12  -  Cancers des fosses nasales et des sinus


Les cancers naso-sinusiens sont rares. La multiplicité tissulaire de cette région explique leur grande variété histologique, où les carcinomes occupent cependant la première place. Leur diagnostic est difficile. Ils sont peu lymphophiles.

12 . 1  -  Cancer de l’ethmoïde

12 . 1 . 1  -  Épidémiologie


Elle est particulière sur le plan des facteurs prédisposants :

  • pas d’influence notable de l’intoxication alcoolotabagique contrairement aux cancers bucco-pharyngolaryngés ;
  • importance des facteurs exogènes d’origine professionnelle :
    • profession du bois : l’ adénocarcinome ethmoïdal figure au tableau n° 47B des maladies professionnelles,
    • autres substances : nickel (tableau n° 37 ter des maladies professionnelles), nitrosamines, goudrons de houille, amiante…

12 . 1 . 2  -  Signes d’appel

12 . 1 . 2 . 1  -  Syndrome nasal


L’obstruction nasale unilatérale est souvent accompagnée d’une rhinorrhée mucopurulente, éventuellement striée de sang.

L’épistaxis, le plus souvent spontanée, unilatérale, répétée, constitue le classique « signal symptôme », survenant sans cause locale ou générale évidente.

12 . 1 . 2 . 2  -  Syndrome ophtalmologique


Les signes ophtalmologiques sont expliqués par les rapports anatomiques étroits entre les cavités naso-sinusiennes et les parois supérieure, interne et inférieure de l’orbite :

  • œdème de la paupière supérieure, dacryocystite ;
  • exophtalmie isolée ;
  • ptôsis, paralysie oculaire, diplopie.

12 . 1 . 2 . 3  -  Syndrome neurologique


Les douleurs, rares au début, peuvent prendre l’allure d’une véritable névralgie faciale symptomatique.

12 . 1 . 3  -  Examen clinique (assuré par le spécialiste)

  • La rhinoscopie antérieure peut montrer une masse bourgeonnante, hémorragique ou un banal polype réactionnel, unilatéral, cachant une lésion située plus haut : polype sentinelle.
  • L’examen de la cavité buccale, de la face et de la région orbito-oculaire : il peut visualiser une extension.
  • L’examen cervical à la recherche d’une adénopathie : très rare.

Cet examen clinique est complété par une endoscopie nasale qui le plus souvent arrive à découvrir la tumeur bourgeonnante dans le méat moyen.

12 . 1 . 4  -  Diagnostic


Le diagnostic est posé sur la biopsie par les voies naturelles, la plupart du temps sous contrôle endoscopique. L’examen histologique montre :

  • un adénocarcinome le plus souvent ;
  • beaucoup plus rarement une tumeur nerveuse de la plaque olfactive (esthésioneuroblastome), une tumeur papillaire à potentiel malin (papillome inversé), un mélanome. Ces tumeurs sont sans rapport avec les facteurs de risque professionnel.

12 . 1 . 5  -  Bilan d’extension


Il est essentiellement réalisé par la TDM du massif facial en coupes coronales et horizontales permettant de préciser la topographie de la masse et l’extension aux régions voisines (face, orbite, base du crâne et endocrâne), et l’IRM, visualisant l’extension tumorale dans l’orbite ou dans l’étage antérieur (lobe frontal) (figures 14 et 15).

Figure 14 : Cancer de l'ethmoïde
IRM en T2 en coupe frontale (A), en coupe axiale (B). La tumeur (flèche) est en isosignal alors que les tissus inflamatoires ou les liquides sont en hypersignal comme au niveau des sinus maxillaires coupe frontale (B).
Figure 15 : Scanner chez un patient présentant un cancer du sinus ethmoïdal (1)
Noter l'extension vers l'orbite de la lésion avec destruction (lyse) de la lame orbitaire (ou papyracée) (flèches noires).

12 . 1 . 6  -  Évolution


Elle est essentiellement locorégionale, plus rarement métastatique :

  • locorégionale, vers l’orbite ou l’endocrâne (de mauvais pronostic), la fosse temporozygomatique et la fosse ptérygomaxillaire, les autres sinus, la cavité buccale et la face ;
  • évolution ganglionnaire, rare ;
  • évolution métastatique dans 20 % des cas (poumon, os, cerveau).

12 . 1 . 7  -  Traitement radiochirurgical


Exérèse large de la tumeur par voie ORL seule ou par voie combinée ORL et neurochirurgicale, associée dans tous les cas à une radiothérapie complémentaire sauf pour certaines formes radiorésistances (mélanome). La chimiothérapie a des indications limitées : tumeurs très étendues, récidives, certaines formes histologiques.

12 . 1 . 8  -  Résultats


Survie à 5 ans de 40 à 50 %.

12 . 2  -  Cancer du sinus maxillaire


Favorisé par une infection nasosinusienne chronique, il apparaît essentiellement chez le sujet âgé.

Il peut se manifester par :

  • un début algique prédominant ou isolé : douleurs dentaires à type de pulpite, névralgie faciale localisée au nerf sous-orbitaire, avec anesthésie à ce niveau, algie faciale de type vasomotrice : il s’agit donc d’une névralgie faciale symptomatique typique ;
  • un tableau de sinusite maxillaire aiguë ou chronique avec rhinorrhée fétide et hémorragique ;
  • des signes buccodentaires : ulcération gingivale hémorragique, bombement alvéolaire ;
  • une tuméfaction de la fosse canine et de la joue.

Il s’agit d’un carcinome épidermoïde.
L’examen clinique, le bilan et le traitement sont similaires au cancer de l’ethmoïde. Le pronostic est plus mauvais.

12 . 3  -  Tumeur de la cloison nasale


Elle peut prendre le masque d’une folliculite ou d’une rhinite vestibulaire traînantes.

12 . 4  -  Tumeur du sphénoïde


Elle se manifeste volontiers au début par des céphalées profondes ou postérieures, des troubles ophtalmologiques y sont fréquents (proximité de l’apex orbitaire).

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