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L’augmentation du volume de la rate est le plus souvent en rapport avec l’une des fonctions de cet organe : l’étiologie d’une splénomégalie peut s’envisager selon le mécanisme physiopathologique (tableau 1), ou selon les principales situations cliniques rencontrées (tableau 2).
La splénomégalie est parfois isolée et la démarche diagnostique va nécessiter, outre l’interrogatoire et l’examen clinique, la prescription de quelques examens de première intention. Quand la splénomégalie peut s’intégrer dans un tableau clinique dont elle n’est qu’un élément, la démarche ira à l’essentiel.
Fonction macrophagique (ou de filtre macrophagique) | Pathologies infectieuses bactériennes, virales, parasitaires Pathologies inflammatoires Hémolyses chroniques constitutionnelles ou acquises du globule rouge Maladies de surcharge |
Fonction de filtre vasculaire | Lésion ou obstacle préhépatique, intrahépatique ou posthépatique |
Fonction hématopoïétique | Syndromes myéloprolifératifs Syndromes lymphoprolifératifs Leucémies aiguës |
Divers | Traumatismes, kystes, hémangiome, métastases de tumeurs solides… |
État infectieux : |
– bactérien : septicémies, typhoïde, tuberculose, maladie d’Osler – viral : mononucléose infectieuse (virus d’Epstein-Barr), VIH, hépatite virale – parasitaire : paludisme, leishmaniose viscérale |
Lésion ou obstacle préhépatique (thrombose porte, compression tumorale), intrahépatique (cirrhose quelle qu’en soit la cause, hémochromatose, sarcoïdose, bilharziose) ou posthépatique (thrombose des veines sus-hépatiques [syndrome de Budd-Chiari], insuffisance cardiaque droite) |
Maladie hématologique : |
– hémolyse chronique secondaire à une maladie du globule rouge, constitutionnelle (maladie de la membrane [sphérocytose], de l’hémoglobine [thalassémie], ou d’une enzyme [pyruvate kinase]) ou acquise, – syndrome myéloprolifératif (leucémie myéloïde chronique, splénomégalie myéloïde chronique, maladie de Vaquez, thrombocytémie essentielle, leucémie myélomonocytaire chronique), – syndrome lymphoprolifératif : lymphome (maldie de Hodgkin ou lymphome non hodgkinien), leucémie lymphoïde chronique, leucémie à tricholeucocytes, leucémie aiguë |
Pathologie inflammatoire : polyarthrite inflammatoire, syndrome de Felty, lupus, sarcoïdose, maladie périodique |
Divers : métastase de tumeur solide, traumatismes, kystes, hémangiome, maladie de surcharge (maladie de Gaucher ou de Niemann-Pick) |
L’interrogatoire doit faire préciser : l’âge du patient, l’histoire familiale et les notions d’éthylisme, de séjours en pays d’endémie parasitaire (paludisme, leishmaniose), de facteurs de risque pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
On recherchera successivement :
Il faut cependant avoir à l’esprit que les hémopathies malignes peuvent être fébriles (leucémies aiguës, lymphomes), de même que certaines maladies systémiques (lupus, maladie de Still), et que le syndrome de Felty (arthrite rhumatoïde, splénomégalie, neutropénie sévère) est parfois révélé par des épisodes infectieux répétés.
Les examens biologiques de première intention sont :
Selon les circonstances, la réalisation d’hémocultures ou une recherche d’infestation paludéenne sera effectuée d’emblée.
Anomalies de l’hémogramme liées à l’hypersplénisme
L’hypersplénisme est une manifestation pathologique liée à l’augmentation de volume de la rate, indépendamment de la cause de la splénomégalie, qui associe :
Les anomalies de l’hémogramme liées à l’hypersplénisme sont reportées dans le tableau 3.
Autres anomalies de l’hémogramme pouvant conforter ou orienter le diagnostic étiologique
Remarque : dans la tuberculose des organes hématopoïétiques, on peut observer une pancytopénie (sans cellules anormales circulantes).
Cytopénies de séquestration : |
– thrombopénie : fréquente, habituellement sans manifestation hémorragique, pouvant descendre jusqu’à 50 G/L lorsque le volume splénique est élevé, mais sans proportionnalité absolue – leucopénie globale (2–4 G/L) ou neutropénie (moins fréquentes) – parfois une anémie, habituellement modérée avec une petite composante hémolytique de stase (réticulocytes : 100–180 G/L) ; une volumineuse splénomégalie peut séquestrer 25 % de la masse sanguine totale |
Remarque : une splénomégalie importante peut diminuer l’efficacité des transfusions sanguines, surtout des plaquettes. |
Hémodilution : |
– fausse anémie : masse globulaire totale inchangée alors que le volume plasmatique total est augmenté – majoration d’une anémie préexistante, justifiant dans les cas extrêmes une mesure isotopique de la masse globulaire et plasmatique |
Remarque : on observe aussi une hémodilution de manière physiologique lors de la grossesse, dans certaines insuffisances cardiaques et quand il existe une forte quantité d’immunoglobuline monoclonale sérique. |
Une radiographie pulmonaire voire une endoscopie Å“sogastrique (recherche de varices Å“sophagiennes) seront prescrites, selon les situations.