2  -  Prise en charge des soins pédiatriques en maternité


Le législateur a annoncé ce qui devait être mis en place dans le décret 1998-900 afin de privilégier la relation mère enfant et d’éviter autant que possible leur séparation.

2 . 1  -  Soins pédiatriques de niveau 1

Ils sont pratiqués dans toutes les maternités, en suites de couches. Les sages-femmes, les auxiliaires de puériculture, les pédiatres et parfois les puéricultrices travaillent en collaboration pour répondre aux besoins des mères, les aider et dépister d’éventuelles problèmes demandant un suivi ultérieur.

2 . 2  -  Soins pédiatriques de niveau 2

Ils sont prodigués :

  • En suites de couches en excluant le gavage et les perfusions,
  • Ou en unité kangourou distincte du service de suites de couches.


Les 2 situations peuvent se rencontrer. Mais, l’inconvénient des soins intégrés aux suites de couches, est qu’il n’y a pas de reconnaissance financière de cette activité donc pas de personnel supplémentaire, alors qu’il existe un forfait d’hospitalisation pour les unités kangourou.
Normalement, les soins de niveau 2 devraient être pratiqués au sein des maternités, les unités kangourou étant plus adaptées aux soins de niveau 3.
Mais, l’inconvénient possible est de maintenir un enfant à risque dans une maternité de type 1 donc sans unité de néonatologie ce qui oblige à un transfert en cas d’aggravation.

2 . 3  -  Soins pédiatriques de niveau 3

Ils ne sont envisageables que dans les maternités de types 2 et 3 dans une unité kangourou située dans ou en dehors d’une maternité. Elle constitue dans ces 2 cas une unité d’hospitalisation néonatale.
L’unité kangourou est une unité de néonatologie intégrée soit dans une maternité au sein des suites de couches, le nouveau-né étant soigné dans la chambre de sa mère, soit dans une unité de néonatologie voisine adaptée à recevoir des parents 24 h/24, les sages-femmes venant s’occuper de la mère.

2 . 3 . 1  -  Historique

La 1ère unité kangourou a vu le jour en Colombie à Bogota. Ce sont des contraintes économiques qui ont poussé l’équipe pédiatrique à proposer cette solution : « mères kangourou » 24 h/24, parfois à domicile. La base de cette approche est : la chaleur, l’amour maternel, le lien étroit entre la mère et son enfant et le lait maternel.
L’étude de cette expérience a montré que la croissance des enfants était similaire que lors d’une hospitalisation « classique » et que le taux d’infections nosocomiales ainsi que la durée de séjour étaient moindres.
La 1ère unité s’est ouverte en France en 1987 à l’hôpital Antoine Béclère à Clamart.
Depuis d’autres unités ont été créées avec des approches variables comme vu précédemment.

2 . 3 . 2  -  Méthode kangourou

Elle est définie par :

  • La position kangourou : position ventrale en peau à peau contre la mère 24 h/24,
  • L’alimentation si possible par le lait de mère avec des tétées précoces et répétées,
  • Une sortie précoce avec un suivi rapproché.


Cette méthode permet :

  • Aux mères de se sentir compétentes, de participer activement aux soins de puériculture
  • À l’enfant de réguler de façon autonome sa température et d’avoir une croissance régulière,
  • La mise en place précoce des interactions mère-enfant,
  • De dédramatiser la situation.


L’existence d’une unité kangourou est un critère de qualité pour une maternité.
Mais, en pratique la méthode est adaptée selon les contraintes locales et il est rare d’avoir du peau à peau 24 heures/24.

2 . 3 . 3  -  Pour qui ?

Elle concerne les enfants nécessitant des soins de niveau 3, parfois de niveau 2 selon l’organisation locale.
Les critères sont définis par chaque équipe mais classiquement, les diagnostics les plus rencontrés sont :

  • Les suspicions d’infection materno-fœtale avérée ou non,
  • Les enfants de faible poids de naissance,
  • Les souffrances fœtales aiguës, 
  • Les nouveau-nés de mère diabétique,
  • Les nouveau-nés de mère toxicomane.


Il faut bien sûr que la mère veuille garder son enfant auprès d’elle.
Le plus souvent, les enfants viennent directement de la salle de naissance ou du service de suites de couches si un problème secondaire apparaît. Les transferts peuvent se faire d’une autre maternité de type 1 posant le problème du transfert conjoint de la mère.
Certains enfants après avoir nécessité des soins de niveau 4 ou 5 peuvent intégrer l’unité kangourou si la mère est toujours hospitalisée.

2 . 3 . 4  -  Contraintes et limites

Il faut qu’il y ait au moins 1000 à 1500 accouchements par an pour envisager la création d’une telle unité.
La présence d’un pédiatre sur place est indispensable.
Lorsque l’unité kangourou est en maternité, les allées et venues entre la salle de soins et les chambres entraine un surcroit de travail.
Les soins sont le plus souvent réalisés en présence des parents ce qui demande des explications pour dédramatiser les soins et rassurer les parents. Ceci entraine des soins plus longs et donc les unités kangourou améliorent la relation mère-enfant mais coûtent chères.
Les limites sont aussi celles des délais d’hospitalisation de la mère : 12 jours après un accouchement voie basse et 21 jours après une césarienne. Au-delà de ces délais, la mère peut rester hospitalisée mais en risque maladie et non plus maternité. Le plus souvent, ces délais sont suffisants sinon il est possible d’envisager l’hospitalisation en pédiatrie mais les conditions ne sont pas comparables. De plus, selon l’organisation locale, cette solution n’est pas toujours réalisable.

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