2  -  Causes d’immobilisation


L’apparition d’un syndrome d’immobilisation est consécutive à un alitement ou simplement une réduction d’activité liée à un de ces états pathologiques mais aussi à d'autres  événements  (deuil,  déménagement de proches, contrariétés diverses).

Les syndromes de régression psychomotrice et de glissementDéfinitionLe terme de glissement a été utilisé utilisé en 1967 par P. Graux pour désigner la modification du comportement de certaines personnes très âgées. Ce changement se caractérise par une détérioration globale des fonctions intellectuelles, un désintérêt pour toutes choses, un refus de se mouvoir et de s'alimenter. Le plus souvent cette pathologie est consécutive à une maladie ou un accident. Son pronostic est très péjoratif. en constituent souvent la première étape et doivent être repérés précocément.
Deux tableaux ont été bien individualisés chez la personne âgée :

2 . 1  -  Le syndrome de régression psychomotrice

Le syndrome de régression psychomotrice associe des troubles posturaux statiques et dynamiques à une composante psycho-comportementale,  réalisant  un  tableau très particulier :

• En position assise, le patient a une attitude rigide, le buste en arrière, le bassin en antépulsion. Le maintien au fauteuil est difficile, le patient glisse et devra être maintenu.
• La marche est rendue impossible par une forte rétropulsion et une astasie-abasie. Le patient ne peut se pencher en avant. Il a une phobie du vide et attire le soignant dans sa tendance à la chute ("planche à voile"). Il tremble de tous ses membres lorsqu’on le lève. Il existe une hypertonie réactionnelle à la mobilisation passive et une disparition des réactions normales d’équilibration à la poussée.
• L’examen  neurologique  ne  trouve aucun élément extra-pyramidal, cérébelleux ou vestibulaire. On ne trouve aucun signe pouvant évoquer un état multi-lacunaire (rire et pleurer spasmodique, troubles de déglutition...).
• Un ralentissement idéatoire, une diminution de la capacité d’initiative, des troubles  de  la  mémoire  et  une recherche de la dépendance (clinophilieDéfinitionLa clinophilie est le fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des heures, tout en étant éveillé. C'est un trouble d'origine psychologique parfois trouvé dans la dépression ou certaines formes de schizophrénie. Il faut faire attention à ne pas confondre ce trouble avec une véritable hypersomnie puisque dans cette dernière les patients dorment réellement et très profondément alors que dans la clinophilie on ne retrouve pas objectivement ce long temps de sommeil que les patients peuvent décrire. Dans la clinophilie si les patients se plaignent de trop dormir c'est surtout un choix de leur part et non pas un défaut physiologique d'un système d'éveil/sommeil comme dans les cas de l'hypersomnie idiopathique ou de la narcolepsie. La clinophilie peut également accompagner un syndrome post-chute dans le cadre d'une régression psychomotrice globale chez la personne âgée. demande de couches, incapacité de manger seul, langage enfantin...) sont souvent retrouvés.

2 . 2  -  Le syndrome de glissement

Le syndrome de glissement s’installe après un intervalle libre succédant à une pathologie aiguë guérie et dont il ne subsiste plus de signes cliniques ou biologiques. Il associe mutisme, refus alimentaire total, météorisme abdominal DéfinitionLe météorisme abdominal est un ballonnement abdominal dû à un excès de gaz digestifs. avec subocclusion, rétention  urinaire  et  manifestations  de régression psychomotrice. Il ne réagit pas toujours  aux  anti-dépresseurs  et  peut conduire les personnes âgées à la mort si la  prise  en  soins  multidisciplinaire  de l'équipe  gériatrique  n'est  pas  mise  en oeuvre rapidement et efficacement.

2 . 3  -  Causes abusives

Certaines causes doivent être évitées et l’installation de tels syndromes peut être qualifiée d’abusive :

A l'hôpital

A  l'hôpital,  les  causes  les  plus  fréquentes d’immobilisation abusives sont consécutives  à  l’hospitalisation  dans des structures inadaptées. Les perfusions  limitent  considérablement  la mobilité. Le patient est souvent maintenu au lit pour éviter les chutes ou les déambulations.  Le  confinement  en chambre ou au lit, l’interdiction formelle de se lever et de marcher, les barrières installées la nuit voire le jour, les couches  placées  abusivement  contribuent à induire une pathologie d'immobilisation.

A domicile

A domicile, des situations analogues peuvent se rencontrer. Certaines personnes  âgées,  encadrées  par  des familles trop aimantes et anxieuses, se voient privées de leur liberté de marcher et sont confinées au lit ou au fauteuil de peur “qu’il n’arrive quelque chose”. Les troubles moteurs des maladies neurologiques ou orthopédiques qui  rendent  la  marche  spontanée impossible,  difficile  ou  douloureuse, n’obligent pas au maintien systématique au lit. Elles nécessitent l’installation au fauteuil avec positionnement adapté des membres inférieurs et une mobilisation passive.

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