimestre de gestation et sont prêts à entrer en fonction.
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Environnement utérin
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Les voies d'accès aux stimulations
Avant de détailler les différentes stimulations chimiques potentielles, il convient d’étudier les 2 voies d’accès.
La première est le liquide amniotique car les cavités orales et nasales sont remplies par le LA dès leur formation au 2ème mois. De plus, l’intense activité de déglutition et d’inhalation du fœtus qui contribue d’ailleurs à son renouvellement, offre des possibilités de détection des molécules dissoutes dans ce LA.
La seconde voie est hématogène. En effet, il a été mis en évidence que des molécules chimiques présentes à l’intérieur du fœtus peuvent être perceptibles à proximité des cellules réceptives après diffusion à travers les capillaires sanguins.
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Les stimulations olfactives et gustatives
De nombreux éléments entrant dans la composition de base du LA sont susceptibles d’activer les récepteurs olfactifs et gustatifs du fœtus. La nature de ces éléments dépend de l’alimentation maternelle et de son environnement. En effet, les composants aromatiques des aliments passent partiellement dans le sang maternel puis dans le placenta et enfin dans le LA. De même, des molécules inhalées, passent dans le plasma au niveau pulmonaire et se retrouvent aussi dans le LA. Cependant, toutes ne passent pas le placenta, cela dépend de leur poids moléculaire. Néanmoins la perméabilité du placenta va croissant avec le terme augmentant les palettes olfactive et gustative du fœtus.
Parmi les composants naturellement présents dans le LA, on retrouve :
- Pour l’olfaction : l’acide lactique (note olfactive de lait/beurre) et l’acide phénylacétique (note olfactive de fleur/miel) ;
- Pour le goût : le glucose, le fructose ; l’acide citrique et divers sels minéraux
En résumé, le LA est un milieu hautement stimulant chimiquement, complexe et dynamique. Les variétés chimio-sensorielles s’amplifient avec l’avancement de l’âge de la gestation et sont liées à la physiologie et aux influences maternelles.
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Compétences du fœtus
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Réactivité aux stimulations olfactives
À ce jour, il n’y a pas de démonstration directe du fonctionnement de l’odorat chez le fœtus car pour des raisons éthiques, des études sont difficiles à faire. Néanmoins, il existe des preuves indirectes.
En effet, des études conduites sur des modèles animaux ont montré que le fœtus animal est capable de détecter, de se familiariser et mémoriser in utero des odorants présents dans le LA. Smotherman, en 1982, a révélé que les rats exposés in utéro à une faveur de pomme préfèrent ingérer au sevrage, une solution de jus de pomme plutôt qu’une solution de sirop d’érable de même valeur attractive. Molina, en 1995, a montré que l’infusion d’alcool en une seule exposition juste avant la naissance, peut induire une préférence envers l’odeur d’alcool chez le raton nouveau-né.
Des données obtenues auprès d’enfants prématurés nés entre 26 et 31 SG, montrent qu'ils sont réactifs aux stimulations olfactives. Au 8ème mois de grossesse, les voies chimio-réceptives sont suffisamment réceptives pour détecter l’odeur de menthe.
Chez le nouveau-né, des expériences ont été effectuées permettant aussi d’attester de compétences fœtales de mémorisation. Il a été démontré qu’à 3 jours, il s’oriente préférentiellement vers l’odeur de LA par rapport à l’odeur témoin. Lorsqu’il a le choix entre l’odeur de son LA et celle d’un LA témoin, il s’oriente plus rapidement et plus longuement vers le sien (Schaal, 1995, 1998).
D’autres expériences menées par Schaal en 2000 ont montré qu’une substance consommée par la mère pendant les dernières semaines de grossesse induit chez le nouveau-né une préférence stable à cette odeur par rapport à une autre référence. Les substances testées étaient l’anis, la vanille, l’ail, le chocolat et la carotte. Faas, la même année, a mis en évidence une liaison entre la fréquence de la consommation d’alcool et une augmentation de l’activité motrice de leurs nouveau-nés de 2 jours à la présentation de l’odeur d’alcool.
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Réactivité aux stimulations gustatives
Les données à ce sujet sont peu nombreuses. Mais deux preuves indirectes donnent un éclairage. L’enregistrement électro-physiologique effectué chez le fœtus ovin montre que les saveurs salées et sucrées sont détectées in utero et les réponses sont identiques à celles observées à terme. Et l’observation des enfants prématurés montre qu’à 6 mois de gestation, ils sont capables de réagir au sucré par des mouvements de succion et de détente, à l’acide par une salivation accrue, à l’amer par un mouvement de rejet et au salé mais les réponses sont ambigües. Les bourgeons du goût sont donc fonctionnels.
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Remarques
Toutes ces observations montrent que le fœtus semble apte à percevoir certaines stimulations olfactives et gustatives. Mais on ignore encore l’éventail des stimulations chimiques auxquelles il est sensible, l’ampleur des fluctuations chimiques induites par l’alimentation maternelle et le seuil de sensibilité de perception du fœtus.
De plus, il faudrait préciser le rôle éventuel dans le développement de l’enfant de ces perceptions prénatales développées si précocement. En effet, au plan comportemental, les expériences chimio-sensorielles acquises au cours de la vie fœtale pourraient faciliter la vie postnatale et favoriser le développement des interactions sociales et du milieu familial. Ainsi plusieurs études ont montré la ressemblance entre le LA et le colostrum soumis tous deux au dernier repas consommé par la mère et l’impact de la familiarisation prénatale de l’odeur du LA dans l’attraction envers l’odeur du sein et du lait maternel car l’enfant reconnaît l’odeur de sa mère et est apaisé par elle.
Toutes ces compétences ne sont pas à négliger comme l’avidité au sucré existant en prénatal qui est utilisé pour calmer l’enfant, dès sa naissance, lors des prélèvements sanguins.
8/10