Introduction

Les tumeurs épithéliales peuvent être bénignes ou malignes, alors dénommées carcinomes. Les carcinomes sont développés à partir des épithéliums des revêtements (épiderme et muqueuses) ou des organes pleins (parenchymes). Ces épithéliums peuvent être de trois types :

– malpighien (dont l’épiderme est un exemple) ;
– glandulaire ;
– urothélial (ou paramalpighien).

NB : nous traiterons à part le chapitre des tumeurs endocrines en raison des problèmes nosologiques qui leur sont propres.

1  -  Tumeurs à différenciation malpighienne


Les tumeurs malpighiennes, bénignes et malignes, se développent surtout à partir des épithéliums malpighiens (figure 10.1). Elles sont très fréquentes et elles peuvent siéger sur :

  • les épithéliums malpighiens :
    • cutané : épiderme ;
    • muqueux : muqueuses malpighiennes du tube digestif (cavité buccale, pharynx, Å“sophage, canal anal), de l’appareil génital ;
  • les muqueuses paramalpighiennes (urothéliales) : voies excrétrices du rein, vessie, urètre ;
  • des épithéliums glandulaires : elles constituent alors des tumeurs métaplasiques (qui ressemblent histologiquement à un épithélium différent de leur épithélium d’origine) ; la forme la plus fréquente est celle qui survient dans les bronches (carcinome épidermoïde bronchique). Exceptionnellement, d’autres muqueuses glandulaires (voies biliaires, muqueuses digestives) ou parenchymes glandulaires pleins (isolément ou en association avec un carcinome glandulaire) peuvent être atteints.
Figure 10.1. Épithélium malpighien normal : épithélium pavimenteux pluristratifié, ici non kératinisé (HES x20)

1 . 1  -  Tumeurs bénignes

1 . 1 . 1  -  Papillomes


Le papillome est macroscopiquement une tumeur végétante, exophytique, souvent framboisée sur les muqueuses, en saillie sur le plan du revêtement malpighien qui lui donne naissance. Le papillome est une tumeur cutanée (p. ex. : verrue vulgaire) ou muqueuse. Il est fréquemment d’origine virale, lié à un virus du groupe HPV (Human Papilloma Virus) (figures 10.2, 10.3).

Figure 10.2. Papillome : aspect macroscopique
Figure 10.3. Papillome (aspect microscopique) : hyperplasie épithéliale, hyperacanthose, papillomatose, hyperkératose (HES x20)

Sur le plan histologique, trois critères sont requis pour le diagnostic :

  1. l’hyperpapillomatose : les crêtes épidermiques (ou épithéliales) sont allongées, la couche basale de l’épithélium est très sinueuse ;
  2. l’hyperacanthose : l’épithélium malpighien est épaissi au niveau du corps muqueux de Malpighi (couche des cellules épineuses) ;
  3. l’hyperkératose : la couche de kératine est épaissie (dans l’épiderme). On dira hyperkératose orthokératosique en cas de squames anucléées (orthokératose) et parakératosique si les squames ont conservé des noyaux pycnotiques (parakératose).

Il s’agit d’une tumeur bénigne : l’architecture générale de l’épithélium est préservée, l’intégrité de la membrane basale est partout respectée, il n’y a pas d’atypies cytonucléaires franches, mais les mitoses sont plus nombreuses que normalement. La différenciation malpighienne et la maturation kératosique restent normales ou voisines de la normale dans toute l’épaisseur de la prolifération épithéliale.

1 . 1 . 2  -  Condylome


Il siège sur les muqueuses malpighiennes et est également lié au virus HPV. Le mode de transmission est ici essentiellement sexuel. Il se développe principalement au niveau de l’exocol utérin, du vagin, de la vulve, de la zone ano-rectale et du pénis, plus rarement au niveau pharyngo-laryngé (mode de contamination possible chez le nouveau né lors du passage de la filière génitale).

Macroscopiquement, les condylomes peuvent être acuminés (en chou-fleur ou en crête de coq), ou plans.

Microscopiquement : à la prolifération épithéliale malpighienne plus ou moins intense, peut s’associer une augmentation de volume du tissu conjonctif sous-jacent (qui peut être plus importante que la prolifération épithéliale) et des aspects cytopathogènes en rapport avec l’infection virale (figure 10.4).

Les papillomes et les condylomes sont parfois multiples : papillomatose (laryngée, fosses nasales), condylomatose (génitale).

Figure 10.4. Condylome (aspect microscopique) : hyperkératose, papillomatose, aspects cytopathogènes d’une infection HPV : halos clairs périnu¬cléaires, cellules multi nucléées

Évolution

La plupart de ces tumeurs sont bénignes et ne récidivent pas après exérèse. Certaines cependant constituent des états précancéreux et peuvent évoluer vers un carcinome épidermoïde (avec une phase de carcinome in situ préalable) : c’est en particulier le cas des condylomes plans génitaux, qui sont à l’origine de la presque totalité des cancers du col utérin, et beaucoup plus rarement de certaines papillomatoses des voies aériennes supérieures.

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