3  -  Diagnostic de la splénomégalie

3 . 1  -  Comment palper la rate

La palpation se fait chez un patient allongé en décubitus dorsal, la tête à l’horizontale. La rate est palpée avec la main posée à plat en oblique, le patient respirant profondément. Le bord inférieur, recherché depuis la fosse iliaque gauche en remontant vers le rebord costal, vient toucher la pulpe des doigts. On retrouve ici une masse de l’hypochondre gauche, antérieure, superficielle, dont on palpe l’extrémité inférieure et parfois le bord antéro-interne crénelé. Elle est mobile à l’inspiration profonde et sans contact lombaire.

Il faut mesurer la taille de la splénomégalie sous le rebord costal et prendre un calque qui servira de référence pour l’évolution. Le débord sous les côtes doit être mesuré en centimètres : minime (débord de 1–2 cm), modéré, ou massif (plus de 10 cm de débord).

Quand la splénomégalie est majeure, le pôle inférieur peut atteindre la fosse iliaque et dépasser l’ombilic, occuper tout le flanc gauche et poser une difficulté de palpation (piège classique de la palpation).

3 . 2  -  Diagnostic différentiel à la palpation

La découverte d’une masse de l’hypochondre gauche doit faire également évoquer :

  • une hypertrophie du lobe gauche hépatique ;
  • un gros rein gauche, mais la masse est plus postérieure, avec contact lombaire, immobile à l’inspiration profonde ;
  • un kyste ou une tumeur de la queue du pancréas ;
  • une tumeur digestive ou mésentérique ; une tumeur de l’angle colique gauche est parfois antérieure mais immobile, avec un pôle inférieur mal limité et un bord antérieur non crénelé ;
  • une tumeur surrénale gauche ;
  • un cancer gastrique.


L’échographie abdominale ou le scanner aident à lever les incertitudes.

3 . 3  -  Confirmation de la splénomégalie par l’imagerie

L’imagerie n’est pas indispensable pour confirmer la splénomégalie, mais elle permet en outre une mesure tridimensionnelle et le calcul du volume splénique, et apporte en plus des renseignements sur la structure de la rate (homogène ou non) et des autres organes intra-abdominaux.

Elle a une utilité diagnostique en cas de doute ou dans les cas difficiles (ascite, obésité, masse de l’hypochondre gauche d’origine indéterminée…).

  • L’abdomen sans préparation n’a plus d’intérêt.
  • L’échographie abdominale confirme la nature splénique de la masse palpée, visualise la taille de la rate et renseigne sur la forme (globuleuse et non concave), l’homogénéité (kyste, hématome), et visualisera d’éventuelles anomalies associées (hépatomégalie, adénopathies profondes, signes d’hypertension portale). La rate est augmentée de volume lorsque deux de ses dimensions sont anormales (valeurs normales : 12 à 14 cm pour le grand axe [longueur], 4 à 8 cm pour l’axe transversal [épaisseur], 6 à 12 cm pour l’axe antéropostérieur [largeur]).
  • La tomodensitométrie n’est pas utilisée en première intention pour évaluer le volume de la rate. Elle montre la perte de la concavité, la densité et l’homogénéité du parenchyme, et la présence éventuelle d’adénopathies ou autres masses associées.
  • L’étude isotopique a un intérêt fonctionnel, uniquement pour la mise en évidence d’une métaplasie myéloïde (injection d’indium 111).
  • Les explorations radiologiques vasculaires n’ont pas d’intérêt dans la démarche diagnostique.
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