2  -  Dépister les anomalies du développement dentaire


Vers le deuxième mois, des épaississements se forment au niveau du revêtement épithélial du stomodéum. Ces bourgeons vont ensuite s’enfoncer dans le mésenchyme sous-jacent pour former la lame primitive, ou “ mur plongeant “. Celui-ci va émettre un prolongement médial, la lame dentaire. Cette structure épithéliale va prendre la forme d’une cupule puis d’une cloche et donnera l’émail par l’intermédiaire de l’épithélium adamantin. Sous cette couche épithéliale, le mésenchyme se condense et donnera la dentine, la pulpe puis, enfin, la racine dentaire.

Il existe une interaction entre les différentes structures : toute anomalie de l’une retentira sur l’autre.

2 . 1  -  Éruption dentaire

Denture lactéale (ou temporaire, ou déciduale, ou de lait)

Elle comporte normalement vingt dents et se met en place entre l’âge de six mois et deux ans et demi (fig. 3.12) :

  • incisives centrales et latérales entre six et douze mois ;
  • première molaire entre douze et dix-huit mois ;
  • canine entre dix-huit et vingt-quatre mois ;
  • deuxième molaire entre vingt-quatre et trente mois.


Denture définitive (ou permanente)

Elle comporte normalement trente-deux dents et se met en place entre l’âge de six ans et dix-huit ans (fig. 3.13) :

  • première molaire à six ans (“ dent de six ans “), la plus souvent cariée ;
  • incisive centrale vers sept ans ;
  • incisive latérale vers huit ans ;
  • première prémolaire vers neuf ans ;
  • canine vers dix ans ;
  • deuxième prémolaire vers onze ans ;
  • deuxième molaire vers douze ans (“ dent de douze ans “) ;
  • troisième molaire vers dix-huit ans (“ dent de sagesse “).
Figure 3.12. Denture temporaire
Figure 3.13. Denture permanente

Numérotation internationale

Les dents sont disposées sur deux arcades dentaires, dont chacune peut être divisée en deux moitiés (hémi-arcades) symétriques par rapport à un plan sagittal médian. Chacun des quadrants comporte : pour la denture temporaire, cinq dents ; pour la denture définitive, huit dents.

Dans chaque hémi-arcade, les dents sont numérotées depuis l’incisive médiane jusqu’à la dernière dent latéralement, de I à V pour les dents de lait, et de 1 à 8 pour les dents définitives. Chaque dent est numérotée par deux chiffres, le premier désignant le quadrant dont fait partie la dent :

  • pour les dents de lait, les quadrants sont numérotés de 5 à 8 :

– 5 pour le quadrant supérieur droit ;
– 6 pour le quadrant supérieur gauche ;
– 7 pour le quadrant inférieur gauche ;
– 8 pour le quadrant inférieur droit ;
– ainsi, la 65 est la deuxième molaire supérieure droite de lait ;

  • pour les dents permanentes, les quadrants sont numérotés de 1 à 4 :

– 1 pour le quadrant supérieur droit ;
– 2 pour le quadrant supérieur gauche ;
– 3 pour le quadrant inférieur gauche ;
– 4 pour le quadrant inférieur droit ;
– ainsi, la 13 est la canine supérieure droite.

2 . 2  -  Anomalies de l’éruption dentaire

Dentition temporaire précoce

La présence de dents temporaires à la naissance est retrouvée dans une naissance sur 6 000. Louis XIV en est un exemple célèbre… La dent le plus fréquemment concernée est l’incisive centrale mandibulaire.

Dentition temporaire retardée

Elle peut atteindre une dent ou un groupe de dents. L’irradiation pendant la grossesse et l’hypothyroïdie sont des causes classiques. La radiologie permet de différencier le retard d’éruption (fréquent) de l’agénésie dentaire (exceptionnelle).

