5  -  Mécanismes à l'origine de la thrombopénie et examens complémentaires

5 . 1  -  Origine de la thrombopénie (tableau 1)

Elle peut être secondaire à :

  • un défaut ou une anomalie de production (origine centrale) :
    • rarement isolée sur l’hémogramme ;
    • son risque hémorragique est majeur si la No PLT est inférieure à 20 G/L ;
    • conséquence d’un déficit quantitatif ou qualitatif de la mégacaryocytopoïèse.
  • une séquestration splénique (anomalie de répartition dans l’organisme) ;
  • une consommation ou une destruction excessive (origine périphérique) :
    • thrombopénie souvent isolée sur l’hémogramme ;
    • son risque hémorragique est réel si la No PLT est inférieure à 20 G/L ou associée à des facteurs aggravants ;
    • la consommation ou la destruction périphérique dépassent les capacités de compensation par la moelle osseuse.
Tableau 1. Principales thrombopénies classées en fonction du mécanisme d’apparition
    Thrombopénies d’origine centrale
    Aplasie médullaire (toutes circonstances)
    Carence en vitamine B12 ou en folates
    Syndromes myélodysplasiques
    Envahissement de la moelle osseuse (leucémies, lymphomes, myélofibrose, métastases de tumeurs solides)   
    Toxiques, médicaments (chimiothérapies)
    Alcool : intoxication aiguë alcoolique
    Thrombopénies/thrombopathies acquises ou constitutionnelles
    Syndrome d’activation macrophagique  
    Séquestration splénique
    Thrombopénie de dilution après transfusions massives (au moins 10 concentrés érythrocytaires)
    Hyperthermie  
    Thrombopénies d’origine périphérique
    Consommation excessive :
    – CIVD, indépendamment de l’origine (hémorragies et thromboses)
    – microangiopathies thrombotiques (thromboses)
    – Auto-immunes :
        – infections virales (VIH, hépatites B ou C, EBV, CMV…)
         – purpura thrombopénique immunologique (enfant, adulte)
        – maladies auto-immunes (lupus, syndrome des antiphospholipides : risque thrombotique)
        – médicaments (immunoallergiques) : risque hémorragique ou thrombotique (héparine)
    – Allo-immunes :
        – néonatale (anti-HPA), équivalent de la maladie hémolytique du nouveau-né (Rhésus, ABO)
        – post-transfusionnelle (purpura post-transfusionnel)  
    Divers (mécanisme souvent composite) : certaines tumeurs vasculaires, circulation extracorporelle…  

5 . 2  -  Examens complémentaires

  • Un hémogramme, avec analyse du frottis, recherche de schizocytes et numération des réticulocytes. L’étude du volume plaquettaire si le diagnostic étiologique de la thrombopénie n’est pas rapidement porté, en particulier chez l’enfant.
  • Un bilan d’hémostase, qui recherchera une CIVD (importance du contexte) [voir l'item 339].
  • La ponction sternale chez l’adulte, iliaque chez l’enfant, avec myélogramme est réalisable même en cas de thrombopénie sévère (suivie d’une compression pour éviter l’hématome au point de ponction). Elle est parfois nécessaire pour affirmer ou éliminer une origine centrale de la thrombopénie : ses indications devront être justifiées.
  • La biopsie ostéomédullaire est rarement indispensable. Elle est prescrite quand le myélogramme est non démonstratif et que le diagnostic la nécessite (aplasie médullaire, myélofibrose…), et elle sera envisagée en fonction des données cliniques et de l’hémogramme. Une No PLT supérieure à 70 G/L est nécessaire (transfusion) avant le geste de biopsie.
  • La recherche d’anticorps antiplaquettes (voir plus bas).
  • Les analyses explorant plus spécifiquement les fonctions des PLT (agrégation plaquettaire, expression d’antigènes de la membrane des PLT par cytométrie de flux…) ne sont envisagées qu’en seconde intention et avec l’avis d’un spécialiste.


Selon le contexte, diverses autres analyses biologiques peuvent être prescrites, en fonction de l’étiologie probable de la thrombopénie. Le cas échéant, des analyses génétiques seront réalisées si l’on suspecte une thrombopénie constitutionnelle.

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