2  -  Prise en charge d’une intoxication chez l’enfant

2 . 1  -  Identifier les situations d’urgence


La majorité des intoxications accidentelles sont bénignes et le plus souvent asymptomatiques.

Dans plus de 60 % des cas, les situations sont gérées par les centres antipoison (CAP) et les enfants ne nécessitent pas de consultation médicale.

Face à une intoxication supposée, il est indispensable d’évaluer l’enfant de façon rigoureuse de manière à identifier des signes évocateurs de décompensation neurologique (trouble de la conscience, coma), respiratoire (tachypnée ou bradypnée, apnée) et/ou hémodynamique (tachycardie ou bradycardie, hypotension artérielle, signes d’hypoperfusion périphérique). La reconnaissance précoce par une approche systématique (A = voies aériennes, B = respiration et C = circulation) est la meilleure prévention de la décompensation cardiorespiratoire à l’origine d’un possible arrêt cardiaque (voir chapitre 66).

Deux situations peuvent se rencontrer devant un enfant symptomatique.

L’intoxication est connue : la prise en charge ambulatoire ou hospitalière conduira à adopter le schéma le plus opportun le plus rapidement possible, aidé par le CAP. Passer du temps à interroger la famille (horaire, liste des médicaments à portée de l’enfant, chronologie des symptômes). Ne pas hésiter à se faire apporter le flacon ou la boîte de médicaments en cause.

L’intoxication n’est pas connue : évoquer l’hypothèse d’une intoxication accidentelle devant un tableau clinique (neurologique, comportemental, hépatique, hémodynamique) ou biologique (insuffisance hépatique, anomalie métabolique) inexpliqué, ou des symptômes d’installation rapide (coma, agitation, tachycardie, trouble du rythme, dépression respiratoire, hypo- ou hyperthermie). Des prélèvements de sang et urines seront adressés au laboratoire de toxicologie, avec une fiche de renseignements.

Garder à l’esprit les très rares intoxications cachées (intoxication volontaire d’un grand enfant cachée aux parents, intoxication provoquée par un parent dans le cadre d’un Münchhausen).

Penser à la possibilité d’une intoxication aiguë devant des symptômes inexpliqués brutaux (neurologiques avant tout, cardiaques, hépatiques), une défaillance viscérale ou hémodynamique inattendue.

2 . 2  -  Planifier la prise en charge


Trois règles de base devant une intoxication chez l’enfant :

  • ne rien faire boire, ne pas faire vomir avant l’avis du CAP ;
  • en l’absence de certitude absolue sur la dose ingérée, tenir compte de la dose la plus élevée possible qu’a pu prendre l’enfant (quantité de produit restant dans le flacon, nombre de comprimés, quantité de poudre pour les produits ménagers) ;
  • toujours se méfier d’un autre produit non identifié que l’enfant aurait pu ingérer sans qu’un adulte s’en aperçoive : faire l’inventaire des produits présents dans le lieu où se trouvait l’enfant.

Avis du centre antipoison dans les situations d’intoxication.

2 . 3  -  Prévention


Plusieurs mesures interviennent vis-à-vis de la prévention des intoxications :

  • rangement des produits d’entretien et des médicaments hors de portée des enfants ;
  • mise sur le marché de conditionnements pédiatriques, emballage unitaire des médicaments ;
  • généralisation des fermetures sécurisées pour les produits caustiques ;
  • distinction des conditionnements pour les aliments et les produits ménagers.

Toujours rappeler à la famille les mesures de prévention des accidents domestiques.

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