4  -  Mécanismes cellulaires et moléculaires de l'allergie – physiopathologie

Le développement d'une allergie se fait en plusieurs étapes.

4 . 1  -  Sensibilisation

La première étape est une étape de sensibilisation vis-à-vis d'un allergène.

Cette première étape peut avoir lieu pendant la vie intra-utérine (allergènes traversant la barrière placentaire). Elle survient le plus souvent pendant la petite enfance.

Cette sensibilisation résulte de la présentation d'un allergène aux cellules T CD4 par des cellules spécialisées dans cette fonction : les cellules dendritiques et les cellules de Langherans de la peau. La présentation de l'allergène active les lymphocytes T CD4 qui se différencient en lymphocytes dits Th2 qui produisent de l'IL4 et de l'IL5. L'IL4 contribue à la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes et induit une production d'IgE par ces plasmocytes.

Une sensibilisation est une condition nécessaire mais pas suffisante pour qu'une maladie atopique s'exprime (environ 20 % des individus ont des signes de sensibilisation – test cutanés positifs – vis-à-vis d'un allergène donné, sans aucune manifestation clinique).

4 . 2  -  Déclenchement de la réaction allergique IgE-dépendante

La deuxième étape est une étape effectrice responsable des manifestations allergiques. Elle survient à l'occasion d'une nouvelle rencontre de l'allergène. Elle se décompose elle-même en deux phases : la phase aiguë et la phase inflammatoire :

  • la phase aiguë résulte d'une réaction d'hypersensibilité immédiate : l'allergène interagit avec les IgE préformées fixées sur les récepteurs de haute affinité pour les IgE (FCeRI) sur les mastocytes. Ces cellules libèrent des médiateurs variés contenus dans des granules (principalement l'histamine) ou synthétisés à partir des phospholipides membranaires (leucotriènes, PAF-acéter) qui sont responsables de la phase aiguë, caractérisée par une vasodilatation, avec œdème et hypersécrétion muqueuse, et une contraction des muscles lisses (en particulier, bronchoconstriction). Ces effets, et leurs médiateurs, sont les cibles des principaux traitements symptomatiques de l'allergie (antihistaminiques, antileucotriènes, anti-dégranulants du mastocyte, bêta-stimulants…). Les mastocytes libèrent également des chimiokines et des cytokines qui contribuent au recrutement d'effecteurs secondaires dont les éosinophiles ;
  • la phase inflammatoire est due au recrutement local d'éosinophiles mais également de macrophages, secondaire à la libération de cytokines et de chimiokines par les lymphocytes T CD4, les mastocytes et les basophiles. Cette deuxième phase survient quelques heures après la première. Son expression clinique est inconstante.

4 . 3  -  Autres mécanismes

La dermatite de contact est en relation avec une hypersensibilité retardée, vis-à-vis d'une petite molécule de type haptène, qui met en jeu une phase effectrice cytotoxique, où interviennent principalement les lymphocytes T CD8 (cf. Item 114 : dermatite de contact ).

Dans la dermatite atopique, à la mise en œuvre des mécanismes généraux IgE-dépendants s'ajoute un mécanisme local d'hypersensibilité retardée cutanée, où l'allergène, protéique, présenté par les cellules de Langerhans de la peau aux lymphocytes T est en quelque sorte « concentré » par la présence d'IgE à la surface de ces cellules.

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