6  -  Principe du traitement

6 . 1  -  L'éviction

Le traitement de ces affections repose sur l'éviction de l'allergène en cause et la prophylaxie des expositions aux autres allergènes :

  • conseiller l'éviction de(s) allergène(s) après les avoir identifiés et prodiguer des conseils pour rendre l'environnement mois sensibilisant,
  • contrôler l'environnement :
    • les acariens : l'intérieur : entretien de la literie, prohiber les oreillers, coussins, avec des plumes, favoriser un intérieur sobre (limiter les fauteuils style confortables, les tapis, les moquettes, etc.), favoriser une hydrométrie normale (éviter l'humidité), le renouvellement de l'air, les températures intérieures n'excédant pas 20-22°C avec si possible des variations thermiques (baisse de la température la nuit) ;
    • les animaux domestiques : il n'est pas toujours possible de demander à un enfant de se séparer d'un animal domestique, il faut éviter la présence d'animaux (chats) dans les chambres d'enfant, favoriser les zones réservées aux enfants et d'autres réservées aux animaux ;
  • les pollens :
    • tenir compte des calendriers polliniques,
    • limiter les accès à des espaces verts non entretenus ;
  • les allergènes professionnels : se référer au tableau des maladies professionnelles, collaborer avec le médecin du travail pour un éventuel changement de poste.

6 . 2  -  La pharmacothérapie

Traitements majeurs

Les corticoïdes sont efficaces sur la majorité des manifestations atopiques incluant asthme, rhinite allergique, conjonctivites allergiques et dermatite atopique. Leur mode d'action consiste en :

  • une fixation sur des récepteurs cytosoliques,
  • une translocation nucléaire,
  • une inhibition de transcription (dont celle des gènes de cytokines).


Ils ne sont pas toujours efficaces sur l'eczéma de contact, en particulier quand l'allergène reste en contact avec la peau, ou vis-à-vis d'allergènes très sensibilisants. Ils agissent sur tous les signes de l'inflammation : œdème, érythème et prurit.

Cependant, leur utilisation est limitée par les effets secondaires indésirables.

Leur principale utilisation est sous forme d'application locale, cutanée, en crèmes et pommades, principalement dans la dermatite atopique (cf. Item 114 : Dermatite atopique ) ; nasale, en gouttes et nébuliseurs, où on les associe aux antihistaminiques par voie générale, pour la prise en charge de la rhinite allergique ; bronchique, sous forme de spray ou d'aérosols, dans l'asthme.

Les utilisations par voie générale ont des indications précises (voir cours suivants). En urgence, ils sont utilisés par voie sous-cutanée, intramusculaire ou intraveineuse, pour traiter les manifestations œdémateuses (œdème facial, œdème de la glotte), urticariennes généralisées, et pour prévenir la phase secondaire de l'anaphylaxie. Ce ne sont pas des médicaments du choc anaphylactique, où l'adrénaline est formellement indiquée.

Ils sont contre-indiqués en cas d'infections virales et doivent être associés à des antibiotiques en cas de surinfections bactériennes ou à des antifongiques en cas de surinfections par des champignons.

Les antihistaminiques sont efficaces principalement, administrés per os, sur les rhinites et conjonctivites, l'urticaire, et les phénomènes œdémateux allergiques en application locale. Seuls les anti-récepteurs H1 de l'histamine sont actifs dans les pathologies allergiques ; les anti-H2 ont parfois été proposés en association, mais leur activité n'a jamais été formellement démontrée dans cette indication. Les antihistaminiques ont un effet vasoconstricteur et antiprurigineux. Leur action est immédiate. Les antihistaminiques de première génération avaient d'importants effets sédatifs ; cet effet secondaire a été très atténué dans les produits de deuxième génération, et n'est souvent pas détectable dans ceux de troisième génération. L'utilisation des antihistaminiques par voie parentérale (en général de deuxième génération) a sa place, comme celle des corticoïdes, dans les phénomènes œdémateux et urticariens généralisés vus en urgence.

Les autres anti-médiateurs : les antileucotriènes ont désormais une AMM en France, dans l'asthme. Ils peuvent être utiles en cas de résistance aux traitements plus conventionnels de l'asthme ; certains patients sont de « bons répondeurs », certains autres semblent relativement réfractaires à leur action.

6 . 3  -  Autres traitements

Les broncho-dilatateurs (bêta-agonistes) ont des indications dans l'asthme et dans les bronchospasmes des réactions anaphylactiques.

Les anticholinergiques peuvent être prescrits en cas de rhinite allergique ; ils induisent cependant une accoutumance et ne doivent être utilisés que ponctuellement.

Les cromones, qui agissent comme stabilisateurs de la membrane mastocytaire et anti-dégranulants, ont des actions limitées, en administration locale (nasale, oculaire, dans le rhume des foins, principalement ; bronchique, pour la prévention de l'asthme d'effort), ou par voie digestive, dans certains cas d'allergie alimentaire.

L'épinéphrine (adrénaline), alpha-bêta-agoniste d'action rapide, par voie intramusculaire ou intraveineuse, constitue le traitement de base des chocs dans les réactions anaphylactiques. Elle est maintenant disponible (et remboursée) sous forme de seringue ou de stylo auto-injectable, utilisables dans les trousses d'urgence pour les patients menacés de chocs anaphylactiques itératifs.

6 . 4  -  L'immunothérapie (anciennement appelé désensibilisation, appelé plus récemment vaccination spécifique d'allergène)

Elle consiste en l'injection sous-cutanée, de façon répétée, de faibles doses d'allergènes purifiés. Ses indications ont été limitées au cours des dernières décennies en raison de ses effets secondaires d'une part et des progrès des méthodes préventives et de la pharmacothérapie d'autre part. Cette méthode connaît néanmoins une période de réhabilitation face à la purification (et/ou au clonage) des allergènes, à l'utilisation d'allergènes modifiés limitant les effets secondaires et à l'utilisation d'essais thérapeutiques contrôlés.

Ses indications effectives sont actuellement limitées :

  • au venin d'hyménoptère (guêpes surtout) : dans ce cas, son efficacité est remarquable (plus de 95 % de bons résultats), et l'induction de l'immunothérapie peut être réalisée, sous contrôle médical strict, en quelques heures, ne nécessitant pas d'hospitalisation (technique « rush ») ;
  • aux acariens, aux pollens, chez des patients mono- ou pauci-sensibilisés. Les poils d'animaux (chats) et certaines moisissures peuvent aussi être utilisés, mais les résultats aussi bien que la tolérance au traitement sont plus médiocres.


Des essais cliniques sont en cours pour une immunothérapie des allergies alimentaires, mais l'application clinique en routine n'est pas encore validée.

Les techniques d'immunothérapie sublinguale/orale commencent à être validées par des études contrôlées. Leur pratique risque de modifier l'utilisation de l'immunothérapie dans les années à venir.

L'immunothérapie n'a pas de place actuellement dans le traitement des hypersensibilités retardées de contact.

6 . 5  -  Perspectives thérapeutiques

Elles sont basées sur une meilleure connaissance de la physiopathologie des maladies allergiques. Elles se développent dans 2 directions :

  • une optimisation de l'immunothérapie spécifique, en utilisant des allergènes recombinants, et ou en adjoignant à l'allergène un adjuvant destiné à moduler la réponse immunitaire (comme les motifs immunostimulants CpG) ;
  • une modulation de la réponse immunitaire, par des cytokines et des anti-cytokines, ou par des anti-IgE.


Aucune n'a cependant encore atteint le stade d'application clinique malgré de multiples essais thérapeutiques.

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