La thyroïde est sous le contrôle de l’hormone hypophysaire TSH (thyroid stimulating hormone) qui stimule, par l’intermédiaire d’un récepteur membranaire (RTSH), toutes les étapes de la biosynthèse des hormones thyroïdiennes ainsi que la croissance de la glande.
1. Biosynthèse des hormones thyroïdiennes
La biosynthèse des hormones thyroïdiennes requiert les étapes suivantes :
Chacune des protéines RTSH, TPO, TG est susceptible de se comporter comme un auto-antigène et d’être impliquée dans le développement des maladies thyroïdiennes auto-immunes.
La thyroïde produit majoritairement de la thyroxine (T4). La T4 est convertie en triiodothyronine (T3), qui est l’hormone active, essentiellement dans le foie et le muscle squelettique.
La demi-vie de la T4 est de 5 jours environ. La concentration de T4 n’est à l’équilibre que 5 à 6 semaines après chaque modification de la production ou de l’apport de T4.
2. Effets des hormones thyroïdiennes
Les hormones thyroïdiennes ont des effets multiples par liaison de la T3 à son récepteur nucléaire (action génomique) :
Leur intensité dépend du degré de la thyrotoxicose, de sa durée et du terrain.
C’est l’association de plusieurs troubles qui fait évoquer le diagnostic ; par ordre de fréquence décroissant, on trouve les manifestations suivantes.
1. Troubles cardiovasculaires
Quasi constants, ils doivent être distingués des complications cardiaques, ou cardiothyréose.
Ils se caractérisent par :
2. Troubles neuropsychiques
Ces troubles sont caractérisés par :
3. Thermophobie
Elle est accompagnée d’une hypersudation, avec les mains chaudes et moites.
4. Amaigrissement
Cet amaigrissement est :
5. Autres signes
Polydipsie : conséquence de l’augmentation de la production de chaleur.
Amyotrophie : prédominant aux racines et accompagnée d’une diminution de la force musculaire (signe « du tabouret »).
Augmentation de la fréquence des selles :
Rétraction de la paupière supérieure découvrant l’iris, avec asynergie oculopalpébrale (il existe une innervation sympathique de la paupière supérieure, cf. infra), très rare en dehors de la maladie de Basedow.
Rarement, gynécomastie chez l’homme et troubles des règles (de tous types) chez la femme, mais la fertilité est conservée le plus souvent.
1. Confirmation de la thyrotoxicose
La TSH est effondrée, sauf dans certaines étiologies exceptionnelles (examen à demander en première ligne d’après l’HAS).
L’élévation de la T4 libre ou de la T3 libre (il existe des hyperthyroïdies à T3 seule élevée) permet d’apprécier l’importance de la thyrotoxicose. Ces dosages sont demandés en 2eintention, en fonction du résultat de la TSH et du contexte clinique (d’après l’HAS).
2. Retentissement de la thyrotoxicose
Perturbations non spécifiques et non constantes, mais pouvant révéler la maladie :
1. Complications cardiaques (cardiothyréoses)
Ces complications ont les caractéristiques suivantes :
a. Troubles du rythme cardiaque
Il s’agit principalement de troubles du rythme supraventriculaires à type de fibrillation auriculaire (FA) (risque évalué à 30 % chez les personnes âgées ayant une TSH effondrée), et plus rarement de flutter ou de tachysystolie.
b. Insuffisance cardiaque
L’insuffisance cardiaque est :
c. Aggravation ou révélation d’une insuffisance coronaire
L’hyperthyroïdie ne crée pas la maladie mais peut l’aggraver du fait de l’augmentation du débit et de la consommation en O2du myocarde.
2. Crise aiguë thyrotoxique
Elle est exceptionnelle, survenant surtout après thyroïdectomie en l’absence de préparation médicale.
Exacerbation des symptômes de l’hyperthyroïdie, avec fièvre, déshydratation, troubles cardiovasculaires et neuropsychiques pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
3. Ostéoporose(cf. chapitre 8)
Surtout observée chez les femmes ménopausées, l’ostéoporose est due à l’action ostéoclastique des hormones thyroïdiennes et prédomine au niveau du rachis avec un risque de tassement vertébral.