Elles sont globalement rares mais potentiellement graves (tumeurs) et en principe accessibles à un traitement étiologique. Elles sont donc une priorité dans la démarche d’évaluation d’une petite taille. Elles se caractérisent typiquement par une diminution franche de la vitesse de croissance avec ralentissement ou cassure de la courbe et par une diminution de la taille par rapport à la taille cible.
Le tableau 5.I énumère les principales causes acquises de retard statural. Il n’est pas possible dans le cadre de ce chapitre de décrire la symptomatologie associée à chacune de ces causes, mais on appréciera la diversité des causes et le spectre large des explorations à envisager. Il faut reconnaître que le retard statural peut être la porte d’entrée dans un grand nombre de maladies graves de l’enfant et que la priorité diagnostique est de ne pas méconnaître un craniopharyngiome, une mucoviscidose, une maladie cœliaque ou une maladie mitochondriale, par exemple.
Causes | Diagnostic | Moyen diagnostique |
Digestives | Maladie cœliaque Maladie de Crohn Malabsorptions | IgA antitransglutaminase Clinique, syndrome inflammatoire, explorations digestives Examen fonctionnel des selles, test de la sueur |
Pathologies inflammatoires chroniques | Arthrite juvénile (traitement) | Le ralentissement de croissance peut être le premier signe Syndrome inflammatoire |
Endocriniennes | Hypothyroïdie Hypercorticisme (iatrogène ++) Hypopituitarisme Résistance GH | T4l, TSH Ralentissement de la vitesse de croissance +++, les signes d’hypercorticisme sont parfois discrets Cortisol libre urinaire Recherche d’une étiologie par l’IRM (craniopharyngiome ++), signes associés et génétique IGF1, tests pharmacologiques de stimulation IGF1 abaissée avec GH élevée ou normale, concept de déficit primaire en IGF1 |
Rénales | Insuffisance rénale chronique Tubulopathie Syndrome néphrotique | Créatinine Ionogramme, exploration fonctionnelle rénale Protéinurie |
Hématologiques | Anémie chronique (thalassémie) | NFS |
Métaboliques | Rachitisme hypophosphatémique Pathologies mitochondriales | Bilan phosphocalcique Dosages lactate/pyruvate, analyse génétique, biopsie musculaire, fond d’œil |
Psychogènes | « Nanisme psychosocial » Anorexie mentale | Contexte Courbe de poids |
FLU: cortisol libre urinaire; IgA: immunoglobuline A; NFS: numération-formule sanguine; T4I: T4 libre. |
Un des points les plus litigieux concerne la stratégie diagnostique d’évaluation du déficit en hormone de croissance et les indications des tests de stimulation de l’hormone de croissance. Dans la majorité des cas, le dosage d’IGF1 plasmatique permet de détecter les déficits sévères en hormone de croissance. La stratégie traditionnelle consiste à diagnostiquer le déficit en hormone de croissance sur la base des tests dynamiques de stimulation, et de compléter par une IRM chez les patients ayant un déficit. Le tableau 5.II résume les indications retenues pour les explorations hypophysaires par la conférence de consensus sur le diagnostic du déficit en hormone de croissance de l’enfant. Cependant, les très mauvaises fiabilité et reproductibilité des tests ont conduit certains à abandonner les tests de stimulation au profit des seuls dosages d’IGF1 et IGFBP3 (insulin-like growth factor binding protein 3)en association avec l’imagerie de la région hypophysaire. Bien que nous continuions à utiliser les tests de stimulation de l’hormone de croissance, il nous semble qu’au moindre doute sur la courbe de croissance (ralentissement net de la vitesse de croissance, retard statural sévère, a fortiori céphalées), il faut réaliser une IRM cérébrale qui permet de détecter les tumeurs et les anomalies structurelles de l’hypophyse.
Critère | Commentaire |
Taille < – 3 DS | La sévérité du retard statural justifie à elle seule les explorations |
Taille < – 1,5 DS en dessous de la taille moyenne des parents en DS | 95 % des enfants ont une taille à ± 1,5 DS autour de la taille parentale moyenne |
Taille < – 2 DS et vitesse de croissance mesurée sur un an < – 1 DS ou perte de 0,5 DS (ou plus) en 1 an après l’âge de 2 ans | Ce critère définit une petite taille avec ralentissement modéré de la vitesse de croissance |
En l’absence de retard statural (taille > – 2 DS), vitesse de croissance < – 2 DS mesurée sur 1 an ou < – 1,5 DS mesurée sur 2 ans | Ce critère peut s’observer dans le déficit hypophysaire du nourrisson ou en cas de déficit organique (tumeur) |
Signe évocateur d’une lésion intracrânienne ou d’un déficit endocrinien multiple | IRM cérébrale et/ou hypophysaire à faire |