2  -  Troubles du sommeil chez l’enfant

2 . 1  -  Démarche diagnostique

2 . 1 . 1  -  Enquête clinique

  • Antécédents médicaux à connaître :
    • à propos de l’enfant :
      • terme de naissance,
      • alimentation, croissance staturo-pondérale,
      • développement psychomoteur, comportement habituel,
      • mise en collectivité, scolarité (résultats) ;
    • à propos de la famille :
      • personnes au domicile (parents, fratrie),
      • modalités éducatives, difficultés connues,
      • pathologies neuropsychiatriques.
  • Analyse du trouble du sommeil :
    • modalités d’endormissement, réveil, siestes ;
    • symptômes éventuels (ronflement…) ;
    • retentissement diurne, vécu familial ;
    • calendrier du sommeil.
  • Examen clinique détaillé :
    • rechercher des arguments pour une pathologie organique :
      • toxisyndrome évocateur d’une prise de médicaments/toxiques,
      • examen complet notamment ORL et neurologique,
    • évaluation d’un éventuel trouble psychiatrique.

2 . 1 . 2  -  Enquête paraclinique


La polysomnographie est l’examen de référence pour le diagnostic de SAOS.

Ses indications dans cette pathologie sont précisées dans le paragraphe III. SAOS de l’enfant.

Aucun examen complémentaire n’est systématique.

La HAS recommande la réalisation d’une polysomnographie dans certains troubles respiratoires du sommeil, dans les insomnies chroniques sévères (fort retentissement diurne) ou après échec de prise en charge, dans les hypersomnies centrales (narcolepsie, hypersomnie idiopathique ou récurrente), dans les parasomnies atypiques ou se traduisant par un comportement dangereux.

2 . 2  -  Étiologie des troubles du sommeil

2 . 2 . 1  -  Dysomnies


Insomnies

Les insomnies du nourrisson et du jeune enfant sont très souvent liées à une mauvaise adaptation éducative de la part des parents : conditionnement anormal à l’endormissement (rituel du coucher), prise alimentaire nocturne, insuffisance de limites. Certains troubles correspondent à des comportements non pathologiques. La peur du noir et le désir de dormir avec les parents sont transitoires.

Parfois, des causes médicales peuvent expliquer ces insomnies. Certaines sont bénignes : coliques du nourrisson, erreurs alimentaires. D’autres méritent d’être diagnostiquées : rhinite et asthme, diabète (énurésie secondaire chez un enfant antérieurement continent).

Certains enfants ont une insomnie idiopathique durable. Ce type d’insomnie pédiatrique a des liens avec le déficit d’attention-hyperactivité ou avec un tempérament capricieux.

Les insomnies du grand enfant et de l’adolescent correspondent généralement à un syndrome de retard de phase. Ce trouble du sommeil est la conséquence d’un coucher et d’un lever trop tardifs. Il est conditionné par des facteurs environnementaux et sociaux (activités scolaires et parascolaires, pression scolaire, diminution de la surveillance parentale). Des études récentes ont confirmé que les adolescents dorment moins profondément (baisse de la qualité et de la quantité du sommeil).

Il convient de dépister également à ces âges des symptômes de dépression.

Hypersomnies


L’hypersomnie idiopathique survient après l’âge de 10 ans. Elle se caractérise par une somnolence diurne excessive sans attaque de sommeil ni accès de cataplexie, sans hallucinations hypnagogiques ni paralysie du sommeil.

Ces caractéristiques sont en revanche présentes au cours de la narcolepsie, survenant chez des enfants habituellement plus âgés.

Il convient de rechercher chez ces enfants des signes cliniques de SAOS ou encore des prises de toxiques, causes organiques susceptibles d’expliquer des troubles de vigilance à l’éveil.

2 . 2 . 2  -  Parasomnies


Les cauchemars surviennent chez l’enfant âgé de 3 à 6 ans, durant le sommeil paradoxal. L’enfant est réveillé par des rêves angoissants. Il n’y a pas d’amnésie au décours.

Les terreurs nocturnes surviennent chez l’enfant prépubère, avec un réveil brutal quelques heures après l’endormissement. L’enfant est retrouvé en train de crier, avec une peur intense non apaisée par les parents. Il a une amnésie totale de l’épisode le lendemain matin.

Le somnambulisme survient le plus souvent chez le garçon âgé de 7 à 12 ans, au cours de la première moitié de nuit. L’enfant se lève et déambule, a parfois une activité plus complexe toujours identique, puis se recouche. Il a une amnésie totale de l’épisode le lendemain matin.

Il convient également d’évoquer dans ce contexte l’éventualité d’une épilepsie focale (frontale, temporale) ou une prise de toxiques en cas de présentation atypique ou de survenue durant l’éveil.

2 . 3  -  Principes de prise en charge


Le rôle de l’intervenant de 1re ligne est fondamental.

En cas de nécessité, il est possible de recourir à une équipe d’appui psychologique.

En cas de troubles du sommeil reliés à une mauvaise adaptation éducative parentale, une écoute empathique et des conseils sur l’hygiène du sommeil sont utiles.

Le traitement d’une cause organique éventuellement identifiée permet le plus souvent la régression de ces troubles du sommeil.

Insomnies : mauvaise adaptation éducative parentale chez le nourrisson et le jeune enfant, syndrome de retard de phase chez le grand enfant et l’adolescent.

Parasomnies : cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme.

Ne pas méconnaître une cause organique.

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