9  -  Les espoirs thérapeutiques


Peu de temps après la découverte du gène, la communauté médicale et scientifique s’est enthousiasmée pour le développement et la mise en place d’une thérapie génique de la mucoviscidose. Des vecteurs adéno et lentiviraux mais également des vecteurs de synthèse ont été construits, des essais cliniques de phase 1 ont été menés, mais il fallu se rendre à l’évidence dans les années 2000 que l’on était encore loin d’une possibilité de traitement par thérapie génique. D’une part, l’expression par les adénovirus était transitoire et immunogène, les cellules souches de l’épithélium pulmonaire ne sont pas identifiées. Par ailleurs, la cible essentielle, c'est-à-dire l’épithélium pulmonaire, est remaniée, inflammatoire et encombrée de mucus, ce qui rend très aléatoire l’efficacité des transfections par des vecteurs viraux ou de synthèse. On constate aujourd’hui un retour à des travaux plus fondamentaux à la fois de vectorologie qui doivent permettre de trouver un vecteur idéal et de biologie cellulaire avant d’envisager à nouveau la mise en place d’essais cliniques.

L’espoir aujourd’hui vient du développement de petites molécules qui sont de deux types : les unes appelées « correcteurs » et les secondes « potentiateurs ». Les premiers ont pour objectif de corriger l’adressage défectueux à la membrane de la protéine CFTR et le mauvais repliement de la protéine, et les seconds visent à potentialiser l’ouverture du canal chlorure.

Une molécule - le Vertex 770 - est ressortie d’un crible réalisé par une firme pharmaceutique la firme Vertex. Des essais de phase 2/3 sont en cours actuellement, avec des premiers résultats encourageant obtenus sur des patients porteurs de la mutation G551D (40). Ces travaux illustrent bien la démarche actuelle engagée dans la recherche de thérapies ciblées reposant sur la connaissance du génotype des patients et soulignent l’importance du dépistage néonatal précoce et la connaissance exhaustive des mutations du gène, préalable indispensable à la mise en place de ces nouvelles thérapeutiques.

Conclusion

Le gène CFTR a été cloné en septembre 1989. Très rapidement la mutation la plus fréquente du gène a été identifiée – la délétion F508del – et aujourd’hui plus de 1800 mutations ont été rapportées dans ce gène. Le développement des techniques de biologie moléculaire nous permet désormais en quelques jours d’identifier l’une de ces 1800 mutations et de confirmer ou d’infirmer dans les meilleurs délais un diagnostic de mucoviscidose chez une personne suspectée d’être porteuse de la maladie. Nous pouvons également écarter, chez les conjoints de sujets hétérozygotes, la probabilité d’être porteurs et modifier de façon considérable cette probabilité (si on a pu écarter 95 % des mutations, le risque d’être porteur passe de 1/30 à 1/600).

L’organisation de la prise en charge du diagnostic moléculaire de la mucoviscidose a été bien structuré en France grâce à l’organisation en réseau mise en place par les laboratoires français et ce grâce aux financements de la DHOS (Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins). Cette organisation du diagnostic moléculaire, la mise en place du dépistage systématique en période néonatale, conjointement avec la mise en place des CRCM organisant la prise en charge clinique des enfants au sein de service dédié et spécialisé dans la prise en charge de la maladie , tout cela a contribué à améliorer notoirement l’espérance de vie des enfants atteints de mucoviscidose en France (41). Les laboratoires de génétique moléculaire se répartissent en trois niveaux de compétence : les laboratoires de niveau 1 peuvent étudier à l’aide d’un kit les principales mutations du gène, les laboratoires de niveau 2 peuvent rechercher les mutations rares et les laboratoires de niveau 3 sont les laboratoires de référence en charge des dossiers difficiles, de la formation et de la veille technologique. Ces derniers sont au nombre de quatre en France (CHRU Brest – Claude Férec ; APHP, Hôpital H. Mondor, Créteil – Michel Goossens ; CHRU Montpellier – Mireille Claustres ; APHP, Hôpital Cochin, Paris – Thierry Bienvenu).

Ce maillage du territoire permet d’offrir aux patients, quelle que soit leur situation en France, un diagnostic moléculaire de qualité permettant de donner aux patients et à leur famille un conseil génétique éclairé. Conseil génétique qui peut être simple dans le cadre de couples à risque de 1/4; avec des mutations connues, mais qui peut s’avérer complexe lorsque l’on se trouve confronté à la présence de mutations rares dont l’impact sur la fonction n’est pas prouvé.

Enfin la connaissance du gène, de la protéine et la meilleure compréhension de la physiopathologie de la maladie, permettent d’entrevoir le développement de thérapies spécifiques des dysfonctionnements de la protéine CFTR.

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