3. 3 - Quand faut-il évoquer le diagnostic ?

3. 3. 1 - Arguments cliniques

     Le diagnostic d’ostéite est évoqué devant des douleurs osseuses localisées, associées dans la forme aiguë hématogène à des signes inflammatoires locaux, à une fièvre et une altération de l’état général.

     Dans la forme chronique, le tableau est plus insidieux. Les douleurs évoluent par poussées entrecoupées de périodes d’accalmies ; l’os est douloureux à la pression ; des abcès des parties molles peuvent se développer, voire une fistulisation à la peau.

3. 3. 2 - Arguments biologiques

L’hyperleucocytose est inconstante. La VS et la CRP sont habituellement élevées, mais dans les formes chroniques « quiescentes », le bilan peut être normal.

3. 3. 3 - Arguments d’imagerie

– Les radiographies mettent en évidence des anomalies de la structure osseuse dès la troisième ou quatrième semaine d’évolution. Les lésions infectieuses peuvent prendre différents aspects : ostéolyse métaphysaire mal limitée cernée d’une zone de condensation, aspect pseudo-sarcomateux avec appositions périostées pluri-lamellaires.

– La scintigraphie montre constamment une hyperfixation intense mais aspécifique de la zone infectée, avant que n’apparaissent les premiers signes radiographiques.

– Le scanner permet une étude fine de la corticale osseuse et la visualisation des abcès des parties molles.

– L’IRM est l’examen clé, car elle montre un signal inflammatoire de la médullaire osseuse, bien avant que n’apparaissent les images radiographiques ou scannographiques. Elle permet également de mettre en évidence un abcès des parties molles.

3. 4 - Comment faire le diagnostic ?

     L’isolement du germe est nécessaire pour affirmer le diagnostic et pour orienter une antibiothérapie qui doit être prolongée. La recherche du germe en cause est donc la priorité absolue.

3. 4. 1 - Arguments directs

– La biopsie osseuse est l’examen indispensable.
L’étude bactériologique est effectuée après broyage du prélèvement.
Un examen direct est réalisé et le broya est ensemencé sur différents milieux de culture.

Un prélèvement à visée histologique doit également être réalisé : il permet de confirmer la nature inflammatoire de la lésion osseuse (diagnostic différentiel, +++), en montrant la présence d’un infiltrat inflammatoire de l’os constitué essentiellement de polynucléaires, dont certains sont altérés ; l’histologie peut également fournir d’importants éléments d’orientation microbiologique, en révélant par exemple la présence de granulomes épithélioïdes gigantocellulaires au cours de la tuberculose, ou de filaments mycéliens.

La ponction d’un abcès profond peut également permettre d’isoler le germe en cause.

– La ponction d’un épanchement articulaire a la même valeur dans les cas où l’ostéite s’est propagée à l’articulation. Cependant, un épanchement articulaire de voisinage peut être aseptique, purement réactionnel à l’inflammation osseuse contiguë.

3. 4. 2 - Arguments indirects

– Hémocultures : trois hémocultures sont faites à titre systématique. Elles sont répétées en cas de poussées fébriles ou de frissons et dans l’heure qui suit la biopsie osseuse ou la ponction d’un abcès car ces gestes favorisent les décharges bactériémiques.

– ECBU.

– Prélèvement d’une porte d’entrée potentielle : écouvillonnage d’une plaie, etc.

– Prélèvement d’une fistule : son interprétation est toujours difficile, car le résultat rend plus souvent compte d’une flore de contamination du trajet fistuleux que du germe responsable de l’infection osseuse profonde.


9/10