4  -  Les conséquences de la chute

4 . 1  -  Les conséquences traumatiques

La plupart des chutes n'entraînent pas de traumatisme physique sérieux. En effet,  6 à 8 % seulement des chutes seraient responsables de fractures, dont 1 fois sur 3 de l'extrémité supérieure du fémur.
Ainsi, la morbidité des chutes ne peut en aucun cas se résumer à leurs seules conséquences traumatiques.

4 . 2  -  Les conséquences psychomotrices

Elles représentent les conséquences les plus  fréquentes  et  les  plus  graves  des chutes, conduisant, en l'absence de prise en charge rapide et adaptée à la dépendance lourde et à l'installation d'un état grabataire.

En effet, la chute peut être à l'origine d'une sidération  des  automatismes  acquis, entraînant une perte des réactions d'adaptation posturale, avec difficulté à se maintenir  en  orthostatisme.  Ce  tableau  est appelé "syndrome post-chute". C'est une urgence gériatrique car, en l'absence de prise en charge adaptée (cf infra), il évolue vers un syndrome de régression psychomotrice (cf chapitre 8).

Le syndrome post-chute associe une composante motrice et une composante psychologique :

La composante motrice se définit par :

  • des troubles de la statique en position assise avec rétropulsion et impossibilité de passage en antépulsion
  • une position debout non fonctionnelle, se caractérisant par une projection du tronc en arrière  (rétropulsion),  un appui podal postérieur et un soulèvement des orteils
  • la marche, lorsqu'elle est possible, se fait à petits pas, avec appui talonnier antiphysiologique,  élargissement  du polygone de sustentation, flexion des genoux, sans temps unipodal, ni déroulement du pied au sol.

 TAVERNIER - VIDAL B. Le syndrome post-chute du sujet âgé [vidéo]. Canal – U/TICE Médecine et Santé. 14/01/2007.  

4 . 3  -  Les conséquences psychologiques

La composante psychologique, losqu'elle existe, se traduit par une anxiété majeure avec peur du vide antérieur qui gêne la marche et peut conduire à un refus de toute tentative de verticalisation.

A côté de ce tableau dramatique de syndrome post-chute, les conséquences psychologiques peuvent être plus insidieuses mais avoir une réelle gravité. La chute est l'occasion pour le patient âgé de prendre conscience de la fragilité de son état ; le choc émotionnel qui en résulte entraîne une perte de confiance en soi, un sentiment  d'insécurité  et  de  dévalorisation, avec repli sur soi, démotivation et restriction des activités. Ce tableau d'inhibition psychomotrice doit évoquer un syndrome dépressif. Toute personne âgée qui est restée au sol sans pouvoir se relever pendant plus de 3 heures doit bénéficier d'une psychothérapie de soutien dès le premier jour d'hospitalisation.

La perte d'autonomie qui en résulte est volontiers aggravée par l'entourage qui, inquiet d'une nouvelle chute, a tendance à surprotéger la personne et refuse souvent le retour au domicile. Une négociation entre l'équipe médicale, la personne âgée et sa famille est indispensable afin de trouver un compromis entre la sécurité du patient et son désir de rester à domicile.

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