Cours

2.2. Bactéries à gram négatif

2.2.1. Bacilles à Gram négatif, anaérobies, non-mobiles

Les bactéries présentées ici appartiennent à la classe Bacteroides.

2.2.1.1. Bactéries à Pigmentation Noire (BPN)

Les Bactéries à Pigmentation Noire sont ainsi nommées car elles produisent un pigment (hème et protoporphyrine) quand elles sont cultivées sur gélose au sang, donnant à leurs colonies une couleur allant de brun au noir.

P. gingivalis sur gélose colombia
P. gingivalis sur gélose colombia
P. gingivalis sur gélose au sang
P. gingivalis sur gélose au sang

Bactéries :

Ces bactéries sont réparties en deux groupes distincts selon leur capacité à fermenter les sucres : les BPN saccharolytiques et les BPN asaccharolytiques.

BPN saccharolytiques :

Genre Prevotella
Ce genre regroupe aussi des espèces non pigmentées qui seront vues plus tard.
Espèces pigmentées : P. denticola, P. intermedia, P. loescheii, P. melaninogenica et P. nigrescens :

  • Colonies beiges puis noires,
Prevotella : Culture sur gélose enrichie en sang
Prevotella : Culture sur gélose enrichie en sang
  • Culture difficile et à croissance lente,
  • Forme de bacilles polymorphes, de 1 à 6 µm.
Prevotella intermedia, aspect des cellules au microscope électronique à balayage
Prevotella intermedia, aspect des cellules au microscope électronique à balayage
  • Habitat normal : tous les biofilms oraux, y compris le sulcus gingival,
  • Pathogènie :
        - les lésions carieuses et endodontiques,
        - les abcès apicaux ou parodontaux,
        - les poches parodontales,
        - l’irritation par les matériaux de restauration et de prothèse,
        - les infections de ces sites. Sans traitement, l’infection locale peut évoluer en infection systémique avec des signes généraux associés.
  • Facteurs de virulence : les fimbriae associés à la coagrégation bactérienne et à la fixation aux cellules de l’hôte, le lipopolysaccharide (LPS) hémagglutinant, des enzymes dénaturant les constituants du tissu conjonctif comme les collagénases spécifiques, les phosphatases, les lipases, ...
  • Résistance à l’amoxicilline par production de β lactamases.
BPN asaccharolytiques :

Genre Porphyromonas , espèces P. gingivalis, P. endodontalis, P. asaccharolytica. [lien interne annexe]

Porphyromonas gingivalis :

  • Bactérie anaérobie stricte aérotolérante,
  • Sa croissance en culture sur gélose au sang est lente, elle forme des colonies de couleur brune à noire (en 4 à 8 jours), lisses et brillantes. La croissance est optimale à la température de 37°C.
Porphyromonas gingivalis, aspect des colonies sur gélose au sang
Porphyromonas gingivalis, aspect des colonies sur gélose au sang
  • Forme de coccobacille de 0,5 à 1 µm de diamètre pour 2 µm de long,
Porphyromonas gingivalis, aspect des cellules en microscopie électronique à transmission et à balayage
Porphyromonas gingivalis, aspect des cellules en microscopie électronique à transmission et à balayage
Cellule de Porphyromonas gingivalis vue en microscopie électronique en transmission
Cellule de Porphyromonas gingivalis vue en microscopie électronique  en transmission
Porphyromonas gingivalis en microscopie immuno-fluorescence
Porphyromonas gingivalis en microscopie immuno-fluorescence
Porphyromonas gingivalis en biofilm en microscopie électronique à balayage
Porphyromonas gingivalis en biofilm en microscopie électronique à balayage
  • Bactérie asaccharolytique, P. gingivalis utilise comme source d’énergie des peptides ou des acides aminés,
  • Habitat : il est principalement retrouvé dans les sites sous-gingivaux, mais peut également être isolé dans la salive et sur les muqueuses buccales. Avant la puberté, ou en absence d’inflammation gingivale, la langue et les amygdales pourraient servir de « réservoir »,
  • Pathogénie :
        - P. gingivalis est un agent pathogène majeur des parodontites, et est plus particulièrement associé aux parodontites agressives généralisées ou chroniques sévères.
        - également retrouvé dans d’autres affections buccales comme les gingivites, les péricoronarites, les infections endocanalaires et les abcès périapicaux.
  • Facteurs de virulence : les fimbriae [En savoir plus], les hémagglutinines, le LPS, des enzymes protéolytiques et des produits métaboliques toxiques. L’expression de ces facteurs est influencée par des facteurs environnementaux tels que l’oxygène (protection par la superoxyde dismutase), la température, le pH, la présence de l’hème.
  • Résistance aux β lactamines, et le métronidazole est donc le traitement recommandé.
    [lien interne annexe]
 
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Ici, la couleur rouge a disparu autour des colonies traduisant une hémolyse.

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V : vésicule, ME : membrane externe, MP : Membrane plasmique, EP : Espace périplasmique : peptidoglycane.

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L’ultrastructure est typique d’une bactérie à Gram négatif : ME , membrane externe ; C, pseudo-capsule ; P, peptidoglycane dans l’espace périplasmique ; mC, membrane cytoplasmique ; V, vésicule extracellulaire libérée par bourgeonnement de la membrane externe qui s’exfolie aussi sous forme de fragments libres.

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(cf chapitres 1 et 3) : Les fimbriae participent à la coagrégation avec les composants salivaires, avec les autres espèces bactériennes, et à la fixation aux cellules et à des molécules de la matrice extracellulaire. Elles sont également immunogéniques. Actuellement, 6 types de fimbriae ont été identifiés et plusieurs études tendent à démontrer que la virulence de P. gingivalis serait liée à un type exprimé par la bactérie.