2  -  Examen endobuccal

2 . 1  -  Conditions de réalisation

L'examen endobuccal nécessite que le patient soit en position assise, avec un bon éclairage, à l'aide d'un ou deux miroirs ou abaisse-langue, les mains gantées pour la palpation. Il doit être systématique et intéresser toutes les régions de la cavité buccale. Si le patient est porteur de prothèses dentaires mobiles, l'examen doit être réalisé avec et sans ses prothèses en bouche. Il faut examiner les prothèses, vérifier leur intégrité et rechercher des aspérités pouvant blesser la muqueuse buccale. L'abaisse-langue et le miroir permettent de déplisser les uns après les autres les sillons de la cavité buccale et de permettre l'accès à l'oropharynx.

Les régions à examiner sont successivement (fig. 2.2) :

  • les lèvres sur la face muqueuse ;
  • la face endobuccale des joues ;
  • le plancher buccal et la langue ;
  • la voûte palatine et le voile du palais ;
  • la denture ;
  • le parodonte.
Fig. 2.2 a: Différentes zones de la cavité buccale selon l'Organisation mondiale de la Santé
a. Étage supérieur et langue. 1. Lèvre supérieure, versant cutané. 2. Face interne de la lèvre supérieure. 3. Vestibule supérieur antérieur. 4. Vestibule supérieur latéral gauche. 5. Gencive vestibulaire supérieure antérieure. 6. Gencive vestibulaire supérieure latérale. 7. Palais antérieur. 8. Sillon gingivopalatin. 9. Face interne de joue. 10. Palais dur. 11. Voile. 12. Commissure intermaxillaire. 13. Zone rétrocommissurale. 14. Base de la langue. 15. Dos de la langue. 16. Bord de la langue. 17. Pointe de la langue.
Figure 2.2b. Différentes zones de la cavité buccale selon l'Organisation mondiale de la Santé
b. Étage inférieur. 1. Pointe de la langue. 2. Bord de la langue. 3. Face ventrale de la langue. 4. Plancher buccal latéral gauche. 5. Plancher buccal antérieur. 6. Crête alvéolaire mandibulaire postérieure latérale gauche. 7. Crête alvéolaire mandibulaire postérieure région antérieure. 8. Crête alvéolaire mandibulaire antérieure latérale gauche. 9. Crête alvéolaire mandibulaire antérieure. 10. Vestibule inférieur latéral gauche. 11. Vestibule inférieur antérieur. 12. Face interne de la lèvre inférieure. 13. Lèvre inférieure. (In : Szpirglas H, Siegrist V, Ben Slama L. A study model of the oral manifestations of HIV infection. T correlation and conformity of the WHO registry. Rev Stomatol Chir Maxillofac, 1995 ; 96 : 325-8.)

2 . 2  -  Examen des lèvres muqueuses

Il faut ouvrir, à l'aide du miroir ou de l'abaisse-langue, le fond des vestibules labiaux supérieur et inférieur. L'examen apprécie l’état de la muqueuse, le tonus musculaire labial et une brièvetééventuelle du frein de lèvre, qui peuvent influencer la position des incisives et l’état de la gencive en regard de celle-ci.

2 . 3  -  Examen de la face muqueuse des joues

Le miroir ou l'abaisse-langue permet d'exposer le fond des vestibules supérieur et inférieur. L'examen apprécie l’état de la muqueuse et de l'ostium du conduit parotidien situé en regard de la première molaire maxillaire. La pression simultanée sur la glande parotide permet d'apprécier la qualité et la quantité de salive qui s’écoule à l'ostium.

2 . 4  -  Examen de la langue et du plancher buccal

On apprécie l'aspect de la muqueuse, la position de la langue au repos et en fonction, l'existence éventuelle d'empreintes dentaires sur les bords de langue, traduisant une éventuelle dysfonction, la texture, voire le volume lingual. La langue doit être examinée sur l'ensemble de ses faces dorsale et ventrale. La base de langue est accessible à la vision indirecte au miroir et au toucher.