Dentition permanente précoce

Elle est le plus souvent consécutive à la chute prématurée des dents temporaires, elle-même le plus souvent imputable aux caries. Elle peut aussi accompagner des désordres endocriniens, comme l’hyperthyroïdie, ou bien une hypertrophie hémifaciale.

Dentition permanente retardée

Elle peut être de cause locale ou générale (malformative, endocrinienne et métabolique).

Accidents d’éruption

Les plus fréquents sont les accidents d’éruption sur la dent de sagesse. On distingue des accidents locaux dont la forme la plus fréquente est la péricoronarite, correspondant à une inflammation du sac péricoronaire. Le tableau associe fièvre, douleur rétromolaire irradiant dans l’oreille avec inflammation de la gencive en regard de la dent causale. La pression à ce niveau est douloureuse et peut faire sourdre du pus ou une sérosité. Une adénopathie satellite est fréquente. Le bilan radiologique est indispensable et montre la position des dents, leur nombre, leur rapport avec le nerf alvéolaire inférieur et la possibilité qu’aura la dent concernée de pouvoir se positionner sur l’arcade dentaire. Selon ces éléments, le traitement consistera en un traitement médical ou en avulsion de la dent. La répétition des épisodes de péricoronarite aboutit à la formation d’un kyste inflammatoire situé en arrière de la couronne de la dent de sagesse : le kyste marginal postérieur.

Dents incluses


Une dent incluse est une dent située à distance de l’arcade dentaire, mais sur son trajet normal de migration (contrairement à la dent ectopique). La cavité péricoronaire ne présente aucune communication avec la cavité buccale. À la mandibule, il s’agit surtout des dents de sagesse (fig. 3.14), plus rarement des canines et prémolaires. Au maxillaire, il s’agit le plus souvent de la canine.

Dents ectopiques

Une dent ectopique est une dent située à distance de l’arcade dentaire et en dehors du trajet normal de migration (fig. 3.15).

Figure 3.14. Dent de sagesse incluse
Figure 3.15. Incisive centrale droite ectopique

2 . 3  -  Anomalies de l’embryologie dentaire

Anomalies de volume des dents

Microdontie
Diminution de taille des dents.
Macrodontie
Augmentation de taille des dents.

Anomalies du nombre des dents

Anodontie

Absence totale de toutes les dents (exceptionnelle).

Oligodontie
Manque d’un certain nombre de dent. Cette anomalie est relativement fréquente et l’agénésie (le manque de la dent) concerne essentiellement la dent de sagesse, l’incisive latérale maxillaire et la deuxième prémolaire mandibulaire. Certains syndromes, comme la dysplasie ectodermique anhydrotique, ont une oligodontie.

Polydontie
Excès de nombre des dents. Quand il s’agit des dents définitives et que la dent est de forme anormale, on parle d’odontomes. Ceux-ci peuvent alors poser des problèmes de diagnostic différentiel avec des ostéomes et la cémentose. La dysplasie cléidocrânienne est un syndrome héréditaire associant polydontie (fig. 3.16), aplasie ou hypoplasie claviculaire et retard ou absence de fermeture des sutures crâniennes.

Anomalies de forme des dents (dysplasies dentaires)


L’anomalie peut concerner la couronne (dysplasies coronaires), la racine (dysplasie radiculaire) ou les deux (dysplasie corono-radiculaires).

Anomalies de couleur des dents (dyschromies)

Érythrodontie
Il s’agit d’une coloration rose-brun des dents, mieux vue en lumière ultraviolette, rencontrée dans la porphyrie érythropoïétique congénitale (maladie de Günther).

Dyschromie dentaire médicamenteuse
Liée notamment à la prise de tétracyclines en cure prolongée chez l’enfant, elle peut donner une coloration gris-jaune de la denture. Une prise de tétracyclines chez la femme enceinte peut aussi être responsable de dyschromie chez l’enfant.

Figure 3.16. Polydontie dans un contexte polymalformatif
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