4 . 3  -  Otite muqueuse à tympan ouvert


Elle est dans le sillage de l’OSM, mais le tympan est perforé. Dans ce cadre, l’otorrhée est due à une métaplasie mucipare des cavités de l’oreille moyenne : tant que cette métaplasie est active, l’otorrhée persiste.

L’otorrhée résume la symptomatologie. L’écoulement, en général bilatéral tantôt modéré, tantôt profus est muqueux ou mucopurulent, non fétide.

L’otoscopie montre, après nettoyage du conduit une perforation tympanique de taille variable, antiroi-inférieure ou réniforme, voire subtotale de la pars tensa, mais non marginale : elle n’atteint pas les parois du conduit et est bordée de tympan (figure 13).

La maladie reste cependant parfaitement bénigne et disparaît au fil des ans, vers l’âge de 6 à 8 ans. Généralement, il n’y a pas de surdité appréciable, sauf destruction ossiculaire. La perforation tympanique peut se fermer spontanément ou persister, accessible à un traitement chirurgical secondaire (tympanoplastie).

Le traitement a plusieurs cibles :

  • action sur l’infection rhinopharyngée : désinfection rhinopharyngée, ablation des végétations adénoïdes, prise en charge d’un facteur d’environnement ou général (tabagisme passif, RGO, allergie), cure climatique (suppression momentanée des polluants, anémie, carence nutritionnelle), crénothérapie ;
  • éviter la stagnation des sécrétions dans le conduit auditif externe : aspirations répétées si nécessaire ; les gouttes auriculaires sont souvent sans intérêt ;
  • la greffe de tympan (tympanoplastie) permet souvent au mouvement muco-ciliaire de la caisse de retrouver son chemin vers la trompe auditive et de limiter l'inflammation liée au contact de la muqueuse de la caisse du tympan avec le milieu extérieur.
Figure 13 : Otite moyenne chronique muqueuse.
Photo A : la flèche montre une perforation non marginale du quadrant antéro‐inférieur du tympan gauche. Photo B : perforation non marginale des deux quadrants inférieurs (1), plaques de tympanosclérose (2). Photo C : Perforation sub‐totale du tympan gauche laissant apparaître la branche descendante de l’enclume (1), la fenêtre ronde (2), le promontoire (relief du premier tour de la cochlée (3). Noter le manche du marteau (4) et le tympan restant dans le quadrant antéro‐supérieur (5)

4 . 4  -  Séquelles des otites


On distingue la tympanosclérose et l’otite atélectasique avec ses deux formes, la poche de rétraction et l’otite fibro-adhésive.

4 . 4 . 1  -  Tympanosclérose


Elle se caractérise par une transformation hyaline de la muqueuse de l’oreille moyenne. Cette transformation conduit à l’infiltration progressive de la muqueuse par des lamelles pseudocartilagineuses ou par de blocs pseudocalcaires immobilisant les osselets. Il faut distinguer cette tympanosclérose de la simple infiltration calcaire de la membrane tympanique, appelée aussi myringosclérose, très fréquente dans les suites de pose d’ATT et sans conséquence fonctionnelle.

Cliniquement, les circonstances de découverte sont une hypoacousie progressive chez un grand enfant aux antécédents otitiques chargés. L’otoscopie montre un tympan blanc, jaunâtre, infiltré de plaques dures, d’étendue variable, séparées les unes des autres par des zones pellucides. Une perforation tympanique peut être associée, laissant voir une infiltration blanc jaunâtre de la muqueuse du fond de caisse, voire une atteinte de la chaîne ossiculaire.

L’audiométrie révèle une surdité de transmission.

Le traitement doit tenir compte du potentiel évolutif de cette affection. En effet, si la fermeture de la membrane tympanique (myringoplastie) donne de bons résultats, le geste de libération ossiculaire (ossiculoplastie) donne des résultats variables et généralement temporaires.

4 . 4 . 2  -  Otite atélectasique

4 . 4 . 2 . 1  -  Poche de rétraction tympanique


Elle se définit comme un collapsus de la caisse du tympan qui aboutit à la rétraction de la membrane tympanique (PR). Les deux principales étiologies sont la fragilisation de la membrane tympanique (collagénolyse de la couche fibreuse de la membrane tympanique) et la dépression endotympanique (figure 13).