En refoulant la langue mobile à l'aide d'un abaisse-langue, on peut examiner le plancher buccal en déplissant totalement le sillon pelvilingual. On apprécie le frein de langue, dont la brièveté peut gêner la mobilité linguale et l'examen du plancher antérieur. Les ostiums des conduits submandibulaires s'ouvrent de part et d'autre du frein de langue. La palpation bimanuelle suit le trajet de chaque conduit à la recherche d'une éventuelle lithiase. Les glandes submandibulaires sont examinées en exerçant une pression combinée bimanuelle endo- et exobuccale, les doigts de la main exobuccale étant placés en crochet sous le rebord mandibulaire (palper bidigital, fig. 2.1). On apprécie la qualité et la quantité de salive qui s’écoule à l'ostium.

2 . 5  -  Examen de la voûte palatine et du voile du palais

La muqueuse de la voûte du palais est accessible à l'examen direct ou en vision indirecte au miroir. La langue du patient est chargée par un abaisse-langue pour pouvoir examiner le voile du palais et sa dynamique lors de la phonation.

L'examen de la cavité buccale doit se terminer par une palpation au doigt de toutes les surfaces muqueuses. On recherchera des atteintes de la muqueuse palatine (ulcérations, plaies, lésions dyskératosiques) et de l'os palatin sous-jacent (ostéome, kyste). L'examen du voile du palais et de la luette appréciera la qualité des muqueuses ainsi que le caractère médian et symétrique de la luette. Un aspect bifide de la luette est un équivalent de fente vélaire a minima.

2 . 6  -  Examen des dents

L'examen dentaire nécessite un miroir pour voir les faces occlusales et linguales ou palatines des dents. L'inspection permet de déterminer la formule dentaire (fig. 2.3) en précisant les dents manquantes, couronnées, traitées, cariées ou délabrées.

La percussion des dents cariées ou traitées doit être latérale (diagnostic probable de pulpite si cette percussion est douloureuse) et axiale (diagnostic probable de desmodontite si cette percussion est douloureuse).

Le test de vitalité pulpaire permet d'apprécier la réaction de la dent au froid (coton réfrigéré par un aérosol).

Fig. 2.3 : Formule dentaire
Chez l'adulte (denture définitive, en bas), chaque hémi-arcade comprend deux incisives, une canine, deux prémolaires et trois molaires dont la dernière est la dent de sagesse. Les dents maxillaires droites sont numérotées de 11 (incisive centrale supérieure droite) à 18 (troisième molaire supérieure droite), les dents maxillaires gauches sont numérotées de 21 à 28, les dents mandibulaires gauches de 31 à 38 et les dents mandibulaires droites de 41 à 48. En denture temporaire (en haut), chaque hémi-arcade comprend deux incisives, une canine et deux molaires. Les dents maxillaires droites sont numérotées de 51 à 55, les dents maxillaires gauches de 61 à 65, les dents mandibulaires gauches de 71 à 75 et les dents mandibulaires droites de 81 à 85.

2 . 7  -  Examen du parodonte

Cet examen nécessite un miroir et une sonde et s'attache en particulier à l’état de la gencive (aspect, fragilité, rétraction) et de l'os alvéolaire (recherche de poches parodontales). Il apprécie les mobilités dentaires.

2 . 8  -  Examen de l'occlusion

On distingue :

  • l'occlusion en inter-cuspidation maximale (OIM), situation dans laquelle il y a le plus grand nombre possible de contacts entre les dents des arcades maxillaire et mandibulaire ;
  • l'occlusion en relation centrée (ORC), qui correspond à la relation entre les arcades lorsque les condyles mandibulaires sont dans la situation la plus haute et la plus postérieure dans la cavité glénoïde.


Entre ORC et OIM, il existe en règle un proglissement de 1 à 2 mm.

2 . 9  -  Étude des fonctions masticatoires

Fonction incisive (pour couper)

Lorsque le sujet propulse sa mandibule, le contact dentaire ne persiste qu'au niveau incisif.

Fonction canine (pour saisir et arracher)

Lors des mouvements de latéralité mandibulaire, il ne persiste plus qu'un contact en bout à bout canin, à droite ou à gauche.

Fonction triturante (pour broyer les aliments avec les prémolaires et molaires)

Elle se fait alternativement de chaque côté.

Ouverture buccale

On apprécie le trajet, qui doit être rectiligne, et l'amplitude, qui est mesurée au pied à coulisse entre les points inter-incisifs (normale chez l'adulte : 50 ± 5 mm).

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