4  -  Prévention des complications de l’immobilisation

La prévention de l’immobilisation et de ses conséquences est un enjeu majeur du soin prodigué aux personnes âgées. Elle nécessite un travail d’équipe centré autour de protocoles de soins normalisés et validés.

4 . 1  -  Les principes généraux de la prévention

Ils consistent :

• à limiter les circonstances dans lesquelles le patient doit être maintenu au lit,
• à réduire les délais de réalisation des examens complémentaires nécessaires au  diagnostic  et  au  traitement  des malades hospitalisés,
• à encourager sans cesse toute l’équipe à la  mobilisation  précoce  au  lit  des malades âgés hospitalisés, leur mise au fauteuil puis à la marche. Une motivation générale doit être initiée et entretenue par les médecins et les responsables du soin pour que les personnes âgées soient levées, habillées, coiffées et marchent.
• à éduquer l’entourage social et familial de la nécessité de lutter contre le maintien au lit.

4 . 2  -  La prévention des complications hémodynamiques et thrombo-emboliques

Elle fait appel :

• à la mobilisation active des membres inférieurs, massage de la semelle de Lejars, exercices permettant la position assise au bord du lit, exercices respiratoires au moins quotidiens,  au  port  d'une  contention  élastique adaptée et replacée deux fois par jour,
• à l’héparinothérapie préventive après évaluation  individuelle  du  risque  de maladie thrombo-embolique.

4 . 3  -  Des apports nutritionnels et hydro-électrolytiques adaptés

• 500 à 2000 Kcal/jour en cas de syndrome inflammatoire,
• au moins 2000 Kcal/jour en cas d’escarres,
• 1,5 à 2 litres d’eau par jour

4 . 4  -  Des mesures hygiéno-diététiques

visant à favoriser le transit et l’élimination urinaire.

• La constipation doit être dépistée et traitée : les laxatifs doivent être émollientsDéfinitionÉmollient est un terme médical désignant un médicament ayant pour propriétés d'amollir et de détendre les tissus de l'organisme. et non mucilloïdes pour réduire le volume fécal. La défécation doit être stimulée en utilisant le réflexe gastrocolique post-prandial, des suppositoires à la glycérine ou des petits lavements.
• En cas de fécalome, un lavement huileux suivi d’un lavement évacuateur suffit généralement.  Sinon,  l'extraction  au doigt doit être délicate et prudente pour ne pas léser le sphincter anal. En cas d’échec, une extraction sous anesthésie est envisageable.
• Il ne faut pas mettre de couches systématiquement la nuit à tous les patients mais  répondre  rapidement  à  leurs demandes d'aide à la miction ou à la défécation. Si ce n’est pas possible, présenter régulièrement le bassin ou l’urinal. En présence d’un fécalome, il faut s'assurer  de  l’absence  de  rétention d’urines par un sondage vésical post mictionnel.

4 . 5  -  La prévention des escarres

Si l’on se base sur les recommandations européennes  sur  la  prévention  des escarres il est possible de résumer les points suivants.

L’utilisation d’échelles de risque d’escarre est  recommandée  pour  identifier  les malades à risque. Ces patients sont alors rapidement installés sur des supports de redistribution  des  pressions  (matelas, coussins). Ils doivent être changés de position régulièrement, si leur état de santé le permet. La fréquence des changements de position  est  cohérente  avec  les  autres objectifs du traitement. Les positions correctes ou les matériaux, comme des coussins ou des cales de mousse, doivent être utilisés pour éviter le contact direct des proéminences  osseuses  entre  elles  (par exemple les genoux, les talons ou les chevilles). L’agression cutanée liée aux frottements et aux forces de cisaillement est minimisée grâce à des techniques de positionnement, de transfert et de re-positionnement correctes. L’état de la peau est inspecté  régulièrement  pour  dépister  les escarres dès le stade 1. Il faut éviter les massages sur les proéminences osseuses car ils ne préviennent pas les escarres et peuvent au contraire entraîner des dégâts tissulaires supplémentaires. Il faut trouver les sources d’humidité excessives et les éliminer, si cela est possible. Lorsque l’état de santé du patient s’améliore, une rééducation est débutée. Dans toutes les unités de soins, les individus considérés comme étant à risque de développer des escarres, bénéficient d’un plan de prévention personnalisé et écrit.

 DEMOUTIEZ C. Escarre : acte 1: prévenir plutôt que guérir [vidéo]. Canal – U / TICE MEDECINE & SANTE. 14/01/2007.

 Haute Autorité de Santé. Prévention et traitement des escarres de l’adulte et du sujet âgé [en ligne]. Décembre 2001.  

4 . 6  -  La prévention de l’enraidissement articulaire, des rétractions tendineuses et des positions vicieuses fixées

•  Elle passe par une mobilisation précoce au lit de toutes les articulations et le positionnement  correct  des  membres immobilisés.
• La prévention de l’amyotrophie impose des exercices actifs ou des contractions musculaires isométriques au lit.
• La position assise au bord du lit doit être proposée tous les jours pendant des périodes de plus en plus longues. Dès que l’état hémodynamique le permet, la mise au fauteuil s’impose suivie de près par la mise en orthostatisme et à la marche, si besoin avec l’aide d’un plan incliné ou d'une table de verticalisation.
• Dans les suites de chutes la reprise de la marche doit être précoce et sous le contrôle  d’un  kinésithérapeute  ;  le patient s'aide d’un cadre de marche pour réduire la rétropulsion, favoriser l’antépulsion et limiter la peur du vide

4 . 7  -  D’autres mesures

Elles peuvent être utilisées en cas de désafférentation sensorielle liée à l’isolement : encouragement  au  soutien  familial  et affectif, stimulation des repères temporo- spatiaux (téléphone, calendrier, pendule, télévision, journaux, radio...).

Conclusion

Une personne âgée immobilisée est en situation de risque de perte de son autonomie. Elle peut devenir grabataire et en mourir.

La lutte contre les complications de décubitus doit faire partie du projet thérapeutique. Cela nécessite de la part de toute l’équipe soignante une grande énergie pour prévenir les complications, puis rassurer, encourager, stimuler le patient et son entourage.

Cette attitude active et positive permet au patient de désirer et d'envisager la sortie de la maladie, et de bénéficier du plus grand degré d’autonomie possible.

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