3  -  Points clés à propos de certaines causes

3 . 1  -  Intoxication au CO

3 . 1 . 1  -  Généralités


L’intoxication au CO représente la 1re cause de décès par intoxication en France.

Il s’agit d’une situation typique d’intoxication familiale, avec une incidence rapportée d’environ 8 000 cas annuels, dont près de 20 % d’enfants.

Deux mécanismes contribuent à la toxicité :

  • l’hypoxie, secondaire à la formation de carboxyhémoglobine (HbCO), forme non fonctionnelle pour le transport de l’oxygène : réaction rapide, exponentielle, dépendant de la durée d’exposition au CO, de la concentration de CO dans l’air inspiré et de la ventilation alvéolaire ;
  • une réaction immunologique et inflammatoire par effet inhibiteur direct lié à la fixation du CO sur certaines hémoprotéines (myoglobine, enzymes des chaînes respiratoires mitochondriales).

3 . 1 . 2  -  Diagnostic

  • Les signes d’appel sont peu spécifiques :
    • céphalées, nausées, vertiges, ataxie ;
    • asthénie, pâleur et agitation chez le nourrisson ;
    • convulsions, malaise précédé de vomissements, trouble de la conscience.
  • L’intoxication au CO doit être évoquée devant la survenue de symptômes :
    • chez plusieurs membres de l’entourage ;
    • à proximité d’une source identifiée de CO (chauffage, chaudière à gaz, fioul, alcool, cheminée) ;
    • dans la salle de bains ou un garage.

Un malaise du nourrisson survenu dans la salle de bains doit toujours faire évoquer d’emblée une intoxication au CO.

3 . 1 . 3  -  Prise en charge

  • Au domicile :
    • appel du centre 15, envoi d’une équipe médicalisée avec dispositif de détection du CO ;
    • aération des pièces (ouvrir portes et fenêtres), éviction de l’atmosphère toxique si possible.
  • À l’arrivée des secours :
    • approche ABC systématique ;
    • mise en condition :
      • monitoring : scope, SaO2 (chiffre souvent faussement rassurant),
      • pose d’une voie veineuse périphérique ;
    • oxygénothérapie immédiate :
      • enfant conscient : masque à haute concentration (> 8 L/min) pour une FIO2 proche de 100 %,
      • enfant inconscient : intubation avec ventilation sur sonde ;
    • examens complémentaires :
      • prélèvement biologique pour HbCO le plus précoce possible,
      • ECG.
  • Évaluation médicale :
    • recherche des signes cliniques de gravité :
      • troubles de conscience avec trismus, convulsions,
      • HTA, hyperthermie, tachycardie,
      • détresse respiratoire,
      • signes ECG : trouble du rythme ou de la repolarisation ;
    • identification de facteurs aggravants :
      • intoxication aux fumées d’incendie,
      • lésions traumatiques associées,
      • perte de connaissance,
      • HbCO > 15 %.
  • Prise en charge hospitalière :
    • transport médicalisé ;
    • poursuite de l’oxygénothérapie au masque pendant au moins 12 heures ;
    • ECG (si non fait), gaz du sang.
  • Indications d’une oxygénothérapie hyperbare (larges chez l’enfant) :
    • perte de connaissance même brève ;
    • troubles de la conscience, convulsions, signes neurologiques objectifs ;
    • troubles du rythme cardiaque.
  • Suivi neurologique à 1 mois systématique :
    • possibilité d’un syndrome post-intervallaire entre 2 et 40 jours :
      • troubles de l’humeur et/ou du comportement, troubles du sommeil,
      • céphalées chroniques, crises convulsives ;
    • séquelles possibles : troubles cognitifs, trouble de la mémoire, céphalées intermittentes.

Prise en charge : oxygénothérapie au masque et suivi neurologique systématiques.

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