3 . 2  -  Intoxication au paracétamol

3 . 2 . 1  -  Généralités


Le paracétamol est le traitement antipyrétique et antalgique le plus prescrit chez l’enfant. L’enfant âgé de 1 à 4 ans est particulièrement concerné.

L’accès en vente libre facilite la consommation, mais aussi la survenue d’accidents d’intoxication. Le produit est présent dans un grand nombre de médicaments, induisant un risque de cumul des doses ingérées. L’interrogatoire rigoureux de la famille à propos de la nature des produits consommés récemment est donc essentiel dans une telle situation.

Le risque accru est lié aux sirops en flacons, malgré des systèmes de fermeture sécurisés, et des présentations adultes à 500 et 1 000 mg.

Le paracétamol est métabolisé par le foie en métabolites conjugués non toxiques. Environ 5 à 10 % du paracétamol sont oxydés par le cytochrome P450 en un métabolite appelé NAPQI, toxique mais inactivé en situation physiologique par le glutathion.

À doses toxiques, la fonction protectrice du glutathion est débordée et le NAPQI dénature les protéines de l’hépatocyte induisant une hépatite centrolobulaire.

3 . 2 . 2  -  Diagnostic


La dose toxique théorique est, pour une dose ingérée unique, supérieure à 100 mg/kg chez l’enfant.

Un surdosage non pris en charge conduit à une évolution en deux phases :

  • une phase initiale (jusqu’à H6) pauci-symptomatique : signes digestifs non spécifiques (vomissements, hépatalgie) ;
  • une phase secondaire (début après H12, maximale à H48) : majoration des signes cliniques (digestifs, neurologiques) et des désordres biologiques (élévation des transaminases, troubles de la coagulation).

Moins de 1 % des enfants intoxiqués développent une hépatite fulminante.

Dose toxique théorique chez l’enfant = dose ingérée unique > 100 mg/kg.

3 . 2 . 3  -  Prise en charge


Approche ABC systématique.

L’administration de charbon activé est discutée car l’absorption du paracétamol est très rapide, mais elle peut être proposée jusqu’à 3 heures après la prise du produit (âge > 6 ans).

Le traitement spécifique repose sur la reconstitution des stocks hépatiques de glutathion par l’administration d’un précurseur : la N-acétylcystéine (NAC).

  • Modalités de prescription de la NAC :
    • administration précoce, dans les 15 à 24 heures maximum suivant l’ingestion ;
    • voie per os ou IV selon l’état de conscience et l’existence de troubles digestifs ;
    • dose de charge de 140 mg/kg puis 70 mg/kg toutes les 4 heures ;
    • durée du traitement : 48 h en IV, 72 h en per os en cas d’intoxication avérée par les dosages sanguins, interprétés selon le nomogramme de Rumack-Matthew, en fonction du délai de prise en charge depuis la prise du toxique.
  • En pratique, le traitement par NAC est indiqué :
    • à l’arrivée de l’enfant :
      • si l’ingestion est antérieure à 8 heures,
      • si la dose ingérée estimée est supérieure à 100 mg/kg,
      • en cas d’intoxication polymédicamenteuse,
      • en présence de signes cliniques et/ou biologiques de toxicité ;
    • en fonction de la paracétamolémie après la 4e heure, en se référant au normogramme (fig. 68.1).
Figure 1: Nomogramme de Rumack-Matthew

Prise en charge urgente : NAC, réévaluation en fonction de la paracétamolémie à H4 selon le nomogramme de Rumack-Matthew.

4/5