1  -  Généralités sur les cancers des voies aérodigestives supérieures

1 . 1  -  Épidémiologie

On dénombre, en France, environ 17 000 nouveaux cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) par an et la mortalité est très élevée, avec 10 500 décès. Ils sont plus fréquents en France que dans les autres pays du monde. Ils posent un problème de santé publique non seulement par le nombre de patients atteints, mais aussi par les tranches d’âge concernées (incidence rapidement croissante dès trente-cinq ans, pour atteindre son maximum à soixante ans) et par leur pronostic défavorable.

En France, les cancers des VADS représentent 10 % environ de l'ensemble des cancers, avec une répartition géographique inégale : les départements de l'Ouest, du Nord et de l'Est sont les plus touchés.

La prépondérance masculine (90 % des cas concernent des hommes) reste écrasante bien que, depuis trente ans, le nombre de cancers des VADS chez la femme soit en constante augmentation. Chez l'homme, cette localisation au niveau des VADS se range en quatrième position en termes de fréquence, après la prostate, les bronches et le côlon-rectum.

Dans 90 % des cas, ces cancers sont en rapport avec une intoxication alcoolo-tabagique. Font exception les cancers du cavum (virus d'Epstein-Barr), les cancers des cavités aériennes paranasales (travailleurs du bois, ébénistes, menuisiers), certains cancers du larynx secondaires à un surmenage vocal chronique ou encore certains cancers de la cavité buccale en rapport avec des lésions muqueuses dysplasiques (lichens).

L'atteinte cancéreuse des VADS peut être multiple, de façon synchrone (concernant plusieurs localisations en même temps) ou métachrone (décalée dans le temps). Pour les cancers des VADS habituels (à l'exception des cancers du cavum et des cavités paranasales), la recherche systématique d'un deuxième cancer avec biopsie des zones douteuses permet la détection d'une deuxième localisation dans environ 20 % des cas. L'avenir des malades porteurs d'un cancer des VADS demeure menacé, non seulement par une récidive de la tumeur primitive, mais également par l’émergence d'une deuxième localisation aux VADS, voire à l'arbre trachéobronchique ou à l’Å“sophage. Au-delà de cinq ans, le risque de deuxième cancer devient plus important que le risque de récidive de la tumeur initiale.


Principaux sites atteints

  • Cavité buccale (25 % des cas)
  • Oropharynx (25 %)
  • Larynx (25 %)
  • Hypopharynx (15 %)
  • Cavum (7 %)
  • Cavités nasales et paranasales (3 %)

1 . 2  -  Anatomopathologie

Les cancers des VADS sont, dans plus de 90 % des cas, des carcinomes épidermoïdes.

Les cancers des cavités sinusiennes paranasales sont, dans la moitié des cas, un carcinome glandulaire (adénocarcinome). Les cancers du cavum sont des carcinomes indifférenciés de type nasopharyngien (UCNT, undifferentiated carcinoma of nasopharyngeal type). Les formations lymphoïdes de l'anneau de Waldeyer (cavum, amygdales, base de langue) sont le siège de prédilection des lymphomes malins.

1 . 3  -  Particularités anatomiques des voies aérodigestives supérieures

Selon le siège tumoral initial et les structures envahies, la symptomatologie clinique et les séquelles thérapeutiques concerneront, à des degrés divers, les trois fonctions principales intéressant les VADS, la respiration, la déglutition et la phonation qui, toutes, retentissent sur la vie de relation.

Le drainage lymphatique du cou se fait en général dans le sens du courant lymphatique. L'envahissement ganglionnaire est en rapport avec la localisation de la tumeur primitive. C'est ainsi que dans les localisations latéralisées, les adénopathies sont généralement homolatérales, mais on peut retrouver une bilatéralité. Lorsque la tumeur est médiane ou antérieure, les adénopathies sont souvent bilatérales. Les carcinomes de la base de la langue donnent volontiers des adénopathies bilatérales.

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