2  -  Métabolisme et croissance

Jusqu'à 20 SG, la croissance fœtale s'effectue principalement par multiplication cellulaire ; puis, en fin de grossesse, elle repose sur l'augmentation de la taille des cellules.
À l'approche du terme, le fœtus utilise 95 cal/kg/j dont 40 sont stockés pour sa croissance et 55 oxydés pour fournir l'énergie nécessaire au métabolisme de base, à son activité et au coût de sa croissance.

2 . 1  -  Les facteurs déterminants

La croissance fœtale est influencée par des facteurs maternels, environnementaux et dépend du métabolisme énergétique de l'unité fœto-placentaire et du contrôle de la régulation hormonale fœtale.
Pendant la première moitié de la grossesse, elle paraît être dépendante de facteurs génétiques. Dans la deuxième moitié, les facteurs placentaires et nutritionnels jouent un rôle prépondérant.

2 . 1 . 1  -  Les facteurs génétiques parentaux

L'obésité, le poids de naissance et la taille de la mère influencent la croissance fœtale. Le génome maternel est responsable d'environ 20 % de la variance du poids de naissance.

2 . 1 . 2  -  Les facteurs environnementaux

Plusieurs facteurs ont été mis en évidence.

  • La parité : Le poids augmente avec la parité jusqu'au 5ème enfant
  • La taille de l'utérus : Ce facteur n'est pris en compte qu'en cas de malformation utérine qui entrainerait plus de RCIU et donc d’hypotrophies
  • La nutrition : L'ensemble des nutriments (glucose, acides aminés, lipides, vitamines et oligo-éléments) ainsi que l'eau assurent les besoins oxydatifs, la croissance et la constitution de réserves énergétiques du fœtus. L'accumulation des protéines tissulaires se fait à partir des acides aminés d'origine maternelle de l'ordre de 3 g de protéines/kg de poids fœtal/24h. Une prise de poids maternelle supérieure à 20 kg pendant la grossesse augmente le risque de macrosomie. Par contre, un apport calorique maternel inférieur à 1 500 cal/j durant le 3ème trimestre entrainerait une réduction de poids fœtal.
  • Les addictions maternelles : La consommation de tabac, d’alcool et ou de drogues influence aussi le développement fœtal
  • L'altitude : Au Pérou, le poids moyen des nouveau-nés est inférieur de 15 % à celui de ceux nés au niveau de la mer.

2 . 1 . 3  -  Le placenta

 Le placenta
Pour en savoir plus sur les annexes :
 Le cordon
 Le liquide amniotique
 Les membranes

La croissance fœtale est directement liée au bon développement et au bon fonctionnement du placenta.
La surface d'échange placentaire passe de 5 m2 à 28 semaines à environ 12 m2 dans le placenta à terme et le débit utéro-placentaire de 50 à 500 ml/min.
Le fœtus se développe grâce à quatre types d'échanges au travers du placenta :

  • le transport passif : sans apport énergétique, pour l'oxygène, le gaz carbonique, les graisses et l'alcool ;
  • le transport facilité : permettant pour le glucose, de traverser la membrane plasmique grâce à l'intervention d'une molécule porteuse (protéine canal sélective) ;
  • le transport actif : avec apport d'énergie, pour certains acides aminée et ions comme le calcium, phosphore et potassium ;
  • le transport transendocyte : pour les macromolécules, comme le fer ou les immunoglobuline.


La fonction endocrine du placenta joue un rôle important dans la croissance fœtale par la sécrétion, entre autres, de facteurs de croissance, cytokines et l'hormone lactogène placentaire.

2 . 1 . 4  -  Les facteurs génétiques fœtaux

Plusieurs facteurs ont été mis en évidence :

  • Le gène de l'IGF-2 s'exprime à partir de l'allèle paternel et favorise la croissance. Le gène du récepteur de l'IGF-2 s'exprime à partir de celui de la mère et limite la croissance.
  • Le sexe du fœtus : les nouveau-nés masculins pèsent, en moyenne, 100 grammes de plus que ceux de sexe féminin.
  • Les malformations chromosomiques ou génétiques : elles perturbent souvent la croissance fœtale dans le sens de la restriction.

