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Dépister les anomalies maxillomandibulaires
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Croissance faciale
La face est composée de deux étages : l’étage maxillaire et l’étage mandibulaire. Leur développement est indissociable.
Maxillaire
Le maxillaire est formé de plusieurs pièces osseuses de type membraneux. Son développement et sa croissance se font dans tous les plans de l’espace (fig. 3.21).
Développement vertical
À sa partie supérieure, orbitaire, il est liéà l’expansion du contenu de l’orbite (œil, muscles oculomoteurs, graisse péri- et intraorbitaire), sollicitant les sutures frontomaxillaire et frontomalaire permettant l’agrandissement de l’orbite.
À sa partie moyenne, il est classiquement lié au développement du sinus maxillaire. En fait, celui-ci ne fait qu’occuper l’espace libéré par les germes dentaires.
À sa partie inférieure, alvéolodentaire, la mise en place progressive des dents sur l’arcade maxillaire s’accompagne de la formation de l’os alvéolaire et augmente la dimension verticale du maxillaire.
Développement antéropostérieur
Le développement antéropostérieur est liéà l’évolution d’une structure cartilagineuse primaire appartenant à la fois à la base du crâne, dont elle forme la partie centrale de l’étage antérieur, et à la face : le mésethmoïde cartilagineux. Cette structure, qui correspond à l’ethmoïde et à la poutre septovomérienne, développe vers le bas et l’avant, entraînant le développement sagittal de la face. Il s’agit d’une structure cartilagineuse primaire répondant aux sollicitations hormonales.
Développement transversal
Il est tributaire, en haut, de la largeur du mésethmoïde cartilagineux. En bas, le développement transversal du maxillaire est directement lié :
- à la fonction linguale, assurant l’élargissement maxillaire en stimulant la suture intermaxillaire lors des mouvements de succion, déglutition, mastication, phonation ;
- à la fonction de ventilation, responsable du bon développement des fosses nasales et de la bonne expansion sinusienne.
Mandibule
La mandibule est le seul os mobile de la face. C’est un os de type membraneux dont l’ossification commence pendant les deux premiers mois embryonnaires au niveau de la branche horizontale, au contact du cartilage de Meckel, squelette primitif du premier arc, qui se chondrolyse vers le sixième mois. La croissance est ensuite de type secondaire, par phénomènes d’apposition/résorption périostée, essentiellement dépendants de l’activité musculaire (fig. 3.22). Tous les muscles cervicaux et faciaux interviennent : les plus importants sont les masticateurs, les muscles de la sangle vélopharyngée et les muscles sous-hyoïdiens. L’essentiel de la croissance mandibulaire apparaît donc de type secondaire, liée à la fonction. Ces fonctions se modifient beaucoup dès les premières années de la vie : phénomènes de succion présents dès le stade fœtal et importants chez le nouveau-né (faisant surtout intervenir les deux muscles ptérygoïdiens latéraux), puis apparition progressive de la mastication (intervention des puissants muscles élévateurs : masséters, temporaux, ptérygoïdiens médiaux) au fur et à mesure de l’éruption dentaire (temporaire puis définitive).
L’accroissement de la branche montante mandibulaire était jadis attribué au cartilage condylien, considéré comme un centre de croissance primaire. Il s’agit en fait d’un centre de croissance secondaire forméà l’intérieur d’une enveloppe fibropériostée. Il est tributaire de la fonction, en l’occurrence la mobilité mandibulaire, et permet le rattrapage de la croissance lors du développement en bas et en avant de la mandibule, qui suit elle-même le déplacement du maxillaire, en maintenant l’engrènement dentaire.
Lorsque l’éruption dentaire va se produire, progressivement, les dents vont entrer en rapport avec les dents voisines sur la même arcade, mais également avec les dents antagonistes sur l’arcade opposée. Lorsque toutes les dents seront sur l’arcade, elles définiront l’articulé dentaire.
On analyse l’articulé dentaire dans la position d’occlusion où s’établissent le plus grand nombre de contacts entre les dents du maxillaire et celles de la mandibule : c’est l’occlusion d’intercuspidation maximale (OIM).
L’articulé dentaire normal s’établit ainsi lors de la denture lactéale, puis définitive, tout au long des processus de croissance et de morphogenèse faciale. Il répond à des critères précis définissant l’occlusion de classe I d’Angle (articulé dentaire normal ; fig. 3.23a) :
- alignement des points interincisifs médians supérieur et inférieur, les arcades dentaires formant une courbe elliptique plus ou moins ouverte en arrière avec un bon alignement des bords incisifs des cuspides et des sillons intercuspidiens médians ;
- arcade dentaire inférieure s’inscrivant en totalitéà l’intérieur de l’arcade dentaire supérieure, de telle sorte que :
- transversalement, les cuspides vestibulaires des prémolaires et molaires mandibulaires viennent s’engrener dans les sillons intercuspidiens médians des mêmes dents maxillaires ; il existe un recouvrement des incisives mandibulaires par les incisives maxillaires ;
- sagittalement, il existe une distocclusion (déplacement vers l’arrière) de la première molaire maxillaire par rapport à la première molaire mandibulaire d’une demi-cuspide ; la canine maxillaire s’engrène entre la canine et la première prémolaire mandibulaire ;
- verticalement, le recouvrement incisif est de l’ordre de 2 mm.
À partir de ce rapport idéal entre les dents maxillaires et mandibulaires, toute position différente sera considérée comme un trouble de l’articulé dentaire, qui peut être — s’il n’est pas traumatique — d’origine alvéolodentaire ou squelettique.
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