Figure 14 : Différents types d'otites atélectasiques
a. Atélectasie tympanique avec poche de rétraction atriale (développée à partir de la pars tensa, moulant les osselets : PR atriale, fixée, non marginale, autonettoyante; b. Poche de rétraction tympanique atticale ( à partir de la pars flaccida) : PR atticale, fixée, marginale, autonettoyante; c. Poche de rétraction tympanique atticale ( à partir de la pars flaccida) très évoluée : la profondeur de la poche ne permet pas l'évacuation des débris de kératine produit par l'épithélium, elle est dite non autonettoyante. Une infection est très fréquente responsable d'une otorrhée : PR atticale, fixée, marginale, non autonettoyante (otorrhée).

L’otoscopie sous microscope ou à l’optique permet de définir une PR par :

  • sa topographie : au niveau de la pars tensa (on parle de rétraction atriale) ou au niveau de la pars flaccida (rétraction atticale) ;
  • son caractère : non marginal (atteignant le sulcus osseux) ou non marginal ;
  • la stabilité de l’épiderme : normal (on parle de poches autonettoyantes) ou dyskératosique conduisant à l’accumulation de squames (poches non autonettoyantes) ;
  • la réversibilité, notamment lors des manœuvres de Valsalva, ou sa fixité en particulier à l’articulation incudostapédienne.

Au plan fonctionnel :

  • l’atteinte auditive dépend de l’état de la chaîne ossiculaire (fréquence de la lyse de la branche descendante de l’enclume) et de la présence ou non d’un épanchement rétrotympanique. Il s’agit dans tous les cas d’une surdité de type transmissionnel, allant de 10 à 40 dB de perte ;
  • la présence d’une otorrhée fétide constitue un signe de gravité qui témoigne de la surinfection d’une PR ; elle fait redouter l’évolution vers un cholestéatome.

L’attitude thérapeutique doit retenir que les PR sont d’autant plus agressives qu’elles surviennent tôt dans la vie.

  • Lorsque la PR est propre, stable et contrôlable, l’abstention chirurgicale est de mise. L’attitude associe une surveillance otoscopique régulière, le traitement des infections oro-rhino-pharyngées et sinusiennes, voire la mise en place d’un ATT si la poche paraît devoir évoluer.
  • à l’opposé, toute PR incontrôlable, desquamante, a fortiori otorrhéïque (états précholestéatomateux) ou toute surdité transmissionnelle invalidante, constituent une indication chirurgicale de tympanoplastie (myringoplastie ± ossiculoplastie).

4 . 4 . 2 . 2  -  Otite fibro-adhésive


Conséquence directe de l’inflammation chronique de la caisse du tympan, elle est caractérisée par un comblement de la caisse du tympan par du tissu fibreux entraînant la disparition de tout espace aérien résiduel, bloquant les osselets, ne laissant que quelques espaces remplis d’une glue épaisse. L’otoscopie donne le diagnostic en montrant un tympan épaissi, gris, blanchâtre, globalement rétracté, avec une verticalisation du manche du marteau, sans jamais mouler avec précision les reliefs ossiculaires, comme dans l’otite atélectasique. Le tympan n’est pas perforé.

L’audiométrie révèle une surdité de type mixte, l’atteinte de l’oreille interne étant caractéristique de l’évolution de l’otite fibro-adhésive.

Le traitement chirurgical se solde par un échec et la récidive du comblement conjonctif. La mise en place d’un ATT permet, de façon inconstante, une aération des cavités de l’oreille moyenne.

L’otite fibro-inflammatoire est plus rare : l’espace virtuel de la caisse est remplacé par un tissu fibro-inflammatoire. La surdité avoisine les 40 dB de perte, osselets et tympan sont noyés dans une gangue fibro-inflammatoire. Le scanner montre une opacité diffuse des cavités de l’oreille moyenne.

Dans tous les cas, une prothèse auditive amplificatrice permet de restaurer une audition.

9/11