2 . 1 . 5  -  Les facteurs endocriniens fœtaux

Le glucose est le principal substrat énergétique (60 %) pour le fœtus et se destine essentiel pour le métabolisme normal et la croissance du fœtus. Son métabolisme est directement dépendant de l'apport maternel, de sa concentration plasmatique fœtal et de la production croissante au cours de la gestation, d'insuline sécrétée par le pancréas du fœtus. La sécrétion et l'action de l’insuline sont affectées par la concentration de glucose ainsi que le nombre et l'activité des transporteurs de glucose favorisant, ainsi, l’augmentation de la masse des tissus insulino-sensibles (muscles, squelette, foie, cœur, tissu adipeux).
L'origine des graisses, représentant jusqu'à 18 % de son poids, proviennent du transfert placentaire d'acides gras et de triglycérides et aussi de la synthèse fœtale à partir du glucose.
L'apport de glucose et le métabolisme des acides aminés sont intimement liés tels que l'équilibre protéique et la croissance sont des variables qui apparaissent subordonnées au métabolisme oxydatif du fœtus. Le fœtus se développe grâce à des mécanismes qui tendent à maintenir son métabolisme énergétique relativement constant, aux dépens de sa croissance quand l'approvisionnement énergétique est déficient.

Les IGF-1et IGF-2, facteurs de croissance, jouent aussi un rôle dans la synthèse protéique et le métabolisme glucidique du fœtus.
Les hormones thyroïdiennes interviennent sur la maturation du squelette du fœtus, mais pas sur sa croissance.

2 . 2  -  La cinétique de la croissance fœtale

La croissance fœtale est un paramètre important de la surveillance de la grossesse. Il est donc essentiel d'en connaître les normes pour dépister les anomalies potentielles et évaluer le degré de gravité et d'urgence de la prise en charge obstétricale.
Les outils d'évaluation de la croissance fœtale sont clinique par la mesure de la HU ( Etude clinique et paraclinique de la grossesse ) et paraclinique par les mesures échographiques ( L'échographie obstétricale ).
La croissance fœtale est phénoménale et exponentielle expliquant le besoin énergétique croissant.
Entre 10 SA à 41 SA, la taille du fœtus varie de 3 à 50 centimètres et son poids de 5 à 3 500 grammes (tableau 1)

Tableau 1 : évolution mensuelle de ces deux critères entre 3 et 9 mois
Source : UVMaF
Graphique 1 : Cinétique staturo-pondérale entre 3 et 9 mois de grossesse
Source : UVMaF

La croissance staturale fœtale est maximale au milieu de deuxième trimestre et sa croissance pondérale au milieu du troisième.

Outre cette vitesse de croissance, la composition corporelle du fœtus se modifie considérablement (tableau 2).

Modifications de la composition corporelle du fœtus entre 23 SA et 40 SA
Source : UVMaF

 LAUGIER.J, ROZE.JC, SIMEONI.U, SALIBA.E. , Soins aux nouveau-nés

Graphique 2 : Modification de la composition corporelle entre 23 et 40 SA
Source : UVMaF

La proportion eau-graisse dans le corps du fœtus s'inverse progressivement. Le poids sec passe de 12 % à 31 %. Sa constitution varie de 5 % de masse grasse et 95 % de masse maigre à 50 % à 23 SA à un équilibre de 50 % de ces deux masses à 40 SA
À terme, pour un poids total de 3 500 grammes, l'eau représente 70 % du poids total (2 400 gr), le poids sec 30 % (1 050 gr ; dont environ 560 gr de graisse (53 %), 420 gr de protéines (40 %) et 30 gr de glycogène (6 pour le foie et 24 pour les muscles).

7/10