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Le Moyen Age (3 périodes)
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Le Haut Moyen Age : du V au IX° siècle:
La médecine était pratiquée par les moines dans les institutions religieuses et en dehors par charité chrétienne. A coté, également, les "médici" civils pratiquaient des soins. La médecine tenait peu de place dans la société et se cantonnait surtout dans les monastères .C'étaient les guérisseuses et matrones qui pratiquaient les accouchements. Il reste peu de choses sur leur usage des plantes et leurs pratiques magico-religieuses ; la transmission orale était la seule base de l'apprentissage.
Avec les invasions barbares (Dès le V° siècle), il allait y avoir une régression générale. Avant, la culture savante et religieuse faisaient bon ménage. Les invasions détruisirent les institutions de la transmission du savoir ainsi que le savoir oral. La spiritualité allait dominer, primitive, loin des livres, proches des rites agraires, frustres où les reliques des saints allaient prendre une grande importance.
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Le Moyen Age" : du X au XIII° siècle:
La renaissance Carolingienne, avec le puissant Empire de Charlemagne retrouva la culture. En l'an 805, un décret de Charlemagne rattacha Théologie et Médecine et demanda que la Médecine soit enseignée aux jeunes prêtres.
Histoire de la Médecine Portugaise Abrégé par Luiz De Pina. Imprimerie Enciclopédia Portuguesa 1934.page 20.
Mais, à l'opposé de cette décision, au XII° siècle, les bulles pontificales allaient interdire aux religieux de toucher le corps des malades, les moines ne sortirent plus pour soigner. Il est difficile de retracer la complexité du développement de la médecine et chirurgie sur ces vastes territoires géographiques où leur histoire ne fut pas linéaire.
L’Italie, la pointe avancée de cet empire (Charlemagne), allait en représenter le phare avec la grande université de Salerne. Constantin dit "l’Africain" au environ de 1100, venant de Carthage, fut le traducteur en latin, des traités de la médecine arabe et grecque. Trotula, sage-femme de Salerne enseignait l’art obstétrical et la médecine des femmes. Elle travailla sur ces traités traduits de l'arabe.
Ainsi, le Moyen Age avec les croisades, allait redécouvrir la médecine arabe qui était fleurissante, à l'apogée de sa splendeur. Il faut se souvenir que l'Italie était sous l'influence de cette culture arabe et Salerne en était l'héritière dès le XI° siècle où s'ouvrit la 1° université suivi en France par celle de Montpellier en 1220, puis celle de Paris en 1253. Dans les universités de France, et, jusqu'à Napoléon, 4 disciplines étaient enseignées : Théologie, Médecine, Lettres, Droit .Elles furent sous la gouvernance papale. Ce qui explique la constitution de 2 métiers très distincts, les Médecins à robe longue dont la langue était le latin formés à l'université touchant peu les corps, et les chirurgiens à robe courte, ignorant le latin se formant en confrérie et antérieurement issus des barbiers.
En 1268, un chirurgien (en "France") Jean Pitard constitua la confrérie de Saint-Côsme.
C’est à cette période qu’apparut le mot saige, saive puis sage signifiant savante, avisée du latin sapere traduisant intelligence, jugement, prudence, bon sens, science, savoir en général ; ainsi le mot sage-femme se substitua à celui de ventrière dans les villes.
Difficile de résumer la culture arabe qui resplendit du VII° au XV° siècle. Les femmes y exerçaient très probablement la médecine dont l'art des accouchements
Histoire de la Médecine, de la Pharmacie, de l'Art Dentaire, de l'Art Vétérinaire. Collection dirigée par Jacques Poulet, Jean-Charles Soumier et Marcel Martiny Tome III, page 165.
Société Française d'édition Professionnelles médicales et scientifiques. Albin Michel/Laffont/Tchou. 1978.
Abulcasis, grand chirurgien-médecin arabe vivant vers l'an 1000, eut pendant 6 siècles, une influence considérable dans l'Europe médiévale. Ses 30 volumes furent traduits en latin. Il traitait de l'anatomie et de la chirurgie entre autres. Il fut considéré comme " le père de la médecine et chirurgie modernes.
Un autre médecin arabe, dans les années 950, à Boukhara (Asie Centrale à l'époque) Avicenne, héritier des connaissances grecques et romaines les traduisit en Arabe.
Dans le même ouvrage, page 163, il est rapporté que Lanfranc, venu d'Italie ayant étudié les travaux d'Abulcasis disait avec mépris des chirurgiens de Paris :"Ce sont de vrais manœuvres, et ils sont si ignorants qu'on trouverait à peine chez eux un chirurgien rationnel".
Page 164, les auteurs relatent:" La médecine était aux clercs et la chirurgie aux mains des laïques et il fallut au XII° siècle, 3 conciles pour leur interdire de pratiquer la chirurgie/…/La pratique étant libre, le milieu des opérateurs laïques était singulièrement mêlé: il s'y trouvait des chrétiens et des juifs, des barbiers, des rebouteux, des baigneurs et des chirurgiens mieux qualifiés; il parait même y avoir eu des femmes chirurgiens parmi lesquelles, vers la fin du XI° siècle, l'énigmatique Trotula, qui a suscité chez les historiens de tous les temps la plus vive curiosité".
Malgré les interdictions de l'église, (et les destructions antérieures des invasions) dans les couvents, les bonnes sœurs, comme les moines dans les monastères, gardèrent un savoir écrit et un savoir pragmatique dont l'obstétrique. Hildegarde, abbesse Bénédictine (1098-1179) relata des fragments de ce savoir médical dans quelques uns de ses ouvrages.
De même, plus tardivement, dans l'empire Ottoman (Turquie) au XV° siècle, une très riche iconographie prouve que c'étaient les hommes qui soignaient les hommes, et les femmes qui soignaient les femmes; pas de distinction sages-femmes et médecins-chirurgien s:
Iconographie Le Premier Manuscrit Chirurgical Turc. Rédigé par Charaf Ed-Din 1465. Edition Roger Dacosta. Paris 1960.
Il semblerait que la différenciation du rôle des hommes et femmes en médecine soit un problème occidental. Entre autres auteurs, Madeleine Coulon-Arpin dans son Tome II page 113 "La Maternité et les Sages-Femmes" détaille l'exercice de Trotula, ne soignant pas que des femmes en couches. Comme pour d'autres auteurs, Trotula était sage-femme et médecin.
Puis, Le XIII° et XIV° siècles furent marqués en Europe, par l'inquisition médiévale; une chasse effrénée à tous les hérétiques dont les Cathares. L'église catholique, devenue dominante inventa une terrible machine répressive dont la phase principale était "la question", l'interrogatoire, l'enquête…
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Le Bas Moyen Age : du XIV° et XV° siècle.
La méfiance des médecins était grande à l'égard des guérisseuses, comme à l’égard des femmes d’une manière générale sous l’influence de l’église catholique .Pour cette dernière, les femmes représentaient la "tentation de la chair", le "pécher" ayant chassé les hommes du paradis. Les guérisseuses avec leurs connaissances des plantes représentaient pour les hommes d’État et l’Église un danger car elles fournissaient les plantes pour diminuer la fertilité et provoquer l'avortement. C'est ainsi qu'en France, l’église avec sa domination, allait interdire l’émergence du savoir venu du Moyen Orient. Les guérisseuses n’eurent pas accès à ces connaissances et restèrent dans leurs pratiques magico-empiriques.
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