6  -  Une application clinique très performante en dentisterie restauratrice: la technique sandwich ouvert


Il existe de nombreuses situations cliniques où la perte de substance proximale est très importante.
Dans ces situations, l’absence de bandeau amélaire cervical associée à la difficulté de mettre en place un champ opératoire étanche rend particulièrement hasardeuse la réalisation d’une restauration adhésive.
Si vous souhaitez toutefois réaliser un composite, nous vous conseillons la technique « sandwich ouvert » qui est illustrée par la figure 1.

Figure 1 : Description de la technique (d’après Ferrari, 1999)
Le CVIMAR (ciment verre ionomère modifié par addition de résine) est positionné en cervical juste sous le point de contact. Le composite est mis en place par-dessus. L’étanchéité cervicale est assurée par le CVIMAR.

Cette technique consiste, dans le cadre d’une cavité de classe 2, à injecter un CVIMAR en cervical et à le recouvrir d’un composite, le CVIMAR restant donc au contact de la cavité buccale.

Attention
, un CVIMAR tel que le Fuji 2LC (GC) ou Photac Fil (3M-ESPE) est très largement préférable à un CVI condensable tels que le Ketac Molar (3M-ESPE) ou le Fuji IX (GC). En effet, ces deux derniers matériaux ne contiennent pas de résine et la copolymérisation avec l’adhésif ne peut donc pas se faire. 

Les avantages majeurs de cette technique sont au nombre de 4 :

1)
Meilleure étanchéité interfaciale qu’une restauration en composite lorsque l’émail est absent.

2)
Une excellente tolérance à la mise en œuvre dans des conditions difficiles. Il a été démontré in vitro qu’à 95% d’humidité relative (simulation d’une restauration sur une molaire mandibulaire réalisée sans digue), cette technique était beaucoup plus performante en terme d’étanchéité interfaciale que la technique habituelle en composite.La figure 2 montre l’importance de la pénétration interfaciale (le rond jaune met en évidence la pénétration du nitrate d’argent) lorsque le composite est réalisé classiquement à 95% d’humidité. En revanche, du côté de la restauration en technique sandwich ouvert (rond noir), la pénétration est très faible.

3) Une excellente tolérance à la mise en œuvre pour les praticiens peu expérimentés dans le domaine du collage. Il a été démontré in vitro que des étudiants en 4ème année de chirurgie dentaire ne réussissaient pas à réaliser des restaurations étanches en composite, même dans des conditions idéales, dent tenue à la main. Ces mêmes étudiants réussissaient très significativement mieux les restaurations en technique sandwich ouvert.

4)
Des preuves cliniques de son efficacité. 268 restaurations en sandwich ouvert (cavités volumineuses) ont été réalisées sans digue sur 151 patients par 3 praticiens sans digue. A 6 ans, les auteurs ont constaté (( Andersson-Wenckert IE, van Dijken JW, Kieri C. , Durability of extensive Class II open-sandwich restorations with a resin-modified glass ionomer cement after 6 years. Am.J.Dent. 2004 Feb;17(1):43-50.)). un taux de succès important : 90% des restaurations restent acceptables si le patient présentait un faible risque carieux et 71% de restaurations restent acceptables dans les cas de fort risque carieux! Ces auteurs concluent en disant que la technique « sandwich ouvert » est une alternative possible à l’amalgame dans le cas de cavités volumineuses sur des patients à risque carieux

Figure 2 : Pénétration du nitrate d’argent sur l’interface dent/restauration pour un composite réalisé à 95 % d’humidité relative en technique sandwich ouvert (à gauche) et pour un composite réalisé classiquement.

Document : C BESNAULT ( Besnault C, Attal JP. , Simulated oral environment and microleakage of Class II resin-based composite and sandwich restorations. Am.J.Dent. 2003 Jun;16(3):186-190.).

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