2  -  Conduite À Tenir (CAT) en cas de Grossesse Extra-Utérine (GEU) précoce non-compliquée

Une femme, en âge de procréation, présente un retard de règles, éventuellement un « cafouillage » de règles (les règles peuvent être à la date normale, mais présentent habituellement des anomalies d'abondance ou de durée) soit des troubles du cycle.

En général, la patiente présente également des signes sympathiques de grossesse :


Dans cette forme, l'état général est conservé (TA et pouls normaux).

L'examen gynécologique trouve :


Mais, parfois, la patiente peut ne pas avoir présenté de retard de règles vrai. Les signes sympathiques de grossesse peuvent être absents ou avoir disparu. Les douleurs pelviennes peuvent être peu importantes ou bilatérales ou absentes. L'examen peut par ailleurs être peu contributif. La GEU peut être asymptomatique.

Dans ce contexte, l'existence de troubles des règles, et/ou de métrorragies, et/ou de douleurs pelviennes même minimes chez une femme jeune (surtout s'il existe des facteurs de risque de GEU), doit faire évoquer le diagnostic de GEU et pratiquer deux examens de première intention : le dosage quantitatif des β-hCGDéfinitionbêta-hCG ou HCG ou Hormone Gonadotrophine Chorionique ou Hormone Chorionique Gonadotrope (HCG) : Hormone glycoprotéique produite dès le début de la grossesse, fabriquée par l'embryon peu de temps après la conception et plus tard par le trophoblaste (partie du placenta). plasmatiques et une échographie pelvienne.

Le dosage de la β-hCG
: La β-hCG est sécrétée par le cytotrophoblasteDéfinitionCytotrophoblaste ou couche de Langhans : Germe, qui a un rapport avec le développement embryonnaire. Le trophoblaste de l'embryon humain, au 7e jour, va donner le syncytiotrophoblaste et le cytotrophoblaste, qui est formé par les cellules accolées au pôle embryonnaire du blastocyste. Il est constitué de cellules individualisées mononucléées.. Elle est présente dans la circulation sanguine une semaine après la fécondation, donc avant le retard de règle éventuel. Sa positivité permet d'affirmer l'existence d'une grossesse. Lors d'une grossesse normalement évolutive, le taux de β-hCG double toutes les 48 heures. Lors d'une grossesse extra-utérine, il est habituel d'avoir une cinétique perturbée du fait d'une non-multiplication par 2 des taux de β-hCG toutes les 48 heures.

L'échographie pelvienne réalisée par voie endovaginale (et abdominale si nécessaire) :

  • Il est important de tenir compte de l'âge gestationnel pour interpréter les résultats de l'échographie ainsi que du taux de β-hCG.
  • Le principal signe échographique de GEU est un signe indirect : l'existence d'une vacuité utérine.
Aspect échographique de vacuité utérine

La constatation d'une vacuité utérine pour un taux de β-hCG > à 1500 UI/l doit fortement faire évoquer l'existence d'une grossesse extra-utérine. Cependant, il existe parfois des images trompeuses lacunaires hypoéchogèneDéfinitionQui ne génère que peu d'échos en échographie, donnant des plages d'un gris très sombre, proches du noir sur l'écran de l'échographe.s, évoquant un sac ovulaire intra-utérin ou pseudo-sac. Ces images sont en général centrées dans la cavité et sans couronne trophoblastiqueDéfinitionTrophoblaste : Couche cellulaire continue formée de fibroblastes qui limite l'œuf, devenu blastocyste au 6e jour après la fécondation. Des cellules du trophoblaste peuvent être prélevées pour un Diagnostic PréNatal (DPN). Le trophoblaste est à l'origine d'une hormone spécifique de la grossesse : la Gonadotrophine Chorionique. , à l'opposé des sacs gestationnels intra-utérins excentrés et avec couronne trophoblastique.

Pseudo-sac

Les autres signes sont :

Aspect échographique d'hémopéritoine
Visualisation directe du sac ovulaire à la GEU

Certains cas sont particuliers :

un taux de β-hCG > 1 500 UI/L, avec une vacuité utérine sans signe clinique et sans autre signe d'imagerie associé, on conseillera un contrôle à 48 heures et un avis spécialisé.

Bilan préopératoire (NFS, groupe rhésus TP, TCA, et consultation anesthésique)
et pré-thérapeutique en fonction du traitement médical ou chirurgical.

Au total, le plus souvent, le diagnostic est fait sur le trépied : clinique, β-hCG plasmatiques et échographie.

Dans certains cas, s'il persiste un doute diagnostic, on pourra être conduit à réaliser une cœlioscopieDéfinitionCœlioscopie ou laparoscopie : Technique chirurgicale mini-invasive de diagnostic (cœlioscopie proprement dite) et d'intervention (cœliochirurgie) sur la cavité abdominale, de plus en plus utilisée sur l'appareil digestif (chirurgie viscérale), en gynécologie, et en urologie. Elle fait partie des techniques d'endoscopie chirurgicale. (voir cœlioscopie et examen cœlioscopique) à visée diagnostique.

Aspect cœlioscopique de GEU

On pourra découvrir un kyste du corps jaune gravidique hémorragique, diagnostic différentiel classique en dehors de la GIU menacée.

Le traitement a plusieurs objectifs :

  • Traiter la GEU avant qu'elle ne provoque un hémopéritoine,
  • Préserver la fertilité,
  • Limiter le risque de récidive,
  • Limiter la morbidité thérapeutique,
  • Éviter une immunisation rhésus chez les patientes de groupe sanguin rhésus négatif quel que soit le moyen thérapeutique utilisé.


Les principaux moyens thérapeutiques
sont :

Salpingectomie

Les principales indications sont :

  • GEU peu évolutive et précoce, surveillance possible => Traitement médical, Abstention ;
  • GEU évolutive, saignement important => Chirurgie conservatrice si possible ;
  • GEU récidivante => Chirurgie radicale (salpingectomie) ;
  • Dans les situations intermédiaires => cas par cas.


La fertilité après traitement de la GEU
:

  • Après traitement chirurgical radical : le taux de GIU obtenu est d'environ 50 % avec 15 % environ de GEU controlatérale.
  • Après traitement conservateur, le taux de GIU atteint 60 %.


Le risque de récidive dépend également des antécédents de la patiente.

Il est essentiel de prévenir les patientes ayant eu une grossesse extra-utérine, du risque de récidive et qu'il est nécessaire de consulter dès le début d'une nouvelle grossesse pour vérifier la position du sac ovulaire (dès 6 SA).

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