1 . 2  -  Zona

1 . 2 . 1  -  Arguments cliniques du diagnostic

1 . 2 . 1 . 1  -  Lésions vésiculeuses

Des placards érythémateux précèdent les vésicules, à liquide clair, groupées en bouquets sur fond érythémateux, confluant parfois en bulles polycycliques. Après 2 ou 3 jours les vésicules se flétrissent puis se dessèchent et deviennent croûteuses ou érosives, parfois nécrotiques. Les croûtes tombent une dizaine de jours plus tard. Il peut persister des cicatrices atrophiques et hypochromiques.

1 . 2 . 1 . 2  -  Unilatéralité et caractère métamérique des lésions

La topographie radiculaire, unilatérale, est très évocatrice. Elle peut apporter un argument décisif au diagnostic lorsque les lésions vésiculeuses sont discrètes, absentes ou éphémères, dans les formes érythémateuses pures, ou dans celles qui ne sont observées qu’au stade croûteux.

1 . 2 . 1 . 3  -  Douleurs radiculaires

Unilatérales, à type de brûlure, parfois plus vives en « coup de poignard ».

Elles peuvent précéder de 3 ou 4 jours l’éruption et sont alors particulièrement trompeuses.

Elles accompagnent l’éruption et disparaissent à sa guérison.

Certaines peuvent persister bien au-delà ou apparaître plus tardivement : algies post-zostériennes . Elles sont souvent intenses, voire lancinantes et surtout très prolongées. Elles sont principalement observées chez le sujet âgé.

1 . 2 . 1 . 4  -  Topographie

Le zona peut survenir dans n’importe quel territoire.

La réactivation du VZV a lieu le plus souvent dans les ganglions nerveux rachidiens. Le zona intercostal ou dorsolombaire (éruption en demi-ceinture) est le plus fréquent (50 % des cas) mais il peut atteindre tout territoire sensitif cutané (Figure 5 et Figure 6).

Figure 5 : Zona abdominal : (L1) lésions initiales
Figure 6 : Zona abdominal : en quelques jours, extension des lésions qui débordent le territoire de L1

La localisation aux ganglions nerveux crâniens est moins fréquente, avec surtout l’atteinte du ganglion de Gasser responsable d’une éruption dans les divers territoires du trijumeau (Figure 7).

Figure 7 : Zona ophtalmique du territoire du trijumeau (V1)

Dans le zona ophtalmique, c’est le nerf ophtalmique de Willis qui est intéressé (V1). Il y a risque d’atteinte oculaire s’il existe une éruption narinaire et de la cloison témoignant de l’atteinte du rameau nasal interne.

S’il s’agit du ganglion géniculé, c’est le nerf de Wrisberg, branche sensitive du facial dont le territoire cutané se réduit à la zone de Ramsay-Hunt (conduit auditif externe et conque de l’oreille) qui est intéressé. À l’éruption discrète dans ce territoire s’associent une vive otalgie, une adénopathie prétragienne, une anesthésie des 2/3 antérieurs de l’hémilangue et parfois une paralysie faciale et des troubles cochléo-vestibulaires.

1 . 2 . 1 . 5  -  Autres signes d’accompagnement de l’éruption

Il existe un syndrome infectieux discret (38 à 38,5°C), une adénopathie dans le territoire de l’éruption.

1 . 2 . 2  -  Formes graves et/ou compliquées

Elles se rencontrent surtout sur certains terrains.

1 . 2 . 2 . 1  -  Chez les immunodéprimés

L’éruption prend un aspect ulcéro-hémorragique (Figure 8), nécrotique.

Figure 8 : Zona : vésicules hémorragiques

Exceptionnellement le zona est bilatéral ou touche de façon étagée plusieurs métamères.

Le zona généralisé (appelé parfois improprement zona-varicelle) est caractérisé par une éruption zoniforme dans un métamère, suivie de l’apparition de vésicules varicelliformes, bien séparées les unes des autres et disséminées sur tout le corps en dehors du dermatome initialement atteint.

Dans ces formes graves surviennent parfois des complications viscérales, pulmonaires, hépatiques, encéphaliques.

1 . 2 . 2 . 2  -  Chez le sujet âgé

Les complications oculaires du zona ophtalmique sont beaucoup plus fréquentes après 50 ans.

L’atteinte cornéenne et l’uvéite antérieure sont les plus fréquentes.

Les kératites précoces sont superficielles et régressives alors que les kératites stromales et les kératites neurotrophiques, liées à l’anesthésie cornéenne sont durables.

L’uvéite est lentement régressive.

Les paupières, la conjonctive, la sclère, l’épisclère et la rétine peuvent aussi être intéressées.

Aiguës ou chroniques, précoces ou tardives ces atteintes oculaires nécessitent une prise en charge spécialisée. Elles peuvent dans les cas les plus graves aboutir à la perte fonctionnelle de l’œil.

Les algies post-zostériennes, souvent associées à une hypoesthésie du territoire atteint, sont des douleurs neuropathiques de désafférentation, distinctes des douleurs de la phase initiale. Leur incidence augmente avec l’âge, 50 % des cas à 50 ans, 70 % des cas au-delà de 70 ans. Ces douleurs lancinantes, à type de brûlures qui peuvent durer des années retentissent sévèrement sur la qualité de vie.

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